Jacques Bahry, président du Fffod et vice-président de la FFP : {“Former, ou accompagner l'acquisition formelle et informelle des savoirs ?"}

Les 9es Rencontres du Fffod, à Orléans le 15 novembre, ont enregistré une belle affluence. C'est un signe ?

Absolument, la FOAD est un sujet qui intéresse un nombre croissant d'acteurs de l'éducation, de la politique et de la formation professionnelle ! D'ailleurs, le discours introductif tenu par François Bonneau, président de la Région Centre, n'a été en rien un simple discours d'accueil : il s'agissait, au contraire, de propos soulignant la réelle connaissance des enjeux de la formation ouverte et à distance d'un élu régional. De fait, la FOAD connaît deux niveaux d'innovation. Si le premier est international, le second, que je qualifierai de “niveau de terrain" se déploie au sein des territoires en tenant compte des pratiques des usagers. Consolider les initiatives locales en matière de formation à distance se révèle capital.

“À distance"… Ce terme est-il donc incontournable ?

Faut-il d'ailleurs parler de distance, dès lors qu'un enseignant ou qu'un formateur est présent en ligne auprès de ses apprenants en temps réel ? À ce terme de “FOAD", qui s'avère trop flou pour que chacun comprenne les problématiques qu'il implique, je préfèrerais “pédagogie appuyée sur des outils numériques".

Mais, au-delà de la question terminologique, le vrai sujet sur lequel impliquer les acteurs de la formation ouverte et à distance demeure sa montée en puissance. L'époque des pionniers est terminée, et les innovations présentées au cours de ces 9es Rencontres, qu'elles proviennent d'institutions comme le Cned ou l'Afpa, ou de groupes tels que Total ou l'eXia Cési, constituent la preuve de l'existence d'une problématique de fond : celui de la “formation autrement", qui remettra peut-être en cause la pédagogie traditionnelle. Cette génération aura tellement baigné dans un environnement numérique que l'enseignement traditionnel ne sera plus adapté à ses habitudes !
S'agira-t-il, à l'avenir, de réellement former, ou d'accompagner l'acquisition formelle ou informelle des savoirs ? Peut-être ce débat sera-t-il l'objet de prochaines Rencontres des acteurs de la FOAD.

Avec quelles autres pistes ?

Les Rencontres du Fffod, depuis plusieurs années, s'ouvrent à d'autres professions que celles relevant des domaines de la formation ou de l'enseignement. Lors d'un précédent forum, un représentant des bibliothécaires et documentalistes était venu présenter les évolutions induites par le numérique dans sa profession. En 2011, c'est Francis Pisani, journaliste indépendant, écrivain et blogueur (Transnets, Winch5) qui était venu témoigner de l'influence du web 2.0 et de ses applications dans les domaines de l'information. Il est important que le monde de la formation demeure informé des idées, des perspectives et même parfois des inquiétudes suscitées par l'évolution des outils numériques dans d'autres professions. Leurs expériences peuvent aussi devenir les nôtres !