Xavier Baux, président de la CSOFA

“La loi ne change pas la durée des contrats de professionnalisation"

Par - Le 01 novembre 2009.

La nouvelle loi répond-elle au souhait de votre organisation d'une simplification du paysage de la formation professionnelle ?

Cette loi ne répond qu'imparfaitement aux souhaits de la Chambre syndicale des organismes de formation en alternance (CSOFA). En effet, les problèmes centraux pour les professionnels de l'alternance peuvent se résumer ainsi :
• ne pas avoir à renvoyer vers Pôle emploi des jeunes qui ont trouvé un employeur sous prétexte que l'Opca de sa branche ne finance pas, ou plus, ou pas encore, telle ou telle durée de formation ou tel ou tel type de formation ;
• ne pas laisser dans la précarité du dérogatoire les formations interprofessionnelles et diplômantes, admises par une majorité de branches, plébiscitées par les jeunes, mises en valeur par le président de la République dans son discours d'Alixan, et reconnues en régions par nombre de parlementaires. Sur ce plan, on peut s'étonner qu'un amendement sur la durée des contrats de professionnalisation n'ait pas été adopté, alors qu'il correspondrait à la fois aux souhaits exprimés par les jeunes, aux promesses du président, aux propositions de députés de la majorité avec l'éventuel soutien de certains députés de gauche et aux vœux des professionnels du secteur… ;
• parvenir à une vraie simplification du paysage, au moins par une harmonisation des pratiques d'une DDTE à l'autre, d'un Opca à l'autre, et même d'une région à l'autre, pour le même Opca. Sur ce plan, nous ne demandons même pas un système simple, mais juste un paysage lisible – ce qu'il n'est pas aujourd'hui – et unifié dans ses pratiques. La simplification c'est une chose, elle peut être difficile à mettre en œuvre, mais l'unification, ce devrait être aisé.
La loi n'intervient que très peu sur l'amélioration de ces situations, pourtant il s'agit-là de problématiques peu complexes, mais le “théâtre politique" n'est pas toujours facile à bouger, entre des acteurs sincères qui se focalisent sur des problèmes marginaux, des acteurs qui défendent leur pré carré, des acteurs qui n'osent pas aller au bout de leurs intentions… Malgré tout, il nous semble que, lors de nos auditions par le Sénat et l'Assemblée nationale, nos messages passent petit à petit. Hélas, le chômage des jeunes n'attend pas.

Quel impact la création du FPSPP pourrait-elle avoir sur les activités des organismes de formation en alternance ?

La question des financements est une chose, mais quand il y a, d'une part, un système qui utilise plus de 20 milliards d'euros, d'autre part, des priorités nationales comme la lutte pour l'insertion des jeunes, ce qui compte le plus, ce sont les effets de la volonté politique et la manière dont les lois sont appliquées… Sur ce plan, nous demandons, quant à nous, une chose simple : que le FPSPP puisse servir à financer les contrats orphelins qui sont une insulte aux logiques humaines, économiques et sociales. La loi ne l'interdit pas, elle ne l'affirme pas clairement non plus, donc nous continuons à tenter de convaincre. Jusque-là, sur les questions relatives à l'insertion des jeunes par l'alternance, les faits nous ont toujours donné raison. Nous aimerions que ce soit dans le positif plutôt que le négatif.