“L'art de décider" : une pédagogie du détour

Par - Le 16 septembre 2012.

“Si les questions d'organisation, de motivation, d'animation des équipes, de communication ou de gestion du temps sont souvent évoquées lors des formations de management, celles liées à la prise de décision en tant que telle sont très souvent absentes", constate Guy Uzan, consultant en management et en communication, et président de la société Univers-Clients. Il propose avec Bruno Jarrosson, spécialiste de la théorie des organisations [Directeur associé du pôle stratégie chez DMJ Consultants, [Bruno Jarrosson est également enseignant à Supélec (philosophie des sciences) et à Paris IV Sorbonne (théorie des organisations). Il est auteur et co-auteur de nombreux ouvrages.[/footnote] , un séminaire dédié à “L'art de décider".

Proposée aussi bien en intra qu'en interentreprise, il a pour base la réunion stratégique du 6 avril 1917 qui décida de l'attaque du Chemin des Dames, cause de 200 000 morts. Car “cette ultime réunion, qui a vu hommes et points de vue et ambitions s'affronter, est une source d'enseignements et de réflexions en termes de prise de décision." En effet, s'enthousiasme Philippe Le Roux, consultant spécialiste du leadership culturel et humain [ 1 ]Philippe Le Roux, est président-fondateur de [Key People-www.key-people.fr], un institut de formation et d'accompagnement de dirigeants et d'équipes de direction. , qui est venu travailler sur le projet, “mieux qu'une formation, cette démarche d'apprentissage se fonde sur une pédagogie du détour, du déplacement, de l'analogie, qui permet de réfléchir au transfert de sens, à la correspondance avec l'univers habituel des dirigeants et des managers. De plus, elle offre la distance et le recul qui nous fait défaut aujourd'hui."

“Personne n'est à l'abri d'une mauvaise décision"

La formation commence par la représentation de la pièce de théâtre écrite par Bruno Jarrosson, “Le Chemin des Dames", interprétée par des comédiens professionnels. Les participants de la formation assistent à ce moment historique qui réunit les plus hautes personnalités de l'État, dont le président de la République en personne (Raymond Poincaré), le président du Conseil, son ministre de la Guerre et ses principaux généraux. “C'est une façon de faire vivre aux managers et aux dirigeants l'ambiance et les circonstances de la prise de la décision idéologique de cette offensive", précise Bruno Jarrosson. Cette représentation a “une portée émotionnelle forte", d'autant qu'elle est suivie d'échanges entre les participants, répartis en groupes de six à huit. “Il s'agit de leur faire prendre conscience que, loin d'être unique, une telle situation se répète dans nos entreprises. Personne n'est à l'abri d'une mauvaise décision. Les pires décisions sont prises avec la certitude de bien faire, précise Bruno Jarrosson. Quand il ne s'agit pas, parfois, de ne pas faire de choix du tout ! Comment expliquer qu'un processus performant déraille soudain ? Qu'est-ce qui met en péril le mécanisme de la décision ?"

La session se poursuit par une conférence de Bruno Jarrosson qui met en perspective les aspects et ingrédients essentiels de la décision. “Nous n'avons pas souvent le temps de nous interroger sur ce qui, en définitive, motive nos décisions : la conviction de faire le meilleur choix face à une situation et la volonté de le faire accepter par nos interlocuteurs", soutient Maher Houdrouge, directeur général de Balas, entreprise spécialisée dans le second œuvre. Cette formation l'a alerté sur les dangers que peut représenter... la certitude d'avoir raison.

Or, observe Bruno Jarrosson, “garants de la stratégie de l'entreprise et convaincus d'avoir toujours raison, les managers et les dirigeants ont tendance à imposer leur vision. Souvent déconnectée du réel et de ses contraintes".

Notes   [ + ]

1. Philippe Le Roux, est président-fondateur de [Key People-www.key-people.fr], un institut de formation et d'accompagnement de dirigeants et d'équipes de direction.