Hélène

Bénabent

Compte tenu du contexte général de l'emploi en Lorraine, marqué notamment par un taux de chômage élevé, les actions menées par le Conseil régional concernent à la fois la formation et l'insertion professionnelles. Respectivement en charge de ces deux domaines, Hélène Bénabent et Laurence Demonet précisent les engagements de la Région.

Par - Le 13 août 2009.

Inffo Flash : Quels sont les problèmes d'emploi et de formation spécifiques à la Lorraine ? Quelles sont les actions engagées par la Région pour y répondre ?

Hélène Bénabent et Laurence Demonet : La Lorraine a perdu 2 700 emplois en 2003. La perte d'effectifs dans l'industrie n'a pu être compensée par la création d'emplois dans le tertiaire. Le taux de chômage est de 10,2 % en 2005. Même si plus d'un emploi industriel lorrain sur trois dépend des grands groupes étrangers, le tissu économique lorrain est constitué de PME et de TPE. Il y a en Lorraine 36 874 d'établissements comptant de 1 à 9 salariés contre 250 qui emploient de 200 à 499 salariés. Sur le plan économique, les délocalisations, ainsi que les restructurations successives depuis trois ans ont contribué à aggraver la situation.

En matière d'actions régionales pour 2006, il s'agit de partir des spécificités régionales pour répondre aux besoins des entreprises et des hommes. Les priorités régionales en matière de transitions professionnelles s'articulent autour de trois axes. La Région constitue un partenaire dans l'accompagnement des reconversions des entreprises et des salariés privés d'emplois.

Le Conseil régional entend soutenir le plan d'urgence textile sur une période de trois ans (2005 à 2007). Le dispositif “Face" peut aussi aider, sous certaines conditions, les salariés victimes de licenciements en matière de conseil en droit du travail.

En outre, le Conseil régional soutient et renforce les plans de formations en entreprise - dispositif “Frife".

Enfin, il est important pour la Région d'accompagner et de mettre en place des actions expérimentales, afin de sécuriser au maximum les parcours professionnels des salariés (Pic Equal “Lorraine, territoire de compétences", actions de sensibilisation des TPE-PME au facteur humain de l'entreprise, à la gestion des âges, etc.).

En matière de formation continue, le Conseil régional de Lorraine a décidé d'intensifier l'effort entrepris sur les formations en faveur des demandeurs d'emploi les moins qualifiés et le public le plus éloigné de l'emploi, grâce aux actions préqualifiantes, aux actions qualifiantes de niveaux V et IV, au Fonds pour la formation en accès individuel, aux opérations expérimentales ou collectives.

Il entend également faciliter l'accès à la formation par la prise en charge des frais de déplacements, de restauration, d'hébergement et de garde d'enfants, inhérents à toute entrée en formation, et soutenir une politique volontariste de formation des futurs créateurs ou repreneurs d'entreprise. Enfin, il compte initier des accords de réciprocité avec les Régions limitrophes, afin de mettre en application le principe de l'accès aux formations au-delà du territoire régional.

Inffo Flash : Quelle place votre région accorde-t-elle à l'insertion des jeunes par l'apprentissage ?

Hélène Bénabent : Le contrat d'objectifs et de moyens relatif à la modernisation et au développement de l'apprentissage conclu avec l'État a fixé des objectifs ambitieux de croissance des effectifs d'apprentis : une croissance de 1 000 apprentis par an, ce qui permettra aux effectifs d'atteindre le nombre de 20 000 à l'horizon 2009 contre 15 000 environ en 2005. Ce contrat a fixé également les conditions de ce développement :

 la nécessité d'une mobilisation des employeurs et des branches professionnelles, aussi bien sur le plan de l'offre de contrats que de la mobilisation de moyens financiers supplémentaires, 10 % environ de crédits supplémentaires apportés par l'État au financement de l'apprentissage ne permettant pas de financer une croissance attendue des effectifs d'un tiers ;

 l'importance de diriger principalement vers les places à pourvoir des jeunes sortis du système scolaire et relevant des deux catégories suivantes : personnes faisant l'objet d'un suivi au sein des Missions locales et PAIO, lequel autorise l'octroi à l'employeur du crédit d'impôt majoré institué par le plan de cohésion sociale ; étudiants cherchant une nouvelle voie de qualification et bénéficiant d'un parcours de réorientation vers l'apprentissage ;

 l'obligation d'un développement en harmonie avec les autres dispositifs de formation initiale : l'évolution de la carte d'apprentissage se fera dans le cadre d'une concertation étroite associant la Région, les autorités académiques, les chambres consulaires et les branches professionnelles concernées, en recherchant la complémentarité avec les autres dispositifs de formation initiale et en veillant à éviter toute concurrence, qu'elle soit entre les différents modes de formation ou entre les établissements.

En outre, le contrat d'objectifs et de moyens permet de renforcer la politique de modernisation et de qualité de l'apprentissage de la Région dans ses différents aspects, principalement l'accès à l'apprentissage de jeunes en difficulté et l'amélioration de la qualité de la formation et de l'accueil des apprentis. Néanmoins, eu égard au contexte financier de l'apprentissage et dans le respect du Code du travail, il est nécessaire de poursuivre une stricte politique de contrôle technique et financier des CFA.

Inffo Flash :Quelles sont les actions menées en matière de lutte contre l'illettrisme ?

Laurence Demonet : Le Conseil régional de Lorraine finance des ateliers de maîtrise des savoirs de base sur l'ensemble du territoire lorrain.

Soit au total 20 ateliers, dont 4 cofinancés avec l'État. Le public visé : tout public non salarié[ 1 ]<1>Public ne travaillant pas plus de 78 heures par mois. à temps complet de niveau III-IV minimum à l'oral (référentiel Cueep) ayant effectué une scolarité francophone ; jeunes de moins de 26 ans non salariés1 à temps complet ayant suivi une scolarité dans leur pays d'origine, ou personnes de plus de 26 ans non salariées à temps complet[ 2 ]<1>Public ne travaillant pas plus de 78 heures par mois. ayant atteint un niveau baccalauréat dans leur pays d'origine.

L'objectif est de permettre au public concerné de disposer des connaissances minimales nécessaires à une pratique courante de la lecture et de l'écriture dans un objectif d'insertion professionnelle.

La durée de cette action est fonction du positionnement initial et des objectifs individuels avec une durée maximale de 350 heures en centre et la possibilité de mobiliser une période maximale en entreprise de 35 à 140 heures par personne. Du point de vue de l'organisation, il s'agit d'un dispositif à temps partiel non rémunéré à entrées et sorties permanentes.

Inffo Flash :Pouvez-vous apporter des précisions au sujet du projet “Lorraine territoire de compétences" et sur la construction d'un véritable service public régional de formation professionnelle?

Laurence Demonet : Le projet Pic Equal “Lorraine territoire de compétences" vise à développer et redéployer sur cinq territoires lorrains le potentiel d'emplois par la mise en œuvre d'innovations, soit existantes à valoriser, soit potentielles à stimuler, dans les dispositifs de formation visant globalement à :

 adapter les compétences professionnelles des salariés de faible niveau de formation afin de permettre à ces publics de se maintenir dans l'emploi ou d'assurer leur mobilité professionnelle ;

 développer l'acquisition de compétences professionnelles et sociales de jeunes demandeurs d'emploi, dont la qualification est inadaptée, insuffisante ou obsolète par rapport aux besoins du marché du travail local ;

 favoriser l'actualisation ou le transfert des compétences professionnelles de salariés en reconversion ou demandeurs d'emploi plus âgés de faible niveau de formation, afin de permettre à ces publics d'accéder à des emplois disponibles dans des secteurs professionnels confrontés à des pénuries de main-d'œuvre qualifiée.

Ces dispositifs de formation, d'insertion et de reconversion professionnelles, viseront à développer une dynamique de construction de projet personnel et professionnel qui favorise la mobilité professionnelle et géographique des bénéficiaires et qui valorise chacun d'entre eux, par la mise en œuvre de reconnaissance des acquis (VAE, Caces, licence, etc.), véritable passeport d'accès à l'emploi.

Propos recueillis par Philippe Grandin

Notes   [ + ]

1, 2. <1>Public ne travaillant pas plus de 78 heures par mois.