E-Learning : un marché mondial de 32 milliards de dollars

Par - Le 01 décembre 2012.

50 milliards. C'est ce que pourrait peser le marché du e-learning dans le monde à l'horizon 2015, à en croire les estimations de l'entreprise américaine Ambient. Leader du marché : Skillsoft, avec un chiffre d'affaires de 320 millions de dollars annuels (il vient, cette année, de racheter ses deux principaux concurrents), dont 80 % de l'activité se situe en Amérique du Nord et au Royaume-Uni. Alors, le e-learning, un outil de formation uniquement valable pour les anglo-saxons ?“Cela fait partie des nombreux clichés existant sur la formation en ligne", affirmait Pascal Debordes, directeur des solutions e-learning au sein de Cegos, le 12 novembre dernier, à l'occasion du rendez-vous annuel du e-learning organisé par Speexx Exchange.

Autres idées reçues : le e-learning ne fonctionnerait qu'avec les jeunes. Faux, là encore. Le e-learning ne fonctionnerait que sur support tablettes. Raté : seuls 25 % des programmes e-learning sont consultés à partir de tablettes ou de smartphones. Dernier cliché : le e-learning ne marcherait qu'à condition que les contenus pédagogiques soient disponibles gratuitement. Sur ce point, le débat n'est pas clos. Pour Pascal Debordes, “toute bonne pédagogie a un coût et les solutions les plus attractives et les plus efficaces demeurent payantes". Michel Diaz, directeur du cabinet Féfaur et rédacteur en chef de la eLearning Letter, en revanche, reconnaît qu'un certain modèle économique reposant sur la gratuité peut fonctionner.

Ainsi, les contenus pédagogiques mis en ligne par les Universités d'Harvard et de Berkeley sont effectivement gratuits… “mais l'examen et la certification, eux, sont payants, explique-t-il. C'est très malin de la part de ces Universités, qui en retirent un profit estimé à 60 millions de dollars par an ! Il est dommage que les organismes français et européens ne se projettent pas dans modèle".

Demeure la question des contenus. Pour Pascal Debordes, “une entreprise comme Skillsoft ne parviendra pas à devenir le McDonald de la formation e-learning en imposant le même menu partout dans le monde. Les habitudes de consommation sont extrêmement différentes en fonction des habitudes culturelles". En effet, aux yeux des Français, il faut avant tout que les produits soient esthétiques. Les Espagnols ou Mexicains ont tendance à ne faire confiance qu'aux contenus accolés à une Université. Les Anglais, pour leur part, souhaitent que les dispositifs distanciels soient certifiés par des experts. L'avenir des entreprises e-learning, selon Michel Diaz ? “Des organismes de taille internationale, mais des contenus sur étagère produits à l'échelon local."

Tour du Monde

L'idée selon laquelle la formation “distancielle" pourrait un jour prendre le pas sur son équivalente présentielle est aujourd'hui battue en brèche. En Europe, 90 % des sessions de formation sont encore effectuées en salle (88 % en Espagne, devenue proactive sur le e-learning au milieu des années 2000, 90 % en Allemagne et 95 % en France, qui demeure encore très conservatrice quant à son rapport à la formation présentielle). Le sud-est Pacifique, en revanche, connaît une importante montée du e-learning. Hors du Japon et de la Corée – particulièrement en avance sur les nouvelles technologies – Hong-Kong, l'Inde ou la Malaisie constituent de “bons élèves" des formations à distance. Le modèle chinois, en revanche, reste attaché à la salle de classe, puisque seulement 15 % des Chinois en formation l'effectuent (toute ou partie) via le e-learning. L'Asie Pacifique, en général, constitue l'une des grandes zones mondiales où la formation pour adultes (sous toutes ses formes) connaît un important essor. Le marché de la formation y représentait, en 2011, un chiffre d'affaires de 54 milliards de dollars, destinés à rattraper, à termes, les 70 milliards européens, voire les 73 milliards de l'Amérique du Nord. Quant à l'Amérique du Sud, si elle peut sembler loin derrière (le marché annuel de la formation n'y est que de 6 milliards de dollars), elle compte tout de même quelques pays “pionniers" misant de plus en plus sur les apprentissages tout au long de la vie : le Mexique, le Brésil, le Chili ou encore la Colombie. L'Afrique, quant à elle, n'investit dans la formation qu'à hauteur de 2 milliards de dollars par an, mais certains pays (l'Afrique du Sud, le Maroc ou l'Égypte d'avant la révolution de Jasmin) commencent à se démarquer du reste du continent.