Neuf plateformes open source passées au crible d'une étude comparative

Par - Le 16 octobre 2012.

À l'instar des logiciels libres, les plateformes de formation open source présentent l'avantage de la gratuité et de la disponibilité immédiate (sur simple téléchargement à partir du site source), sans requérir l'intermédiaire d'un conseiller commercial, d'un installateur ou d'un tutoriel payant. Dans ces conditions, elles conviennent particulièrement aux organismes de formation, aux consultants et aux formateurs indépendants qui souhaitent mettre en œuvre des programmes pédagogiques numériques rapidement et de façon indépendante.

Toutefois, si ces plateformes open source présent le plus souvent des fonctionnalités communes et reposent sur un socle technologique relativement semblable, elles n'en différent pas moins sur bien des points. C'est en partant de ce principe de départ qu'en juin dernier, le cabinet d'études et de conseil Stratice a commandé à Jean-Yves Loiget, formateur consultant en FOAD, un premier benchmark portant sur les fonctionnalités comparées (pédagogiques, principalement) de neuf plateformes open source. Benchmark dont les conclusions sont, depuis le 29 septembre, disponibles (de façon payante) sur le site du cabinet conseil.
Pourquoi neuf et non davantage ? Jean-Luc Peuvrier, directeur de Stratice, s'en explique : “Afin de réaliser cet audit, nous avons tenu compte de trois critères. Il fallait que la plateforme existe en libre téléchargement, qu'elle soit régulièrement remise à jour et qu'elle soit en langue française ou, tout au moins, dispose d'une VF." C'est donc en partant de ces données que les auteurs du benchmark auront retenu Chamilo, Claronline, Dokeos, Formagri, Ganesha, Ilias, Moodle, Olat et Spiral comme plateformes soumises à leur examen. “Nous nous sommes placés du point de vue du formateur, du recteur d'Université ou d'établissement scolaire et non de l'informaticien pointu. C'est pourquoi nous avons évacué de l'étude toutes les fonctionnalités techniques", poursuit Jean-Yves Loiget.

Cinquante critères de comparaison

L'étude a donc consisté à décrire, analyser et comparer à la fois les outils, leurs fonctionnalités et leurs potentialités selon cinquante critères regroupés en douze grands domaines [Variété et qualité des outils pédagogiques ; Intégration, création et gestion de documents (simples et multimédia) ; Intégration, création et gestion de contenus Scorm ; Personnalisation des forums de discussion ; Gestion des inscriptions ; Gestion des utilisateurs (profils, tracking) ; Gestion des langues ; Modularisation (capacité à intégrer des extensions et des modules externes) ; Adaptation aux terminaux mobiles (tablettes et smartphones) ; Personnalisation des interfaces ; Facilité d'installation ; Pérennité, évolutivité.[/footnote]. “Toutes ces fonctionnalités ont été testées en grandeur réelle, notées sur une échelle de 1 à 5, et toutes les plateformes, à l'exception de Spiral, ont été installées sur nos propres serveurs et ont été utilisées selon les différents profils d'utilisateurs disponibles", résume Jean-Luc Peuvrier. En fin de course, c'est Moodle qui se place sur la plus haute marche du podium, obtenant trente-huit notes maximales sur cinquante items testés. Mais dans les faits, aucune des neuf plateformes examinées ne fait réellement office de lanterne rouge, chacune présentant des points forts non négligeables. Toutefois, le benchmark fait apparaître un certain nombre de disparités, s'expliquant, comme le rappelle Jean-Yves Loiget, “par un manque de standardisation des plateformes, la dernière norme en la matière (le Core [Scorm) n'ayant pas été réactualisée depuis 2004".

Les risques de l'alignement des plateformes sur le web 2.0
Des plateformes qui, dans le cadre d'une tendance générale, évoluent pour coller aux évolution du web 2.0 permettant de partager des contenus issus de sites communautaires tels que Youtube ou Dailymotion, de banques de données en ligne (Flickr), voire de se voir adjoindre des services de création et d'hébergement de blogs, mais aussi de mails ou de messageries instantanées. Une tendance qui ne fait cependant pas l'unanimité et peut même nuire aux objectifs pédagogiques de ces outils. “À force de multiplier les fonctionnalités issues du web 2.0, les plateformes risquent de se disperser par rapport à leur utilisation originelle", prévient Jean-Yves Loiget, citant une étude qui révèle que 70 % des apprenants ou des formateurs utilisant ces outils se montrent hostiles à l'idée de relier leurs comptes sur ces plateformes à leur profil Facebook. Une imbrication de plateformes et des réseaux sociaux susceptible de conduire à des effets particulièrement néfastes comme l'a appris à ses dépends un organisme de formation ayant permis à ses apprenants (des étudiants, dont certains mineurs) l'accès à des forums peu modérés. L'un des potaches ayant trouvé hilarant d'y poster des images à caractère pornographique, c'est l'organisme de formation qui fut traîné en justice par les parents de certains de ces étudiants mineurs… “L'événement est anecdotique", précise le consultant ès-FOAD, “mais d'autres problèmes plus fréquents peuvent survenir. Par exemple, si un formateur ou un apprenant partage un contenu vidéo issu de Youtube, quid des d'éventuels droits d'auteurs ? Idem s'il intègre un contenu susceptible de contenir un virus." Alors, la plateforme idéale devrait-elle restreindre ou, a contrario, étendre la possibilité d'interaction de ses utilisateurs ? Le débat n'est pas clos.