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Le Conseil régional d’Île-de-France annonce la mise en place d’un fonds d’urgence pour les CFA

À l’approche d’importants changements dans le paysage de l’apprentissage, la Région Île-de-France confirme son engagement dans cette voie de formation. Vincent Jeanbrun, son délégué spécial à l’emploi, à la formation professionnelle et à l’apprentissage, annonce ainsi une hausse de 5~% de l’aide aux apprentis et la mise en place d’un fonds d’urgence pour soutenir les centres de formation d’apprentis (CFA) qui rencontreraient des difficultés. La Région s’engage par ailleurs dans le Plan d’investissement dans les compétences (Pic) avec pour objectif de poursuivre ses actions en faveur de l’innovation.

Par - Le 07 décembre 2018.

Le Quotidien de la formation  : Quel budget sera alloué par la Région Île-de-France à la formation professionnelle et à l’apprentissage en 2019 ?

Vincent Jeanbrun : Nous sommes en 2019 sur un budget global d’environ 600 millions d’euros dont une enveloppe de 22 millions d’euros pour l’investissement dans les centres de formation d’apprentis (CFA). Avec les ressources issues du plan d’investissement dans les compétences (Pic), le budget total s’élève à 700 millions d’euros. Dans le détail, cela représente une forte augmentation pour la formation professionnelle puisque nous étions en 2018 sur une enveloppe de 567 millions d’euros. En ce qui concerne l’apprentissage, notre budget d’investissement est en baisse par rapport à 2018, année où nous avions atteint un record avec 33,2 millions d’euros. En 2019, nous revenons donc à des niveaux de budget équivalents à ceux des années précédentes.

QDF : Comment allez-vous intervenir précisément dans le domaine de l’apprentissage, sachant que le rôle des Régions va évoluer en 2020 ?

V.J : Malgré la remise en cause de nos prérogatives, nous restons mobilisés pour accompagner le développement de l’apprentissage. En 2019, l’enveloppe allouée aux aides aux apprentis va augmenter de 5 %, ce qui représente une augmentation de 20 euros par bénéficiaire. En parallèle, nous continuerons à soutenir les CFA. Nous mettons en place un fonds d’urgence doté de 12 millions d’euros pour aider ceux qui rencontreraient des difficultés dans le cadre de la réforme.

QDF : Quelles difficultés anticipez-vous ?

V.J : L’évolution du mode de financement inquiète les CFA qui ont aujourd’hui un positionnement haut de gamme. Le niveau de prise en charge décrété au niveau national pourrait s’avérer insuffisant pour eux. Par ailleurs, les entreprises n’auront plus la possibilité de flécher la taxe d’apprentissage vers un CFA en particulier, ce qui pourrait poser problème à certains établissements. Enfin, l’ouverture du marché va rebattre les cartes. De nombreux organismes de formation vont être tentés de se lancer dans l’apprentissage. Cette concurrence sera bénéfique pour les apprentis mais elle risque de mettre à mal certains CFA. Une de nos craintes c’est qu’il y ait une cannibalisation des acteurs dans les grandes villes et un manque d’offre dans les territoires moins denses en termes d’activité.

QDF : Les Régions auront en 2020 une dotation pour compléter si besoin le niveau de prise en charge. Comment comptez-vous l’utiliser ?

V.J : : À ce stade, nous ne nous connaissons ni le montant de cette enveloppe, ni la façon dont elle sera répartie dans chaque Région. Nous comptons utiliser ces ressources dans une logique d’aménagement du territoire mais aussi pour accompagner l’innovation dans les CFA.

QDF : Quel est votre positionnement par rapport au Plan d’investissement dans les compétences (Pic) ?

V.J : Nous sommes dans la dernière ligne droite de la négociation du Pacte régional. En 2018 déjà, le Pic nous a permis de proposer 24 000 formations en plus des 39 000 que nous avons financées. Le Pacte que nous allons signer va nous permettre de porter des projets variés et de renforcer notre dynamique d’innovation. Nous prévoyons par exemple d’utiliser des techniques de théâtre-forum et d’improvisation pour le développement de compétences de base ou encore de proposer des actions très ciblées pour des personnes sous main de justice. Dans un autre registre, nous allons soutenir l’innovation en organisant en février 2019, les assises de la Jobtech afin de permettre aux financeurs de rencontrer des start-up du secteur de l’emploi et de la formation.