Patrick Gilbert, conseiller scientifique auprès d'Entreprise & Personnel : “Un observatoire des métiers doit être un lieu de dialogue et de prospective"
Par Sandrine Guédon - Le 16 novembre 2010.
Docteur en sciences de gestion, habilité à diriger des recherches en gestion et en psychologie, Patrick Gilbert est professeur à l'IAE de Paris (Université Panthéon-Sorbonne) où il dirige le master “Management-administration des entreprises". Il est aussi directeur de recherche au Gregor (Groupe de recherche en gestion des organisations).
L'étude “Les observatoires des métiers, état de l'observation prévisionnelle en entreprise" [Téléchargement sur [Entreprise-personnel.com réservé aux adhérents de l'association. [/footnote] a été réalisée par Gregory Vlamynck et Patrick Gilbert, pour l'association Entreprise & Personnel [ 1 ]Entreprise & Personnel est un centre d'études et de conseil en matière de ressources humaines regroupant des grandes entreprises du secteur public et du secteur privé. .
Pourquoi vous êtes-vous intéressés aux observatoires des métiers ?
Ce travail s'inscrit dans les interrogations générales du moment sur les effets de la GPEC dans les entreprises. Une question qui fait d'ailleurs l'objet d'un appel à projets du ministère du Travail. Ce que nous voulions, c'était explorer un aspect de la GPEC qui recouvre quantité de choses. Les observatoires sont plus faciles à repérer, il y a une certaine visibilité sur ce qu'ils produisent, ce n'est pas qu'un “système".
Selon vous, qu'est-ce qu'un observatoire des métiers “idéal" ?
Il doit être un véritable lieu de dialogue social, entrer dans la pratique RH et être utilisé comme un outil de gestion de l'entreprise. Or, actuellement, il existe une dispersion du système. Il n'y a pas d'exemple où convergent ces trois éléments.
Vous parlez de pratiques tâtonnantes, de points de vue différents sur ce qu'est la GPEC. Quelles en sont les conséquences ?
L'observatoire n'observe que lui-même ! Ou alors, il sert de rétroviseur sur ce qui a été fait, à partir des données fournies par l'entreprise, sans prospective sur les emplois et les qualifications. Le risque est la “ritualisation" : des éléments apparaissent, on les regarde et on passe à autre chose ; on établit une sorte de bilan social que l'on étudie une fois par an. Ce n'est pas parce que le mot “observatoire" est inscrit dans un accord GPEC qu'il existe effectivement, qu'il apporte quelque chose à la gestion de l'entreprise.
Malgré tout, existe-t-il de “bons élèves" ?
Oui, la plupart du temps dans les entreprises qui ne l'affichent pas en tant que tel. Ce sont souvent les systèmes les plus utiles, et pas nécessairement dans les plus grandes entreprises, car ils s'attachent à “observer" une population en particulier sur le long terme.
Quel avenir, alors, pour les observatoires ?
L'important n'est pas de considérer l'observatoire comme une fin en soi. On ne peut pas le mettre en place et réfléchir ensuite à quoi il va servir. Il faut inscrire les sujets sur lesquels il doit travailler et se donner un objectif. C'est le cas dans certains secteurs professionnels où l'observation a fonctionné : la DCNS[ 2 ]Direction des constructions navales, des services et systèmes. www.dcnsgroup.com a mis en place un plan sur trente ans pour la construction de navires armés. Autre point important : la place des partenaires sociaux. Il faut une véritable collaboration entre les acteurs de l'entreprise - mais cela suppose un certain climat social.
Notes
1. | ↑ | Entreprise & Personnel est un centre d'études et de conseil en matière de ressources humaines regroupant des grandes entreprises du secteur public et du secteur privé. |
2. | ↑ | Direction des constructions navales, des services et systèmes. www.dcnsgroup.com |