Belkacem

Aloui

Algérie : des conseillers en formation pour répondre aux acteurs territoriaux.

Un projet de formation-action, d'accompagnement et de voyages d'étude entre l'Algérie et la France, vient de prendre fin. À cette occasion, Belkacem Aloui, conseiller au cabinet du ministre algérien de la Formation et de l'Enseignement professionnels, répond à nos questions.

Par - Le 29 juillet 2008.

Inffo Flash - Quels sont les problèmes d'emploi et de formation spécifiques à l'Algérie ?

Belkacem Aloui - Nous avons en Algérie un taux de “déperdition scolaire" relativement élevé. La mission essentielle de notre ministère est de répondre à la demande sociale de formation de ces nombreuses personnes, ainsi que celles de tous les Algériens déjà en activité. Pendant les années 1990, de graves problèmes d'insécurité et d'instabilité ont ralenti durablement notre économie, entraînant la fermeture d'entreprises. Le ministère de la Formation et de l'Enseignement professionnels (MFEP) a mis en place des dispositifs de formation-reconversion. Ainsi, depuis 2000, l'État a redéfini une politique de relance de l'activité économique et mené des réformes afin d'adapter les offres de formation et de qualification aux besoins des secteurs en développement, notamment ceux du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique (BTPH), de l'artisanat traditionnel, du tourisme et des NTIC.

IF - Quelles actions concrètes ont été mises en œuvre ?

B. A. - Le MFEP a créé, en 1999, le Fonds national de l'apprentissage et de la formation continue (Fnac), chargé de la gestion financière des ressources issues du recouvrement des taxes relatives à l'apprentissage et à la formation continue. Celles-ci sont fixées à 1 % de la masse salariale, versée par l'ensemble des entreprises assujetties, à l'exception des administrations publiques. Comme en France, les entreprises ne réalisant pas le taux fixé sont tenues de le verser au Fnac. Sa mission est donc d'inciter les entreprises à se doter de plans de formation et de perfectionnement de leurs personnels. Pourtant, les responsables du Fnac regrettent, malgré les actions menées, de ne pas arriver à consommer la totalité des ressources collectées.

IF - Vous vous préparez à l'adhésion à l'OMC [ 1 ]Organisation mondiale du commerce. Comment travaillez-vous avec vos partenaires internationaux ?

B. A. - Le MFEP entretient des relations de coopération avec d'innombrables pays : France, Belgique, Italie, Canada, etc. L'ouverture de la formation professionnelle algérienne sur le monde est réelle. Nous travaillons avec le Canada sur l'approche par compétences, l'élaboration des contenus de formation, la construction de référentiels, etc.
Depuis 2006, nous avons développé un projet intranet reliant les établissements d'enseignement et de formation professionnels (EFP) et l'administration centrale. Et dans le cadre du projet “Académies Cisco“ mis en œuvre avec Cisco Systems, nous avons créé de nouvelles spécialités, telle que la “réseautique", c'est-à-dire la mise en place, l'administration et la maintenance des réseaux. Notre secteur dispose de 33 académies Cisco, dont 3 régionales gérant chacune 10 académies locales.

IF - Quelles sont les initiatives pour détourner les jeunes de l'émigration ?

B. A. - Le taux de chômage global en Algérie a été réduit de moitié sur cinq ans, passant de 30 % en 2001 à 15,3 % en 2005 et 12,3 % en 2006. Il a été estimé en 2007 à 13,8 %, avec 1,24 million de chômeurs pour 10,51 millions d'actifs. Mais les jeunes restent les plus touchés. Nous avons conclu avec différents secteurs économiques et des entreprises des conventions de partenariat dans lesquelles notre ministère s'est engagé à former pour leurs besoins spécifiques. Notre ministère saisit chaque année l'ensemble des walis (préfets) qui transmettent les besoins en formation de leur Wilaya (département) par domaine d'activité et par niveau de qualification souhaité. Sur cette base, nous construisons l'offre de formation. Cela suppose de les accompagner dans la clarification de leurs besoins. C'est une des missions du Fnac et de ses conseillers. Pour renforcer ce travail, nous avons créé des profils de conseillers en formation continue. Ils sont une cinquantaine, soit un par Wilaya.

IF - Ils ont été formés dans le cadre de programmes de coopération entre le MFEP et des organismes français ?

B. A. - Il faut distinguer les conseillers en formation du Fnac, formés dans le cadre du partenariat avec des organismes français, des conseillers en formation continue formés dans le cadre de la coopération avec la Belgique. Leur rôle et leurs missions sont différents, mais complémentaires. D'autre part, dans le cadre de la coopération avec la France, le Centre d'études et de recherche sur les professions et les qualifications (Cérpeq) a bénéficié de l'expertise du Centre Inffo. Ce projet (constitué de sessions de formation-action, d'accompagnement et de voyages d'études), qui a pris fin le 30 juin, a permis a l'organisme algérien d'affiner son organisation et de se doter d'un système d'information.

Propos recueillis par Knock Billy

Notes   [ + ]

1. Organisation mondiale du commerce