Yannick

Soubien

Par - Le 16 septembre 2011.

La Basse-Normandie a signé son CPRDF le 4 juillet dernier, suivi de son Com apprentissage.

Comment avez-vous décidé de préparer votre CPRDF ?

Nous avons commencé dès septembre 2010, car nous trouvions que la loi était explicite sur la co-signature et l'élaboration du document dans une commission Ad hoc. J'ai donc pris la présidence d'une commission créée au sein du CCREFP et nous avons défini trois groupes de travail : un premier sur la prospective orientation (comment anticiper les mutations économiques, les relations entre la formation et les métiers, et appréhender la formation tout au long de la vie). Le deuxième groupe a travaillé sur l'accès à la qualification, et le troisième s'est appliqué à réfléchir aux réponses à apporter aux territoires et aux personnes sur la sécurisation des parcours professionnels. À partir de cela, un diagnostic prospectif a été élaboré.

Que préconisait ou soulignait ce diagnostic ?

Il est ressorti que les sorties du système scolaire sans qualification étaient encore trop nombreuses, que nous devions nous pencher davantage sur le maintien et le retour à l'emploi des seniors, mais aussi prendre en compte l'économie verte et la dimension numérique. Il a également été établi certaines priorités, comme la lutte contre l'illettrisme, l'importance des compétences linguistiques et la nécessité pour chacun des acteurs de mieux appréhender les dispositifs existants chez... les autres acteurs. Nous avons ensuite mis en place des ateliers qui se sont réunis pendant trois mois et la première synthèse a été élaborée en décembre.

C'est à ce moment qu'a été diffusée sortie la circulaire demandant à chaque partenaire d'apporter une contribution au CPRDF, ce que nous n'avions pas anticipé en portant la priorité sur la nécessité d'établir un document commun. Chaque partenaire a donc travaillé à partir du diagnostic élaboré et, fin février, chacun avait remis sa contribution en précisant ses priorités. L'engouement a été tel que la Copire a rendu une contribution et chaque syndicat en a rendu une également.
La commission a donc repris avec des nouveaux axes, nous avons élaboré une synthèse d'une vingtaine de pages que nous avons voté en assemblée plénière en février, et nous nous sommes ensuite rendus dans chaque département où ont été organisé des débats publics. Les acteurs locaux ont ainsi été amenés à apporter eux aussi leur contribution via une plateforme dédiée. Nous avons reçu pas moins de mille connexions ! Les retours étaient plutôt positifs, notamment sur le travail de démocratisation et la prise en compte des souhaits de chaque partenaire. Nous avons donc modifié une nouvelle fois le document, des modifications qui étaient pour la plupart des points d'enrichissement, notamment sur la dimension linguistique.

Quels sont donc les axes définitifs de votre CPRDF que vous avez signé le 4 juillet dernier ?

Notre CPRDF compte trois axes majeurs. Tout d'abord, “Prospective des métiers et des qualifications, AIO". Le deuxième axe, “Développement des compétences et des qualifications en lien avec le territoire", concerne l'intervention en formation, notamment les fondamentaux nécessaires à l'apprentissage tels que les savoirs de base, les compétences transversales, ce qui implique de continuer notre lutte contre l'illettrisme. Enfin, le dernier axe s'attache à la gouvernance territoriale et à l'évaluation des politiques conduites. Le document comporte 10 annexes, dont un document portrait de famille des métiers en Basse-Normandie construit par le Carif-Oref. Et nous élaborons actuellement les conventions d'application.

Êtes-vous satisfait du CPRDF ?

Oui, son élaboration a vraiment changé les choses. Nous avons constaté une vraie qualité des partenariats et l'expression de chaque partenaire sur le volet emploi-formation a été extraordinaire. Nous avions déjà avancé, la crise nous avait conduits à le faire. La loi aurait pu durcir ces relations, mais dés le départ, nous avons choisi de faire l'impasse sur la lisibilité des uns et des autres. D'ailleurs, la mise en place de comités locaux emploi-formation montrent cette volonté de collaboration. Ils ont été mis en place dans le cadre du Pacte territorial d'insertion, et sont co-présidés par la Région et l'État, et parfois par le Conseil général.

[(COM APPRENTISSAGE : “NOUS AVONS PRIVILÉGIÉ L'INVESTISSEMENT"

La Région Basse-Normandie a également signé son Com Apprentissage. C'est ainsi qu'elle s'est fixée une augmentation de 14 % du nombre d'apprentis, pour passer de 11 000 actuellement à 12 739 en 2015. La Région a souhaité présenter une motion relative à la proposition de loi pour “le développement de l'alternance et la sécurisation des parcours professionnels" qui prévoit la possibilité pour un jeune de 15 ans de souscrire à un contrat d'apprentissage. “Nous avons aussi œuvré pour une meilleure optimisation des places non pourvues et un renforcement en bac et post-bac", déclare Yannick Soubien. Autre priorité, les CFA “hors les murs", avec un travail d'articulation entre la formation initiale et continue des filières. “Les moyens et les partenariats seront davantage fléchés sur les investissements que sur le fonctionnement", conclut Yannick Soubien. )]