Soubeyran

Inffo Flash - Vous avez conduit récemment une enquête interne sur la perception du Dif de vos adhérents indépendants consultants et formateurs. Avec quels enseignements ?

Lionel Soubeyran - Nos adhérents ont noté le défaut d'information des salariés sur le Dif – pour les grandes entreprises, notamment. Une des vocations du Dif est d'apporter un “plus" pédagogique, grâce notamment à l'individualisation des parcours. Pourtant, nous repérons un risque de simplification et de standardisation de l'offre de formation, avec la tentation d'un retour à l'offre catalogue, beaucoup plus rentable, mais dont les limites pédagogiques ne sont plus à démontrer.
Nous nous interrogeons sur les modalités de mise en application du Dif, et craignons des dérives, voire un détournement du dispositif au détriment des salariés, mais aussi des formateurs-consultants, dont le cœur de compétences consiste justement en cette capacité à s'adapter aux situations spécifiques et à personnaliser la réponse pédagogique.
Selon notre enquête, les formateurs-consultants interviennent pour la plupart sur des formations intra entreprise, a priori non impactées par le Dif. Nous constatons que, pour les demandes de Dif, les employeurs se tournent vers les gros organismes qui ont restructuré leurs stages “inter entreprise" au format Dif. Or, l'enquête montre la présence significative de stagiaires Dif dans des formations intra du plan de formation. Certains s'en sont étonnés.

Pour ces raisons, l'instauration de ce dispositif n'a pas apporté de changements effectifs (organisationnels
et pédagogiques) dans nos offres de formation. En revanche, certains de nos confrères se sont demandé s'il
fallait orienter la présentation de leur offre vers le salarié plutôt que vers l'entreprise.

IF - Avez-vous cependant observé une évolution de la demande ?

L. S. - Nous constatons une évolution de la demande vers des actions plus courtes, ce qui fait craindre des pertes de contenus, des approches moins approfondies, car recentrées sur les basiques, moins interactives, moins personnalisées. Nous remarquons également que les demandes Dif à l'initiative des salariés semblent se recentrer sur les formations de type développement personnel, management et communication. Bref ce qui touche au “développement des ressources personnelles". De plus, il y a une recrudescence des offres faites par des mouvements sectaires sur les catalogues Dif, notamment sur des thèmes touchant au “mieux-être".

Par ailleurs, à propos de l'impact de la “portabilité" du Dif (pendant deux ans chez un nouvel employeur), dont on parle abondamment, au regard de leur activité, les adhérents du Sicfor n'expriment pas d'opinions claires. En fait, l'idée, récente, n'a pas encore fait son chemin et la question a pu prendre nos confrères de court. D'autant que la “portabilité" n'est pas encore une réalité, deux textes pour le moment s'opposant : celui du 11 janvier sur le marché du travail et celui du 8 janvier de la DGEFP - ministère du Travail.

IF - Il reste donc beaucoup à faire ?

L. S. - Nous estimons qu'il n'y a pas assez de publicité sur ce dispositif majeur de la loi du 4 mai 2004, que les salariés vivent comme une régression, dans la mesure où les formations Dif internes se font au détriment de la diversité des plans de formation antérieurs. De plus, il y a une césure entre les grosses entreprises et les TPE voire PME, où le dispositif n'est même
pas connu. Par ailleurs, les salariés
ne savent pas comment faire pour faire valoir ce droit, en cas d'absence de réponse ou réponse négative.

Mais ils ne veulent pas se montrer trop revendicatifs de peur de la confrontation.

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