Michel

Clézio

Par - Le 15 mars 2014.

Nous devons évaluer en
permanence ce qu'apporte
la formation"

Comment vous positionnez-vous,
dans la nouvelle architecture
du système de formation ?


En tant qu'opérateurs publics de formation,
nous sommes l'un des rouages d'un ensemble
: entreprises, partenaires sociaux, Opca.
Notre impératif est de faire entendre la
nécessité de promouvoir et d'amplifier les
actions de formation et d'accompagnement
à destination des publics les plus éloignés
de l'emploi, des hommes et des femmes qui
se sont retrouvés hors du champ du monde
du travail où de celles et ceux qui souhaitent
évoluer dans leurs savoirs. Il est nécessaire
d'évaluer en permanence ce qu'apporte la
formation à l'entreprise. Mais cette évaluation
dynamique, qui se rapproche des principes de
la GPEC, doit être avant tout partagée par les
partenaires sociaux, les IRP et l'employeur.
Du degré de leur implication dépendra le
dynamisme de la loi du 5 mars 2014 relative à
la formation professionnelle.

Comment proposer des offres qui
garantissent une réinsertion ?


Il faut distinguer deux plans. Le premier
est celui des politiques publiques, dont
le pilotage a été réaffirmé dans la loi
comme étant régional. L'autre concerne les
formations qui s'inscriront, notamment, dans
le cadre du compte personnel de formation.
S'agissant des personnes rencontrant des
difficultés particulières, notamment en
situation d'illettrisme ou sans qualification,
notre offre doit s'articuler avec les schémas
régionaux de formation. En tant qu'opérateurs
de services publics, nous devons faire
en sorte qu'elle puisse évoluer de façon
à accueillir les deux types de personnes
orientées (demandeurs d'emploi dans le cadre
du schéma régional des formations, salariés
dans le cadre des formations éligibles au
titre du CPF). Il ne serait pas très sain de
continuer à fonctionner comme jusqu'à
présent, en distinguant, pour le service
public, une offre particulière extrêmement
contrôlée, réglementée, avec des cahiers
des charges très lourds, et, à côté, une offre
qui s'adresserait à des personnes à titre
individuel. À mon sens, on doit aller vers une
articulation entre l'effort des pouvoirs publics
en matière de formation et d'emploi et l'effort
partagé des partenaires sociaux à travers
la collecte, pour qu'il n'y ait pas des offres
complètement cloisonnées, comme dans un
sous-marin !

Cette réglementation, vous la ressentez
comme un poids ?


Dans le cadre des politiques publics de
l'emploi et de la formation, on fait peser sur
nous énormément d'obligations d'efficience,
de contrôles, etc. Dans le cadre de ces
politiques publiques, les exigences très
fortes existent déjà. C'est peut-être sur les
autres champs qu'il y a besoin de travailler
à la qualité de l'offre de formation, à son
évaluation. Nous devons tous, si nous
saisissons bien la philosophie de cet accord
voulu par les partenaires sociaux et transcrit
par le législateur, travailler de concert : ceci
est aussi vrai pour les partenaires sociaux,
les Régions, que pour le service public de
l'orientation.
Ce qui est intéressant, dans cette nouvelle
loi, c'est sa philosophie systémique. Elle
ne raisonne pas en termes d'architectures
institutionnelles qui voisinent les unes avec
les autres, mais plutôt en termes d'articulation
des acteurs entre eux. C'est toute sa vertu, y
compris pour les salariés.

Propos recueillis par Knock Billy