Franck Théry, CEPI Management

 « Les cadres dirigeants doivent prendre en main leur formation et bâtir eux mêmes les montages financiers » (Franck Théry, DG du CEPI Management)

Franck Théry est le directeur général du Cepi Management, un organisme de formation lillois à destination des dirigeants et des cadres dirigeants. Il commente l'évolution des formations pour ces publics.

Par - Le 19 novembre 2019.

Le Quotidien de la formation : La formation des dirigeants et des cadres dirigeants a-t-elle beaucoup évolué ces dernières années ?

Franck Théry : Oui et non. Il y a encore quelques années, les entreprises accompagnaient les cadres qu'elles jugeaient prometteurs à franchir les différents paliers hiérarchiques de l'organisation en leur finançant des formations, notamment sur le leadership. Aujourd'hui, on constate une apparition du modèle anglo-saxon, avec une tendance pour les intéressés à financer eux-mêmes ce type de formation. Évoluant dans un environnement mondialisé mouvant, les entreprises peinent, bien souvent, à se projeter au-delà de 2 à 3 ans et donc à moins se préoccuper de leurs ressources humaines, y compris leurs hauts potentiels, à quelques exceptions près. Les futurs cadres dirigeants doivent donc prendre en main leur devenir en bâtissant eux-mêmes les montages financiers nécessaires. La vaste réforme professionnelle mise en place par le président Macron ne leur est pas très favorable car les budgets sont particulièrement fléchés vers les gens peu qualifiés et les chômeurs.

QDF : De quel type de formation ces futurs dirigeants ont-ils besoin ?

F. T : Au regard des programmes que nous avons mis en place il y a une quarantaine d'années et que nous faisons sans cesse évoluer, il est essentiel que nos stagiaires aient la tête « bien pleine », tout en s'inscrivant résolument dans le concret. Il est essentiel de leur donner accès à l'ensemble des fondamentaux de l'entreprise (finance, droit, marketing) tout en les préparant à la stratégie, à la capacité de projeter leur entreprise à 3, 5 ou 10 ans. Ils doivent s'acculturer à ce qui se passe dans le monde. Nous les emmenons ainsi dans des institutions internationales, et les initions aux sujets géopolitiques et stratégiques. Il ne faut pas négliger la dimension humaine, essentielle, lorsqu'on a vocation à animer un collectif. Comment mieux se connaître, travailler son leadership, prendre les bonnes décisions, entretenir une bonne relation avec ses équipes, avec les syndicats, comment aborder la conduite du changement ? Le dirigeant moderne doit posséder de véritables postures managériales, acquérir de véritables compétences de communication, élaborer une vision. Bref, il doit parfaitement maîtriser ce que les spécialistes appellent le hard skill et le soft skill.

QDF : Quel type de pédagogie vous semble la plus appropriée pour ce type de profil ?

F. T : Notre pédagogie est inspirée par la pédagogie active et par les méthodes dite d'« enseignement entre pairs », bien plus efficace que des cours magistraux et que la sempiternelle relation professeur/élève. Nous fondons notre démarche sur l'expérimentation. Apprendre en faisant. Nous travaillons sur des cas réels d'entreprise. En raison de sa typologie d'enseignement, l'apprentissage entre pairs a pour vertu, notamment, de créer du lien social. Il permet de développer la bienveillance, la motivation, l'efficacité et renforce la créativité. Nos stagiaires peuvent ainsi mieux approfondir un sujet. Concernés par les thèmes abordés, ils deviennent créateurs de contenu et non plus consommateurs.