Lionel Soubeyran, Sicfor-FCF : {“La profession de formateur-consultant indépendant se trouve à un tournant de son histoire" }

Par - Le 16 novembre 2011.

Quarante ans après la loi Delors de 1971 et trente ans après la fondation de la Chambre syndicale des formateurs consultants (CSFC), les formateurs indépendants représentent encore 34 % de l'offre de formation existante… mais seulement 4 % du chiffre d'affaires de la FPC. Qu'ils exercent leur profession sous le régime des SARL, des EIRL, des indépendants rémunérés en portage salarial ou, depuis 2009, au titre de l'auto-entreprenariat, ces “tailleurs sur mesure de la formation professionnelle" essaient toujours de se faire leur place au soleil face à la concentration des organismes de formation et la constitution de véritables mastodontes économiques et commerciaux sur ce marché.

“Nos « ancêtres » de la CSFC ont véritablement créé le métier de formateur-consultant indépendant", se rappelle Lionel Soubeyran, président du Sicfor-FCF, principale organisation représentative de ces freelances. “Avant la loi Delors, le modèle de la formation continue était calqué sur celui de l'Éducation nationale, à savoir celui de l'enseignant omniscient et omnipotent face à une salle de classe studieuse. Autant dire qu'en remettant à plat ce modèle, les pionniers de la CSFC ont inventé ex-nihilo une profession qui n'existait pas et que nous exerçons aujourd'hui encore." Un métier dont la principale plus-value consiste à définir, en amont, les besoins spécifiques de leurs clients et d'y apporter des solutions adaptées plutôt qu'une offre sur catalogue impersonnelle et, parfois, mal ciblée. “Une logique artisanale contre une logique industrielle", résume Lionel Soubeyran. Presque le pot de terre contre le pot de fer, puisque certains organismes de formation se sont transformés, au fil du temps, en entreprises cotées au Cac 40, ce que le président du Sicfor-FCF considère comme une dérive des objectifs initiaux de la formation professionnelle. “Certains indépendants sont devenus des sous-traitants réguliers pour des organismes de très grande taille, rappelle-t-il, mais parfois, ces formateurs-consultants sont engagés à des tarifs plancher qui, à terme, les condamnent économiquement."
Les freelances de la formation souffrent d'un cruel manque de visibilité ainsi que de réactivité en matière de réponse aux appels d'offres. Une situation face à laquelle ne voit qu'une solution : “Il nous faut apprendre à travailler davantage en réseau, assure-t-il, nous disposons d'une importante valeur ajoutée et d'un savoir-faire particulier, à nous de savoir le présenter et le mettre en valeur." Une nécessité à laquelle s'ajoute celle de définir clairement l'identité professionnelle des formateurs-consultants indépendants par rapport aux autres organismes. À cet effet, le Sicfor-FCF travaille depuis quelques années avec deux laboratoires universitaires en sciences sociales dans le but de dessiner les contours exacts de la profession. Un travail qui aboutira – normalement – en 2013, par la publication d'un livre intitulé Profession formateur-consultant.

“Notre profession se trouve à un tournant de son histoire, avertit Lionel Soubeyran. Notre avenir ne dépend que de nous : soit nous apprenons à construire des partenariats stratégiques entre nous pour répondre aux appels d'offres et acquérir une visibilité accrue sur le marché et, à cette condition, nous pourrons continuer à exister, soit nous sommes condamnés à n'être que des sous-traitants pour les grands groupes jusqu'à notre disparition…"