L'OIP déplore un financement précaire du dispositif de formation en prison

Par - Le 16 septembre 2012.

“On peut se demander vers quelles activités les personnes condamnées, soumises depuis la loi pénitentiaire à une obligation d'activité, seront orientées, compte tenu de la faiblesse des taux d'emploi en détention (24,3 % en 2010) et de formation professionnelle (8,5 %)." Ainsi s'exprime l'Observatoire international des prisons (OIP), dans son rapport 2011, intitulé Les conditions de détentions en France (chapitre 12, enseignement et formation).
Le dispositif de formation en prison est “inaccessible à une proportion de plus en plus importante de personnes détenues", souligne le rapport. La raison de ce constat tient à la précarité du financement de ce dispositif. “Les crédits alloués par le ministère de l'Emploi ont subi une baisse de 10,4 % entre 2006 et 2010, alors même que les coûts des prestations se sont accrus et que la population détenue a augmenté de 5,4 % sur cette période. Les fonds ministériels sont passés de 10,5 millions d'euros à 9,4 millions." Les crédits du FSE ont, quant à eux, “décliné de 21,4 % entre 2005 et 2010, passant de 7,4 millions d'euros à 5,8 millions". Cette baisse des crédits FSE trouve son origine dans la réduction globale des sommes versées à la France, mais également dans les choix de ventilation de ces crédits par le ministère de l'Emploi et les services déconcentrés du ministère en régions.
Conséquences négatives de ces réductions de crédits : “Le volume d'heures de formation assurées a ainsi été abaissé de 88 550 heures entre 2006 et 2010", indique le rapport. Quant au temps de formation moyen des détenus stagiaires, qui s'élevait à 191 heures par formation en 2000, il a chuté à 170 heures en 2006, puis 144 heures en 2010. Au sein de la Direction interrégionale des services pénitentiaires (Disp) de Lyon, par exemple, les formations assurées n'étaient plus que de 58 en 2008 (dans 22 établissements), contre 67 en 2006 (21 établissements). En conséquence, le nombre de bénéficiaires a chuté de 23 %, alors que la population détenue augmentait de 6,9 %. Trois nouvelles actions en “entretien des locaux" n'ont pu être programmées en 2009 faute de financement. “Le cas n'est pas isolé et dépasse le cadre de cette circonscription pénitentiaire", affirme l'OIP.