Julien Veyrier, directeur de Centre Inffo : {“Jouer un rôle direct dans l'amélioration des conditions d'accès à la formation" }

Par - Le 16 novembre 2011.

Quel regard portez-vous sur l'évolution de la formation professionnelle depuis la loi fondatrice de 1971 ?

La loi de 1971 et l'Ani qui a précédé portaient une ambition qui est devenue aujourd'hui une réalité pour des millions d'actifs. Sur les quarante dernières années, je vois au moins trois faits particulièrement remarquables. Le premier, c'est que ce système a réussi à s'organiser autour d'une gouvernance multiple (partenaires sociaux, État et Régions) et d'un consensus fort sur les objectifs à atteindre. Deuxième fait notable, la capacité du système à s'articuler autour d'échelles territoriales et de logiques professionnelles différentes, à la fois au niveau de l'État, des Régions et des branches. Il faut noter, enfin, l'implication croissante des individus dans l'exercice du droit à la formation, grâce à des dispositifs tels que le Cif ou du Dif. Peu à peu, la formation professionnelle s'est imposée comme un atout déterminant pour l'employabilité des personnes autant que comme un facteur décisif de productivité des salariés. Cela n'aurait pas été possible si les corps intermédiaires n'avaient pas eu la préoccupation constante de répondre aux attentes des salariés et des demandeurs d'emploi.

Que pensez-vous du débat sur le financement, notamment sur l'opportunité de supprimer l'obligation légale ?

Ce système de financement a fait ses preuves. Je note que beaucoup d'États nous l'envient et que certains ont adopté des dispositifs très proches du nôtre, à l'image du Maroc par exemple. Dans les faits, d'ailleurs, les entreprises vont bien au-delà des seuils fixés par l'obligation légale de financement. Dire que c'est l'obligation légale qui nuit à l'efficacité de la dépense de formation est, à mon sens, un raccourci un peu surprenant et ce, au moment même où le paysage des Opca est justement en pleine mutation.

Quel pourrait être l'apport du rapport commandé par le Premier ministre aux membres du Cese ? Selon vous, faut-il enclencher une nouvelle réforme ?

La formation professionnelle est un chantier permanent. Que le Conseil économique, social et environnemental, qui représente les forces vives de la nation, soit amené à réfléchir à l'évolution de la formation est tout à fait normal. En tant que directeur de Centre Inffo, en revanche, je n'ai pas à me prononcer sur l'opportunité d'une nouvelle réforme de la formation professionnelle.

Le paritarisme de gestion qui caractérise le système doit-il perdurer ?

Bien sûr ! Que les représentants des entreprises, qui concourent au financement du système de la formation professionnelle, puissent échanger en permanence avec les représentants des salariés bénéficiaires, c'est la condition d'une vraie démocratie sociale. C'est aussi un gage incomparable d'efficacité de ce système.

Quel rôle endosse Centre Inffo dans cette réforme de la formation ? Et dans le service public de l'orientation ?

Depuis son origine, Centre Inffo a pour mission de permettre aux acteurs de la formation professionnelle de maîtriser les enjeux et la complexité du système. Aujourd'hui nos missions évoluent : en plus d'être un observateur et un expert de la formation professionnelle, Centre Inffo est amené à jouer un rôle direct dans l'amélioration des conditions d'accès à la formation. C'est ainsi que nous avons été choisis pour être maîtres d'œuvre et chef de la maîtrise d'ouvrage du futur portail internet Orientation pour tous, sous l'autorité du Délégué à l'information et à l'orientation. Dans le même temps, nous sommes chargés de mettre en œuvre le futur système national d'information sur l'offre de formation, qui permettra d'assurer la prescription en ligne d'actions de formation. C'est une vraie reconnaissance de la compétence et du dévouement des équipes de Centre Inffo au service de notre mission d'intérêt général.