Martin Sycha, ministère de l'Enseignement : “La formation tout au long de la vie : projet phare "

Par - Le 16 décembre 2011.

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Clarifier la situation de la formation continue (souvent qualifiée de "reconversion professionnelle") en République tchèque constitue, depuis 2008, la mission du département de la formation professionnelle supérieure et continue, rattaché au ministère de l'Enseignement. Face à une société tchèque peu informée sur ce sujet – quant elle n'y est pas indifférente – et à 41 000 prestataires de formation fortement hétérogènes, les chargés de mission de ce département n'ont pas chômé, d'autant que la République tchèque, à l'image du reste de l'Europe, a subi les effets de la crise de 2007-2008.

“Du fait de l'impact de la crise sur notre économie, nous n'atteindrons pas le chiffre de 10 % d'actifs tchèques intégrés dans un parcours de formation continue à l'horizon 2015 comme nous l'avions initialement prévu", a ainsi regretté Martin Sycha, chargé de mission au sein de ce département lors des rencontres de la formation professionnelle et du e-learning à Prague, le 28 novembre 2011. Un constat qui n'empêche pas la notion de formation tout au long de la vie de demeurer l'un des projets phares du ministère. Reste, cependant, à s'attaquer à l'harmonisation de l'offre de formation, travail non négligeable puisque très peu de textes législatifs existent en la matière. “Une loi concernant le financement de la formation est actuellement en préparation", a néanmoins annoncé le représentant du ministère.

À terme, l'État tchèque s'est fixé un triple objectif : participer au développement de la formation continue, mettre en place un système de certification des formations effectuées et homogénéiser le marché, en tenant compte des spécificités territoriales des différents bassins d'emplois.

Parmi les projets actuellement en cours, la création d'un référentiel national des qualifications basé sur la loi 179/2006 sur la reconnaissance des formations (programme NKS2), prévu pour intégrer près de 11 000 références professionnelles. Actuellement 300 l'ont déjà été. Autre projet ministériel, Univ-2 vise la création de centres de formation tout au long de la vie. Une tâche facilitée par la démographie tchèque. “Notre population est vieillissante", a expliqué le représentant du département de la formation professionnelle supérieure et continue, “la République tchèque compte 320 sites éducatifs secondaires et supérieurs. Or, plusieurs écoles secondaires, par manque d'élèves, peuvent être amenées à fermer leurs portes et certaines filières de l'enseignement supérieur risquent également la fermeture ou la fusion au sein d'autres instituts... Reconvertir ces sites en centres de formation peut donc constituer un palliatif à leur fermeture ". Premier public concerné: les formateurs eux-mêmes qui pourront y apprendre la pédagogie spécifique aux adultes. “Nous escomptons en former 2 000 dans les années à venir", a anticipé Martin Sycha. Déjà bien avancé, ce programme sera bientôt clos et se verra remplacé par Univ-3, dispositif d'évaluation d'Univ-2. Dernier programme en cours, Koncept concerne l'analyse des besoins du marché du travail, de l'offre de formation existante, de leur adéquation et de l'aide financière susceptible d'être apportée aux entreprises (particulièrement aux TPE-PME) souhaitant former leurs salariés.

Deux autres projets sont destinés à être déployés dans un avenir proche : Prekvad, un programme de soutien national aux kariérové poradenství (conseillers d'orientation) du Bureau central du travail[ 1 ]Équivalent tchèque de Pôle emploi. comportant également un volet consacré aux formateurs permettant à ceux-ci d'analyser les tendances à venir du marché de l'emploi et d'en tenir compte dans leurs programmes d'apprentissage. Enfin, Cekos, projet plus iconoclaste, concernera le civisme des citoyens tchèques et leur offrira la possibilité de se former tant aux compétences-clé qu'aux bases du droit, de la finance, des compétences sociétales, de l'hygiène de vie et de la santé. “Ce projet a déjà été budgété à hauteur de 900 millions de couronnes[ 2 ]45 millions d'euros.", a annoncé Martin Sycha.

Notes   [ + ]

1. Équivalent tchèque de Pôle emploi.
2. 45 millions d'euros.