La formation des demandeurs d'emploi, une responsabilité partagée

Par - Le 16 novembre 2011.

La formation des demandeurs d'emploi, une responsabilité partagée
Les gouvernements successifs ont fait de la lutte contre le chômage de masse une priorité, avec leur lot de politiques et mesures volontaristes : contrats aidés, baisses de charges ou encore incitations à l'embauche. Or, alors que le manque ou la faiblesse des qualifications des demandeurs d'emploi est mise en avant pour expliquer leurs difficultés à retrouver un emploi, ceux-ci peinent à y accéder.

Le chômage de masse, apparu avec la crise pétrolière de 1974, reste à un niveau élevé proche des 10 % de la population active (avec des variations de 2 à 3 %), depuis les années 1990, et la situation du non emploi dû à la crise bancaire survenue à l'automne 2008 ne fait pas exception. Dans ce contexte, la formation professionnelle vient compléter ces dispositifs pour accompagner les ruptures de parcours, favoriser les reconversions, actualiser les compétences et préparer à occuper un emploi déterminé.

Entre 500 000 et 650 000 demandeurs formés par an

Entre 1973 et 2002, l'entrée des chômeurs en stage a été multipliée par six[ 1 ]“La formation professionnelle des chômeurs", Aurore Fleuret et Philippe Zamora, France portrait social 2004-2005, Insee. . En 2009, 576 000 demandeurs d'emploi ont suivi une formation de plus d'un mois, 5 % de moins que l'année précédente et en baisse constante depuis 2003, où étaient comptabilisées 650 000 entrées en formation, alors même que le chômage augmentait fortement, passant de 7,7 % de la population active au dernier trimestre 2008 à 9,6 % à la même période en 2009[ 2 ]“La formation professionnelle des demandeurs d'emploi en 2009", Dares analyses n° 57, juillet 2011. . Même si les formations des demandeurs d'emploi tendent à être plus longues et plus qualifiantes que celles des actifs, le problème d'un moindre accès des demandeurs d'emploi aux formations demeure.

Une responsabilité partagée

La formation professionnelle des demandeurs d'emploi est financée par quatre acteurs : la Région, l'État, l'Unedic et Pôle emploi. Secondairement, elle est aussi abondée, dans le cas de financements croisés, par les Opca, le FPSPP, les Départements (insertion) ou encore l'Agefiph[ 3 ]Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées. .

Compétentes depuis 1983 en matière de formation professionnelle, les Régions sont devenues le principal financeur de la formation des chômeurs. En 2009, elles ont assuré 62 % (contre 48 % en 2004) des coûts pédagogiques à leur endroit, résultat du transfert progressif des crédits de l'État dédiés aux actions de l'Afpa[ 4 ]Association pour la formation professionnelle des adultes. .

Avec 12 % de financement des coûts pédagogiques, contre 34 % en 2004, l'État continue à recentrer son action sur la lutte contre l'illettrisme et la formation de publics spécifiques. En nombre de stages, c'est une baisse de 73 % qui est observée sur la même période : ils sont passés de 671 000 en 1990 à 264 000 en 2000, puis 68 200 en 2009. Il a financé la formation de plus de 31 000 personnes aux “compétences-clés", un programme mis en œuvre en 2009, de 25 000 personnes handicapées dans des centres de rééducation professionnelle (CRP) et 20 000 détenus ont suivi un stage cofinancé par le Fonds social européen (FSE), les Régions et l'Acsé[ 5 ]Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances. .

Pôle emploi, qui a pris le relais de l'ANPE et des Assedic, a financé 15 % des stages, soit 13 % de plus que ce que faisaient les Assedic en 2008. Cela concerne les actions de formation conventionnées (AFC) et les actions de formation préalable au recrutement (AFPR, remplaçant les actions préalables au recrutement - APR - de l'État et les actions de formation préalable à l'embauche - AFPE - des Assedic. La préparation opérationnelle à l'emploi (POE) n'est pas comptabilisée dans ce bilan 2009, puisqu'elle a été introduite cette année-là. Elle a été élargie par la loi “Cherpion" pour le développement de l'alternance et de la sécurisation des parcours professionnels, entrée en vigueur le 30 juillet 2011 aux contrats de professionnalisation à durée déterminée (douze mois minimum) et aux contrats d'apprentissage).

Notes   [ + ]

1. “La formation professionnelle des chômeurs", Aurore Fleuret et Philippe Zamora, France portrait social 2004-2005, Insee.
2. “La formation professionnelle des demandeurs d'emploi en 2009", Dares analyses n° 57, juillet 2011.
3. Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées.
4. Association pour la formation professionnelle des adultes.
5. Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances.