François

Deluga

François Deluga, maire du Teich et député PS de la Gironde, a été élu président du Centre national de la fonction publique territoriale, le 15 avril. Dans les dossiers de cet homme rompu à la “territoriale" : la réforme de la formation des agents territoriaux, la réponse aux nouveaux besoins des collectivités et la gouvernance du CNFPT.

Par - Le 22 mai 2009.

Inffo Flash - La récente réforme de la formation des agents territoriaux impacte bien sûr l'activité du CNFPT. Comment comptez-vous l'appliquer, et selon quel calendrier ?

François Deluga - Nous avons deux urgences absolues. Tout d'abord, accompagner la réorganisation des Énact [Écoles nationales d'application des cadres territoriaux], nos écoles formant les cadres A de la territoriale. Quelque 250 agents attendent actuellement leur nouvelle “feuille de route". Il faut leur définir de nouveaux objectifs et boucler nos propositions avant l'été.

Le transfert des concours constitue aussi un sujet urgent. Le CNFPT ne conserve que les concours des catégories A et B. Les centres de gestion doivent être rapidement à pied d'œuvre. L'organisation des concours n'est pas encore calée.

IF - Qu'en est-il de la formation des agents de catégorie C, qui constituent 65 % de la territoriale ?

F. D. - Ils doivent devenir prioritaires, or, pour l'instant, seules 37 % des formations leur sont consacrées. Ce décalage par rapport à leur poids statistique doit cesser. Des efforts sont à accomplir en plus de la nouvelle formation courte d'intégration, notamment grâce au Dif. L'échéance de mise en œuvre est ici la fin de l'année.

IF - Quels sont vos autres projets en termes d'adaptation aux nouvelles demandes qui se font jour dans les collectivités territoriales ?

F. D. - Là aussi, un important effort est à fournir, tant en ce qui concerne les politiques sociales que la mise en application du RSA, ou l'enfance, le handicap. Beaucoup de collectivités ont recours à des prestataires privés. Je compte reconquérir ces parts de marché passées au privé en adaptant rapidement les formations du CNFPT aux nouveaux besoins qui se sont fait jour et ceux à venir.

IF - Vous avez déclaré lors de votre élection que vous souhaitiez introduire plus de paritarisme dans la gouvernance du CNFPT. Quels changements précis souhaitez-vous opérer à cet égard ?

F. D. - Au moment de sa création, le CNFPT était doté d'une gouvernance strictement paritaire. Les élus y siégeaient aux côtés des représentants syndicaux des salariés. Puis, la loi Galland [du 13 juillet 1987] est venue leur interdire le vote du budget du CNFPT, au motif qu'ils en étaient les salariés. La pratique de gouvernance qui s'en est ensuivie a limité l'accès du conseil d'administration aux élus, avec, bien sûr, une perte de qualité et de quantité des débats.

Il faut donc aller vers un renouveau du paritarisme. Il suffira que les représentants syndicaux ne votent pas le budget et nous serons en conformité avec la loi. Par contre, ceux-ci auront des délégations négociées sur d'autres sujets. Ainsi, nous parviendrons à une direction plus collégiale, avec les deux piliers qui s'imposent.

IF - Ces changements vous apparaissent-ils les bienvenus au sein du CNFPT ?

F. D. - Dans tous les contacts que j'ai eus avec les personnels du CNFPT, j'ai pu constater à la fois un consensus sur la méthode, sur l'analyse des enjeux du moment et sur le travail à accomplir. J'ai ressenti aussi un désir de participer et une confiance qu'on peut aussi qualifier d'espoir. En tout cas, le désir de changement est très fort au sein du CNFPT.


Propos recueillis par Renée David-Aeschlimann



 Le nouveau conseil d'administration du Centre national de la fonction publique territoriale, composé de 34 membres, a été installé le 15 avril. François Deluga a été élu au premier tour, par 15 voix, président du CNFPT. Deux vice-présidents ont été également élus : Marc Baïetto, maire PS d'Eybens (Isère), représentant des élus, et Bernard Gambier (CGT) représentant des personnels. Jean Goubin (collaborateur du groupe socialiste du conseil d'administration depuis 2006) et Michel Pastor (inspecteur général des services du CNFPT depuis 1998) sont nommés respectivement directeur de cabinet du président du CNFPT et directeur général de l'établissement.

François Deluga, né en 1956, diplômé de l'Institut d'études politiques de Bordeaux, est maire du Teich (Gironde) depuis 1989 et a été président de la communauté d'agglomération du Bassin d'Arcachon Sud de 2001 à 2008. Conseiller régional d'Aquitaine pendant cette même période, il a été vice-président de la Région de 2004 à 2008. Député de 1997 à 2002 et de nouveau depuis décembre 2008, il est membre de la commission des affaires économiques, de l'environnement et du territoire. Il est aussi délégué national “fonction publique territoriale" à la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR).

Il a été membre du conseil régional d'orientation d'Aquitaine du CNFPT au titre de représentant du Conseil régional (2004-2008), puis au titre des représentants des collectivités affiliées aux CDG (centres de gestion) de la Gironde depuis 2009. De même, il a été membre du conseil d'administration du CNFPT au titre de représentant de Conseil régional (2004-2008) puis des représentants des communes en 2009.