L'Espagne expérimente le tutorat

Si le terme “tuteur" est utilisé en Espagne, il n'existe aucune condition légale officielle concernant le statut du tutorat. Il s'agit, toutefois, d'un mode de formation qui se généralise actuellement dans le pays.

Par - Le 01 octobre 2008.

La législation sur la formation dans les entreprises ne concerne que le système officiel de formation professionnelle et éducative (FPE). Ainsi, le “programme de formation au travail" est organisé autour des activités de production. Un accord de coopération doit être conclu entre le centre de formation et l'entreprise, qui prévoit la nomination d'un tuteur dans chaque structure, ainsi que le programme de la formation qui inclut les activités réalisées au sein de la société. Des échanges entre les deux partenaires sont également programmés, ainsi que les modalités de contrôle et d'évaluation. Des accords régionaux ont été conclus sur le tutorat et s'appliquent aux centres de formation, ainsi qu'aux entreprises. Par exemple, un accord a été approuvé par le gouvernement de la Principauté des Asturies le 14 février 2006.

Pour les employeurs espagnols interrogés en septembre 2007, l'aspect le plus positif de l'action de suivi de l'entreprise est que les deux parties en retirent des avantages. Les apprentis apprennent beaucoup et participent, en même temps, aux activités de production. Le principal avantage pour les employeurs d'avoir un tuteur est de former des jeunes qui pourront intégrer ultérieurement l'entreprise comme salariés. Grâce à la pratique, l'entreprise est capable d'observer les apprentis, leurs aptitudes et attitudes, et de décider ainsi s'ils peuvent être de bonnes recrues ou non.

Inconvénients signalés : le tuteur est obligé de consacrer beaucoup de temps au stagiaire. Ceci conduit, estiment les employeurs, à une baisse de performance sur le chantier. Les employés acceptent volontiers les tâches d'encadrement du jeune, mais ils soulignent leur besoin d'être formés au comportement face au jeune et sur la transmission des savoirs. La collaboration entre les centres de formation et les entreprises doit également être améliorée.

La vertu la plus importante est la patience, estiment les tuteurs. Leur demande principale concerne leur formation non sur un plan technique, mais pédagogique et psychologique, afin d'améliorer la transmission des savoirs. Ils proposent également d'allonger la période de formation sur chantier afin de donner une meilleure formation aux jeunes apprenants. Les tuteurs demandent aux centres de formation un contrôle plus important des apprentis. Enfin, ils souhaitent que leurs obligations soient définies et pensent qu'ils devraient être autorisés à se concentrer uniquement sur les apprentis et à déléguer leurs tâches à d'autres travailleurs pendant toute la durée d'apprentissage.

Interrogés sur la qualité la plus importante d'un tuteur d'entreprise, les apprentis ont souligné l'importance de ses connaissances techniques et de sa capacité à faire preuve de patience. Par-dessus tout, il doit être conscient du fait que les apprentis sont dans l'entreprise pour apprendre et ne constituent pas une main-d'œuvre gratuite. D'une manière générale, les apprentis sont heureux de se voir confier des tâches qualifiées.

Quant aux formateurs des centres de formation, ils attendent du tuteur d'entreprise qu'il confie au stagiaire des tâches en rapport avec son parcours d'apprentissage. Ils pensent qu'avant tout, il doit avoir des qualités pédagogiques pour transmettre son savoir.