Julie Gaillot, de l’institut CSA, Frédéric Ferrer, animateur, Bruno Lucas, délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), Patrice Guézou, directeur général de Centre Inffo.

« Les actifs prêts à s'emparer eux-mêmes de leur trajectoire » (Bruno Lucas, DGEFP)

« La crise agit en ouverture, en épanouissement, en envie de se réaliser, de se reconvertir, de se former », a indiqué Julie Gaillot, directrice du pôle Society de l'institut CSA, en commentant les résultats du second Baromètre formation et emploi réalisé par Centre Inffo en partenariat avec l'institut CSA. L'agilité des actifs, leur mobilité sont inattendues, quand le contexte de crise laissait craindre un repli sur soi et sur son emploi, a-t-elle estimé, lors d'un webinaire organisé par Centre Inffo mercredi 10 février.

Par - Le 12 février 2021.

Si la crise a endommagé la confiance que les actifs placent en leur futur professionnel (68%, - 7 points par rapport à février 2020), notamment les plus âgés et les ouvriers, ils sont 49% à envisager de changer d'emploi à court ou moyen terme, un désir de mobilité pour lequel la formation professionnelle est un enjeu crucial. Pour Bruno Lucas, délégué général à l'emploi et à la formation professionnelle, « il y a en effet un repli de la confiance dans l'avenir professionnel très lié au contexte de la crise, mais la conviction des actifs que leur métier va évoluer est un élément de lucidité collective sur les leviers à actionner ».

La formation est de mieux en mieux considérée : neuf actifs sur dix jugent qu'elle est nécessaire pour conserver son employabilité (+4 points), une chance pour évoluer professionnellement (89%, +2), et ils sont moins nombreux à la juger inutile (27%, - 9 points). Ils intègrent leur part de responsabilité en la matière, 78% considèrent que c'est avant tout leur responsabilité de se former (+14 points) et 86% pensent qu'ils sont les premiers acteurs de leur parcours, devant les organismes de formation (75%) et les entreprises (74%).

« Un enjeu national »

« C'est une très bonne nouvelle, pour Bruno Lucas, les actifs sont prêts à s'emparer eux-mêmes de leur trajectoire, ce qui était précisément l'orientation de la loi de 2018. Mais la question des compétences est un enjeu national pour les pouvoirs publics. C'est de la responsabilité des actifs mais aussi des entreprises, de l'ensemble de la société pour faire en sorte que les entreprises disposent des compétences dont elles ont besoin au bénéfice du développement collectif. »

Patrice Guézou, directeur général de Centre Inffo, s'est dit « sensible au fait que les salariés soient acteurs de leur trajectoire de vie », ce qui exige « des réponses appropriées de la part de l'écosystème de la formation ». Pour lui, la confiance manifestée par les salariés est « le fruit de l'enrichissement de l'offre de formation sur les territoires », avec les territoires apprenants, « via les plateformes numériques qui se sont démultipliées avec la période contrainte que nous vivons. La confiance est au rendez-vous et les actifs sont attentifs aux environnements propices à l'engagement en formation ».

De la notoriété ou pas…

Certains dispositifs sont mieux connus que d'autres, comme le CPF. Un succès pour Bruno Lucas : « Le pari du CPF, c'est de donner un principe de droit et de travailler concrètement sur la manière dont on y accède. Sans intermédiaire, à travers une application téléchargée plus de 7 millions de fois, ça marche ! Le dispositif fait partie de la vie quotidienne des usagers et je suis confiant, les dispositifs plus récents vont prendre leur place dans le paysage. »

Le Baromètre révèle encore, pour plus de la moitié des répondants, un sentiment d'être mal informés, un enjeu-clé pour Centre Inffo. Patrice Guézou l'a indiqué : « On ne peut pas se satisfaire de ce sentiment partagé vis-à-vis de l'information sur les dispositifs… L'information mérite d'être articulée, nous devons mieux travailler ensemble, pour capter les données des branches, des Opco, des Carif-Oref, pédagogiser et valoriser. C'est un très beau chantier de service public de l'information sur les mobilités professionnelles ! »

Des reconversions

La seconde édition du Baromètre laissait une large place aux reconversions, sujet d'actualité s'il en est. Surprise encore pour Julie Gaillot, la raison numéro 1 motivant le désir de reconversion, exprimée par 47% des actifs, est de trouver un métier proche de ses valeurs, devant l'amélioration de l'employabilité et de la rémunération. « La crise exacerbe la quête de sens », relève-t-elle, surtout pour les cadres et les habitants de l'Île-de-France.

Pour Bruno Lucas, « un des premiers éléments pour la reconversion c'est de disposer d'un parcours de formation et d'un accès clair au financement ».

Exprimant un satisfecit pour les dispositifs soutenus par les pouvoirs publics pendant la crise (FNE-formation, plan de relance), il a évoqué les ambitions de Transitions collectives : « Ce dispositif original se met en place et répond aux enjeux individuels de personnes qui ont envie et besoin de se reconvertir et aux enjeux de nos territoires et de nos entreprises. »


Pour aller plus loin:

Baromètre de la formation et de l'emploi Centre Inffo-Institut CSA. Questionnaire administré par internet du 14 au 21 janvier 2021 auprès de 1 626 actifs français âgés de 18 ans et plus.

Lien pour télécharger l'étude.