François

Gourdenove

Par - Le 16 novembre 2010.

Pour vous, les nouvelles technologies peuvent contribuer à aider les personnes atteintes de handicap auditif ?

La surdité, en plus de constituer un handicap physique, est également un handicap social. Être sourd, aujourd'hui, c'est aussi se couper de l'information, de ne pas pouvoir se tenir informé. Tel qu'il existe aujourd'hui, le système éducatif français est vecteur d'échec pour les sourds, car il provoque également de graves lacunes à l'écrit. Aujourd'hui, des outils comme internet ou le partage de vidéos permettent d'ouvrir le champ des possibles et de développer de nouveaux outils permettant aux sourds de s'insérer. Websourd ne commercialise pas seulement des produits. Notre démarche s'inscrit dans l'innovation technique, mais aussi sociale. Ainsi, notre équipe de recherche et développement comprend plusieurs sociologues.

Depuis la loi sur l'accessibilité de 2005, voyez vous une action concrète des pouvoirs publics ?

Le gouvernement met actuellement en place une série de centres relais en France. Ils permettront de développer le champ d'action permettant aux sourds, par exemple, de téléphoner via l'assistance d'un interprète. Mais la procédure est longue, car il nous faut accompagner la formation des traducteurs… et une telle formation s'étale sur cinq ans ! Demeure maintenant un autre problème, en termes de coûts financier : qui paie ? Aux États-Unis, par exemple, les opérateurs téléphoniques cotisent ensemble dans un “pot commun" permettant de mettre ces dispositifs en œuvre, car ils estiment que l'accès au téléphone est un droit. En France, c'est plus complexe. Nous avons été obligés de monter une véritable “usine à gaz" entre tous les financeurs potentiels.

Vous travaillez essentiellement avec des partenaires venus de l'économie sociale et solidaire...

Essentiellement. Nous partenaires sont en effet issus de l'ÉSS. Il peut s'agir de banques, de crédits coopératifs, etc. Mais l'intégration au réseau Ashoka, consécutive à notre politique d'innovation (technique et sociale), l'évaluation de nos chances de succès, ou notre futur impact sur la politique du handicap vont pouvoir nous permettre de changer d'échelle, de nous structurer, de grandir. À terme, ce sont les 300 000 sourds actuellement recensés en France que nous visons.