Yves

Georgelin

Par - Le 15 octobre 2014.

_ Nous devons développer un système d'évaluation
à l'abri de la supervision des organismes de formation
"

En quoi la réforme renforce-t-elle
la qualité en formation ?


Nous voulons faire en sorte que la qualité de
la formation s'installe comme un référentiel,
en termes de pratique. Comme Opca, nous
sommes devenus des acheteurs de formations
au travers des fonds mutualisés : des actions
collectives, des stages achetés auprès
d'organismes de formation, mis à disposition
des PME sous forme de catalogue. Nous
sommes passés de quelque chose d'assez
amateur, où nous pouvions prendre le temps
de l'évaluation qualité, parce qu'il n'y en avait
pas un grand nombre (de façon traditionnelle,
avec des feuilles), à une méthode industrielle,
avec presque 5 000 à 6 000 inscrits sur notre
plateforme Forco, qui recense 70 organismes et
plus de 1 000 formations.

Vous avez mis en place un système
de référencement des organismes
de formation ?


Et un système d'évaluation de la qualité de
ces organismes, de suivi de la qualité perçue
par le bénéficiaire et par l'entreprise. Une
mesure de la qualité à chaud.

Nous entendons suivre, avec des indicateurs,
l'appréciation, la mesure qualité des offres de
formation que nous achetons dans le cadre des
actions collectives. C'est une activité qui va
se développer puisque, pour le TPE, l'Opca va
être amené à faciliter l'accès à la formation.
Davantage de ressources seront mobilisables.

Quels changements la loi apporte-t-elle ?

Ce type d'initiative n'était pas obligatoire
et procédait de la volonté de chacun.
Nous pouvions mettre en place des actions
collectives de formation sans les évaluer.
Mais il est normal que nous ayons un système
d'évaluation des actions de formation. Avec la
loi, les Opca sont légitimés dans leur mission !
Les dépenses de formation à destination de
publics prioritaires amènent à une grande
exigence sur l'utilisation des fonds, qui
aujourd'hui ne sont plus seulement des fonds
que les entreprises utilisent pour la formation
de leurs propres salariés, mais aussi des fonds
destinés à des publics prioritaires, travailleurs
dans les TPE et demandeurs d'emploi. Cela
génère une exigence de “ROI" (return on
investment, retour sur investissement) pour
ces formations. Surtout pour les alternants.
Aujourd'hui, mesurer la satisfaction d'un
alternant à la sortie de sa formation, mais aussi
tout au long de ce parcours de formation, est
une façon d'accompagner nos ambitions qualité,
de façon globale.

Vous vous êtes professionnalisés,
sur cette question ?


Nous nous sommes professionnalisés
progressivement, du fait que nous avons près
de 40 000 bénéficiaires de formations financées
par le Forco.

Ce nombre très important de bénéficiaires
nous oblige à disposer d'outils et de solutions
qui nous permettent de mesurer la qualité et
de rendre compte à nos partenaires sociaux,
à nos commanditaires et cofinanceurs (Région,
Pôle emploi, etc.).

D'ailleurs, en tant qu'ensembliers et porteurs de
projets, nous allons proposer à l'ensemble de
nos partenaires de mettre en place un système
d'évaluation qualité.

Qu'évaluerez-vous ? Actions de formation,
formateurs ou organismes prestataires ?


À la fois les actions de formation,
les formateurs et les organismes prestataires.
Il existe un socle commun d'évaluation sur
lequel tout le monde est d'accord : l'évaluation
de la satisfaction du stagiaire par rapport à la
formation reçue, les conditions de déroulement
de la formation, la qualité de l'animateur, etc.
Nous allons compléter cette approche simplifiée
par des questionnements en amont, qui portent
sur les modalités, la facilité et le processus
d'accès à cette formation.

La loi permettra de mettre en place le standard
de ce que doit être l'évaluation qualité de la
formation. Car il existe autant de systèmes
d'évaluation que d'organismes. On se dirige
vers quelque chose qui sera beaucoup plus
partagé, en tout cas pour le socle. Nos
branches, nos entreprises, l'ensemble des
observateurs souhaitent l'appréciation des
formations par les bénéficiaires, mais aussi
par les commanditaires qui investissent dans
la formation. Nous avançons à petits pas
vers un système d'évaluation beaucoup plus
accessible pour le grand public.

Vous prônez l'évaluation par les
bénéficiaires eux-mêmes ?


Les évaluations de satisfaction à la fin d'une
formation ne doivent pas être celles des
organismes de formation − ils nous adressent
tous des formats différents, dont nous ne
savons que faire −, mais un système basé
sur un référencement, un standard commun.

Nous devons développer le système
d'évaluation en ligne, à l'instar de ce qui se
fait dans le commerce en ligne (Tripadvisor,
La fourchette...), à l'abri de la supervision
de l'organisme de formation.

Vous souhaitez un système neutre
d'évaluation ?


Oui, avec un modérateur, afin d'éviter des
biais. Nous nous dirigeons actuellement vers
des standards partagés et vers des solutions
d'évaluation modernes du même type que ceux
du commerce en ligne.

Par ailleurs, le décret sur l'action de formation
est aussi important que celui sur l'évaluation
de la qualité de la formation. Pour évaluer
objectivement un produit, il faut s'entendre
sur ce qu'est ce produit. Définir un référentiel en
amont permet de mieux évaluer ensuite
avec objectivité.

Le but recherché par tous est que nous sortions
des évaluations qui n'intéressent que ceux
qui évaluent pour entrer dans un système plus
simple et accessible à tous.