Arlette
Arnaud-Landau
La Région Auvergne qui prépare son PRDF, entend y associer “tous les acteurs de la formation", avec la volonté de l'inscrire dans la perspective du droit à la formation tout au long de la vie. Panorama des nombreuses pistes de travail.
Par Centre Inffo - Le 01 août 2005.
Inffo Flash : Quelles sont les grandes orientations de votre PRDF en cours d'élaboration ?
Arlette Arnaud-Landau : à travers l'élaboration du PRDF, dont l'adoption par l'Assemblée régionale est prévue pour la fin de l'année 2006, le Conseil régional d'Auvergne poursuit trois objectifs :
inscrire la politique de formation de la Région dans la perspective du droit à la formation tout au long de la vie, qui doit garantir à chacun l'accès à l'emploi, une sécurisation du parcours professionnel et une chance de promotion sociale et personnelle ;
proposer une politique de formation alternative au fatalisme de l'évolution démographique, pour faire de la formation un moteur au service du développement économique, durable et solidaire de l'Auvergne ;
dynamiser et rendre cohérent l'ensemble de l'appareil de formation régional pour un bénéfice partagé des usagers, des territoires et des entreprises.
Dans cette logique, le Conseil régional d'Auvergne a défini six enjeux pour le PRDF en Auvergne :
une région qui favorise l'égalité des chances entre tous les citoyens" ;
une région qui permet à chacun d'être acteur de sa formation tout au long de la vie" ;
une offre de formation qui permet l'accès et le maintien durable dans l'emploi et qui répond aux enjeux économiques de la région" ;
une offre de formation qui répond aux enjeux du développement durable et de l'attractivité des territoires" ;
une offre de formation qui contri-bue à faire de l'Auvergne une région
dynamique, attractive, ouverte sur l'Europe et le monde" ;
une offre de formation diversifiée et cohérente, pour un véritable service public de formation."
Ces six enjeux retenus seront déclinés en thématiques plus précises, qui vont faire chacune l'objet d'une réflexion menée au sein de 13 groupes de travail, associant les acteurs régionaux de l'emploi et de la formation concernés. En parallèle, une réflexion sur l'évolution de l'offre de formation par domaine sera menée, au sein également de 20 groupes de travail.
à l'issue de cette phase de concertation régionale, des réunions par bassin d'emplois seront organisées afin de travailler à la mise en œuvre concrète sur chaque territoire des axes précédemment définis.
Tout au long de ce dispositif de concertation, le Conseil régional est particulièrement attentif à l'expression de l'ensemble des acteurs, en cohérence avec le principe participatif des Assises territoriales organisées fin 2004 et qui ont montré l'énorme attente existant dans le champ de la formation.
Inffo Flash : Quelle place la Région accorde-t-elle à l'insertion des jeunes peu ou pas qualifiés ?
Arlette Arnaud-Landau : L'insertion des personnes peu ou pas qualifiées est une des préoccupations majeures de la Région. Et, tout naturellement, l'insertion des jeunes compte parmi mes priorités.
C'est pourquoi le Conseil régional d'Auvergne finance des formations destinées à des jeunes en difficulté et qui sont conduites en partenariat avec les structures d'accueil “jeunes" situées en Auvergne. En 2005, la Région a augmenté de manière très significative les crédits consacrés à ces actions, en les portant de 3,3 millions d'euros à 4 millions d'euros (soit une augmentation d'environ 20 %), afin de permettre à plus de 3 000 jeunes de bénéficier de ce programme.
à cela est venu s'ajouter, depuis le vote du budget primitif 2005, un outil complémentaire à nos interventions, situé en amont des actions de formation collectives. Celui-ci permet d'offrir à des publics en difficulté ou à des demandeurs d'emploi en nécessité de reconversion professionnelle un espace de découverte de différents métiers et des pratiques professionnelles.
Ce nouveau programme répond aux besoins des jeunes peu ou pas qualifiés en leur apportant une étape supplémentaire dans leur parcours vers l'emploi, et en leur permettant ainsi d'aborder, avec des chances accrues de succès, des
formations d'adaptation à l'emploi, des formations qualifiantes ou diplômantes.
Des moyens d'aide à la mobilité sont mis à disposition de ces jeunes par l'intermédiaire des Missions locales.
De plus, nous travaillons actuellement à la mise en place d'une École régionale de la deuxième chance. Ce dispositif spécifique offre aux jeunes les plus éloignés de l'emploi la possibilité et le temps nécessaire pour la réappropriation et la mise en œuvre de leur propre parcours d'insertion sociale et professionnelle avec des moyens pédagogiques renforcés, et surtout une forte participation de l'interconsulaire et du monde économique régional.
En 2006, j'accentuerai cette prise en charge en l'intégrant dans le programme de formation collective
en m'appuyant sur des partenaires essentiels tels que l'ANPE et les Missions locales, avec lesquels je souhaite renforcer notre collaboration.
La Région Auvergne va porter une attention toute particulière à l'insertion par l'économique (entreprises d'insertion, associations intermédiaires, entreprises de travail temporaire d'insertion). Je considère, en effet, qu'il s'agit d'une démarche des plus adaptées au retour vers l'emploi ou/et à la qualification permettant une confrontation à la réalité de l'entreprise.
Inffo Flash : Comment la Région compte-t-elle mettre en œuvre les responsabilités issues de la loi de décentralisation ?
Arlette Arnaud-Landau : Le premier axe que nous fixons dans l'élaboration du PRDF, à savoir la volonté d'inscrire la politique de formation de la Région dans la perspective du droit à la formation tout au long de la vie, ainsi que l'association de tous les acteurs de la formation à ce plan, illustrent la façon dont nous voulons mettre en œuvre ces nouvelles priorités.
Outre cet important chantier du PRDF, récemment lancé par le président Pierre-Joël Bonté, la Région a, dès la fin d'année 2004, travaillé en collaboration avec les services de l'État concernés (le Rectorat ou la Drass, notamment) sur la mise en œuvre de ces nouvelles compétences. Ainsi, la Région Auvergne a d'ailleurs été l'une des seules à prévoir, dès le vote du budget primitif (les 30, 31 janvier et 2 février 2005), une ligne budgétaire de 8,7 millions d'euros pour assurer, d'une part, le financement des établissements de formation sociale et paramédicale, et, d'autre part, le versement des bourses aux stagiaires des formations médico-sociales de la région.
Ces mesures d'anticipation nécessaires n'ont pas eu, à ce jour, les effets attendus, compte tenu du retard apporté par l'État à la publication des décrets d'application.
Pour l'Afpa, nous souhaitons que cette décentralisation se fasse dans les meilleures conditions, et donc, comme le suggère l'ARF, qu'un certain nombre de questions communes aux différentes Régions aient d'abord été traitées globalement au niveau national avec l'organisme de formation public.
Nous mettons donc tout en œuvre pour assumer les nouvelles compétences qui nous sont dévolues et pour permettre à la Région d'exercer pleinement son rôle fédérateur et sa responsabilité “structurante" de coordination des politiques de formation professionnelle dans l'espace régional, au bénéfice des publics jeunes et adultes, de l'économie et des territoires.
Bien évidemment, comme toutes les Régions, nous nous inquiétons d'une non-compensation intégrale par l'État du coût des charges transférées. Le surcoût doit être compensé par la redistribution d'une fraction de la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers). Je redoute que ce transfert financier ne soit insuffisant pour couvrir l'ensemble des frais et des coûts de formation inhérents à ces nouvelles compétences. Nous y serons particulièrement vigilants.
Propos recueillis par Sandrine Zadunayski