Didier Guinaudie, directeur du CFA Afipe de Poissy, et secrétaire national de la Fédération nationale des directeurs de CFA (Fnadir)

“Nous sommes favorables à l'accueil des jeunes de 15 ans"

Par - Le 26 avril 2010.

Êtes-vous pour ou contre l'accueil des jeunes de 15 ans, prévu par l'article 29 de la loi ?

Nous sommes favorables à l'accueil des jeunes de 15 ans, qui existait d'ailleurs déjà dans des dispositifs antérieurs, comme les classes préparatoires à l'apprentissage (CPA). Cela permet à la fois de travailler sur le projet professionnel de ces jeunes et de remédier à leurs difficultés, souvent très grandes, dans des classes à effectif réduit. Le grand mérite de cet article est de clarifier la situation en inscrivant dans la loi l'accueil dès 15 ans.

Le délai de deux mois accordé aux jeunes sans employeurs répond-il à vos attentes ?

Nous avons eu l'occasion de faire savoir à Martin Hirsch, le 10 septembre dernier, la manière dont nous avons vécu la rentrée. De fait, celle-ci a été difficile dans les dix-sept régions où nous avons enquêté. Pour autant, les entreprises qui ne disaient pas “oui" aux demandes d'apprentissage ne disaient pas davantage “non". Nous avons donc fait passer le message que nous avions besoin d'un peu plus de temps, celui nécessaire à ce que la situation des entreprises s'éclaircisse suffisamment pour qu'elles puissent envisager de recruter. Le piège, c'est évidemment de faire croire à des jeunes très éloignés du monde du travail qu'ils vont trouver un employeur. Il ne faut pas les leurrer, et il y a donc un important travail d'accompagnement individualisé à conduire. Il faut aussi prévoir les situations d'échec. À cet égard, le dispositif “Passerelle" était très intéressant, mais il ne concernait pas toutes les régions.

Le développement de l'alternance justifie-t-il d'imposer des quotas d'apprentis dans les marchés publics (art. 28) ?

Toute mesure qui peut pousser les entreprises à inclure des apprentis est positive. Il faut donc inciter, y compris financièrement, le secteur public. Avec un coût moyen annuel de formation qui s'élève à 6 000 euros – 3 000 euros sont financés par le Conseil régional et 3 000 euros facturés à la collectivité –, il faudrait une compensation de l'État.

La réforme de la taxe d'apprentissage est-elle satisfaisante ?

Nous regrettons que l'amendement du sénateur Carle, qui prévoyait d'élever la part du quota à 0,75 %, n'ait pas été retenu. La question du financement de l'apprentissage doit être posée d'autant plus clairement que les ambitions politiques d'un développement de l'alternance sont unanimes.

Quelle est la position de la Fnadir sur l'autorisation de travail accordée de droit aux étrangers candidats à l'alternance ?

Nous y sommes favorables, parce que c'est une réalité. Ceci, d'autant plus qu'un tel article est de nature à clarifier une situation qui ne l'est pas aujourd'hui, du fait que la position des directeurs départementaux du travail varie selon les départements.

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