Acte V : aujourd'hui

Une priorité : faciliter l'accès à la formation

Par - Le 08 décembre 2010.

Globalement satisfaits : c'est le sentiment général des partenaires sociaux à l'issue des négociations de l'Ani du 7 janvier 2009. Ils citent en particulier l'accès facilité à la formation de ceux qui en sont le plus éloignés, la transférabilité du Dif, mise en œuvre selon certaines conditions, ainsi que la décision de créer un fonds d'urgence destiné à accompagner les entreprises, les salariés et les demandeurs d'emploi au plus fort moment de la crise.

Pour Thierry Lepaon (CGT), les partenaires sociaux ont réussi à “sortir du cadre imposé par le gouvernement". Il salue, aussi le “maintien du Cif et du Dif", tout en réaffirmant la volonté de la CGT de rendre le Dif transférable. “Nous ne sommes pas quittes sur ce point, la question demeure.". Sur les dispositifs de préparation opérationnelle à l'emploi, le texte “n'est pas dans une logique « mieux vaut se former que chômer »". Un bon point, à ses yeux. Autre avancée : le fait que l'État soit renvoyé dans l'Ani à ses “responsabilités sur la formation initiale". “Cet accord constitue un socle", il est normatif et peut donc être amélioré dans les branches professionnelles.

Annie Thomas (CFDT) se réjouit de l'extension des contrats de professionnalisation aux salariés en difficulté et à ceux en insertion, conformément aux recommandations du Grenelle de l'insertion. Elle regrette le renvoi à des groupes de travail de certains thèmes, comme l'agrément des Opca, le bilan d'étape professionnel ou encore l'articulation du Cif et du Dif. Elle nourrit des inquiétudes sur le financement du FPSPP, plafonné à 13 % des contributions des entreprises à la formation, mais “qui peut aussi être de 0 %", fait-elle valoir.

Stéphane Lardy (FO) indique que sa centrale avait deux objectifs : faciliter l'accès à la formation pour des catégories de salariés et de demandeurs d'emploi les plus éloignés ou les plus fragiles sur le marché de l'emploi, et assurer la portabilité du Dif. “Ils ont été pris en compte", se félicite-t-il. Sur le FPSPP, FO a aussi obtenu gain de cause : “Cibler avec des critères nationaux, notamment les salariés des PME et TPE, les salariés à temps partiel ou les demandeurs d'emploi de longue durée." Autre point important auquel était attaché FO : entrer dans une logique d'évaluation des dispositifs, avec la création d'un Conseil national d'évaluation de la formation professionnelle. “Je considère que mettre en place un dispositif avec l'organisation de son financement et de son évaluation, c'est entrer dans un cycle vertueux."

Jean-Michel Pottier, pour la CGPME, revendique la paternité du dispositif de préparation opérationnelle à l'emploi (POE), “qui va répondre aux besoins des entreprises", se réjouit-il. La délégation patronale est allée “jusqu'au bout des efforts possibles" dans les concessions aux syndicats, déclare-t-il. Il estime que l'Ani “apporte des mesures concrètes et pratiques pour les PME", et juge finalement l'accord “équilibré et cohérent".

Pour Jean-François Pilliard (Medef), l'Ani “s'inscrit délibérément dans une logique de projet et de parcours". Il estime que le nouveau texte marque un “changement dans la façon d'aborder le thème de la formation". Exit la “logique de statut" (demandeur d'emploi, salarié, etc.), il s'agit d'un “accord dans lequel le salarié en activité, le salarié le moins qualifié et le demandeur d'emploi sont appréhendés de façon consistante et cohérente", insiste-t-il. Et d'estimer qu'“avec les textes sur la gestion prévisionnelle en amont, l'assurance chômage et la formation professionnelle, nous disposons aujourd'hui d'un ensemble cohérent et renforcé par rapport aux dispositifs précédents".

Alain Lecanu (CFE-CGC) redoute que cette réforme à budget constant ne conduise à pénaliser les cadres. “Le Medef a voulu absolument travailler à budget constant, a-t-il argumenté. Or, à enveloppe constante, cette réforme de la formation se fera au détriment de l'encadrement. On est en train de déshabiller l'un [les cadres] pour habiller l'autre [les chômeurs et les salariés non qualifiés]." Alain Lecanu aurait également souhaité aller plus loin sur la transférabilité du Dif. Mais, déplore-t-il, le texte ne prévoit “aucune transférabilité pour les salariés en poste qui veulent changer
d'emploi".

Olivier   Gourlé (CFTC) est “globalement satisfait". Notamment parce que l'Ani améliore l'accès à la formation des personnes qui en sont les plus éloignées, “sans pour autant déséquilibrer les politiques de formation en entreprise", ce qui était l'un des objectifs de sa confédération. Il se félicite également que “le bilan de compétences retrouve sa place". Cependant, “la CFTC s'assurera que les fonds de la formation soient effectivement dirigés avec efficacité vers celles et ceux qui en ont le plus besoin". Et d'ajouter : “La création du Fonds de sécurisation et son autonomie financière contribueront à mettre en œuvre cette politique, dans le cadre des partenariats indispensables avec l'État et les Régions."

Pour Pierre Burban, le représentant de l'UPA, l'Ani est équilibré. Il “répond d'abord à la nécessité de réorienter les fonds de la formation vers les publics qui en ont le plus besoin", précise-t-il. Pour les entreprises artisanales “qui, non seulement continuent d'embaucher, mais sont à la recherche de personnels qualifiés, il s'agit d'un réel progrès". Dès lors que “l'artisanat contribue déjà à l'insertion dans l'emploi des jeunes et des demandeurs d'emploi et peut accroître cet effort de formation", l'organisation patronale estime que “la création d'un Fonds de sécurisation des parcours professionnels est justement de nature à libérer ce potentiel en développant encore les possibilités de recours aux contrats de professionnalisation". Pierre Burban considère aussi que l'accord “conforte le système de mutualisation des moyens de la formation professionnelle". Ainsi, “les petites entreprises qui contribuent le plus à l'intégration des publics en difficulté, bénéficieront davantage qu'aujourd'hui des fonds consacrés à la formation par l'ensemble des entreprises", conclut-il.