Hervé

Estampes

Par - Le 16 février 2014.

“La qualité a un prix..."

Auditionné au Sénat le 21 janvier
dernier sur la situation de l'Afpa [ 1 ]L'Inffo n° 849, p. 6.,
vous avez déclaré “Une formation
low cost ne vous amène nulle part."
Qu'est-ce à dire ?


Que si vous voulez devenir plombier, ce
n'est pas possible en trois semaines. Vous
pourrez avoir une formation de plombier,
avec un magnifique diplôme, mais je ne
ferai pas de vous un véritable plombier.
Votre employeur s'en rendra compte assez
rapidement et ne vous gardera pas. Il y a un
temps incompressible pour former des gens.
Entre quatre et six mois. Les prestataires
de formation qui proposent des formations
courtes et à moindre coût ne mènent les
stagiaires nulle part, parce qu'elles ne
conduisent pas à l'emploi. Le “fait maison"
coûte plus cher que le surgelé, mais la
qualité a un prix.

Pour vous, les organismes qui forment à
bas coût... bradent ?


Ils leurrent les financeurs en leur proposant
de former beaucoup moins cher que l'Afpa.
Certes, les stagiaires restent en moyenne
six mois à l'Afpa, alors que la durée de
leur formation peut être, ailleurs, de deux
mois. Logiquement, cela revient moins cher
qu'avec l'Afpa. Sauf que notre formation est
sanctionnée par un diplôme reconnu par le
ministère du Travail et débouche sur un vrai
métier, sur un emploi. Alors que le “certificat
bonus" délivré à la va-vite par les prestataires
low cost n'est pas reconnu et ne donne pas
forcément accès au monde du travail.

Pourtant, certains syndicats de
l'Afpa critiquent la politique de la
modularisation prônée par la direction,
l'accusant de conduire à des offres
low cost
[ 2 ]L'Inffo n° 844, p. 20. ...

Ces critiques sont infondées et prouvent
qu'ils n'ont pas bien compris que la
modularisation nous permet de répondre aux
besoins des entreprises, de proposer des
formations personnalisées aux stagiaires.
Il s'agit de rendre notre offre plus souple
en l'adaptant au niveau de qualification
des stagiaires, de leurs besoins et de
leurs objectifs. Cela leur permet de ne
pas perdre leur temps. Et à l'Afpa, de
proposer des actions plus ciblées, donc
plus efficaces. La grande force de l'Afpa,
c'est son bureau d'études. Elle dispose d'un
centre d'ingénierie, avec 220 ingénieurs de
formation dont le métier est de concevoir des
méthodes pédagogiques, d'être en veille sur
les dispositifs de formation, et d'outiller sur
le plan national les formateurs en ressources
pédagogiques utiles.

Si l'on veut que les stagiaires retiennent
quelque chose de leur formation, il faut
que les formateurs soient bons et que la
pédagogie soit innovante. La plupart de
nos formateurs sont embauchés en contrat
à durée indéterminée ; nous les faisons
évoluer, nous les faisons travailler au centre
collectif des formateurs, qui vont dans des
entreprises, etc. Cela coûte forcément cher.
Si vous n'avez aucun formateur, que vous
remportez un appel d'offres et que vous
faites alors appel à un formateur non préparé
que vous envoyez devant des stagiaires,
alors, bien sûr, vous produirez à moindre
coût.

Propos recueillis par K. B.

Notes   [ + ]

1. L'Inffo n° 849, p. 6.
2. L'Inffo n° 844, p. 20.