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« Les partenaires sociaux fortifieront leur dialogue par une formation commune » (Muriel Pénicaud)

La ministre du Travail, les partenaires sociaux, les universitaires et les juristes présents, le 28 juin dernier, à la journée « Les réussites du dialogue social », ont tous convenu que le renouveau du dialogue social passera par une formation partagée et commune des négociateurs.

Par - Le 02 juillet 2019.

« Se former ensemble c'est la stratégie compétences mise au service du dialogue social, c'est acquérir les atouts de l'autre, pour faire exemple. En poussant les barrières ensemble, il n'y a plus de limite », assurait Muriel Pénicaud vendredi 28 juin face aux acteurs du dialogue social. Et la ministre de se réjouir de voir 12 salariés (DRH, représentants syndicaux) primés ce jour à l'issue de leur parcours en Master 2 Dialogue social, de la faculté de Nancy, formation commune pilotée par le professeur Frédéric Géa. « Que voit on ?, s'est enthousiasmée la ministre, beaucoup d'innovation sociale de l'université, beaucoup d'engagement des candidats, et beaucoup de femmes ! ».

Changer de culture

« Ce type de cursus permet la reconnaissance des compétences, la construction d'une culture commune, et la construction d'un droit pluriel enrichi des expériences de terrain », a confirmé le professeur Frédéric Géa. Un constat partagé par le professeur Paul-Henri Antonmattei, directeur de l'École de droit social de Montpellier, également organisateur d'une formation commune : « Il faut non seulement former les partenaires sociaux ensemble, mais également leurs conseils et leurs avocats, afin que tous partagent la même maîtrise de l'environnement de négociation, les bonnes pratiques, et qu'ils fassent œuvre d'exemplarité autour d'une culture partagée ».

Une analyse reprise par Ambroisine Bourbon, directrice Sciences Po Executive Education, qui a ajouté que, forte des 10 ans d'expérience de son programme qui a certifié 700 syndicalistes, elle mettait en avant « l'intérêt d'un comparatif international sur le lien dialogue social/stratégie d'entreprise, qui fait l'objet d'une grosse production intellectuelle aux États-Unis, et sur la transformation des organisations sous l'impact du  digital ».

Implication des n°1 d'entreprise

La formation commune des négociateurs a été d'autant plus ressentie comme cruciale par tous les présents que le bilan du dialogue social montre le long chemin restant encore à parcourir.

« 10 000 entreprises sont en carence de représentation », constataient Marcel Grignard et Jean-François Pilliard, tous deux coprésidents du comité d'évaluation des ordonnances Travail, qui ont souligné l'enjeu d'un nécessaire « changement culturel sur la question du dialogue socialé».

Par ailleurs, selon une étude menée par les étudiants du professeur Antonmattei sur 450 accords CSE, à la demande de Yves Struillou, directeur général du travail : 70 % fixent un CSE unique, 50 % cantonnent les moyens au strict minimum légal et seuls 27 % prévoient des représentants de proximité.

« Que de chemin pourtant parcouru en deux ans, assurait Muriel Pénicaud. Les ordonnances ont été promulguées le 22 septembre 2017, 27 000 entreprises ont un accord CSE. La diversité de leurs contenus est importante mais la dynamique est forte, même si beaucoup de choses restent à améliorer. Notre dialogue social était trop encadré, il fallait lui donner de la souplesse ».

« Le code du travail français donne désormais beaucoup de marge de négociation en entreprise, a reconnu Jean-Denis Combrexelle, président du haut conseil du dialogue social. Il faut maintenant mobiliser les acteurs et changer notre culture trop attachée à la loi. Mais, l'implication des n°1 d'entreprise est fondamentale, et c'est loin d'être le cas partout. Il faut faire attention au choix du DRH et des négociateurs, et avoir du courage. Enfin, n'oublions pas qu'il n'y a pas de bonne négociation d'entreprise sans bonne négociation de branche ».