Les 30 ans du Carif-Oref de Franche-Comté sous le signe de la lisibilité de l'offre de formation
Par Philippe Grandin - Le 06 novembre 2014.
Le Carif-Oref de Franche-Comté, appelé Efigip, a célébré le 3 novembre ses 30 ans, à Besançon. L'occasion d'évoquer son offre de services et d'expertise, dans le contexte de la récente réforme. Objectif : rendre plus lisible l'accès à la formation, pour répondre à l'élévation des niveaux de qualification.
“J'ai la conviction que le groupement d'intérêt public Efigip doit évoluer vers un rôle d'acteur, mais aussi constituer une ressource pour les territoires à côté du trio État, agglomérations et Région, pour traiter des enjeux emploi-formation aux côtés des partenaires sociaux." À l'occasion des 30 ans du Carif-Oref, organisés le 3 novembre à Besançon, Sylvie Laroche, vice-présidente du Conseil régional de Franche-Comté en charge de la formation, a rappelé que l'existence de cette structure repose sur “une volonté partagée de l'État et de la Région, quelle que soit la majorité en place, qui se traduit par un cofinancement, dans le cadre d'un contrat de plan État-Région".
Un outil partagé
De son côté, Éric Pierrat, président d'Efigip, et secrétaire général aux affaires régionales (Sgar), a reconnu que le nom Efigip lui-même “est un peu barbare, quand on s'adresse à l'homme de la rue". Il s'agit de l'acronyme d'Emploi, formation, insertion GIP. Et surtout d'“un outil partagé, destiné à aider les citoyens. Et aujourd'hui, de nouveaux chantiers nous attendent comme, par exemple, la mise en œuvre du Comité régional de l'emploi, de la formation et de l'orientation professionnelles (Crefop), successeur du Comité de coordination régional emploi-formation (CCREFP), dont nous allons assurer le secrétariat".
Le Carif (centre d'animation, de ressources et d'information sur la formation) Franche-Comté a vu le jour en 1984 et l'Oref (observatoire régional emploi formation) en 1994, mais “les deux ont vite fusionné pour fonctionner en symbiose", a souligné Éric Pierrat. “La crédibilité d'Efigip, en 30 ans, a fait ses preuves et notre équipe, composée de 6 personnes au début, compte aujourd'hui 15 personnes".
Le prédécesseur : Cedre Franche-Comté
“Au tout début, a témoigné Hubert Moreau, directeur du Carif-Oref de 1989 à 2001, nous étions les grossistes de l'information sur la formation en région. L'important était de bien connaître les partenaires sociaux, les entreprises, les formateurs, et de les aider dans leur fonction sur le droit à la formation... Le GIP Emploi, formation, insertion est issu de la transformation en 2008 de l'association Cedre [Centre de développement des ressources pour l'emploi] Franche-Comté, et ce passage a été marqué par un centrage de l'activité sur l'information et sur l'observation" en matière de mutations économiques et de sécurisation des parcours professionnels.
Prospective et aide à la décision
Outil destiné tant aux professionnels qu'au public, Efigip représente une offre essentielle de diagnostic, de prospective et d'aide à la décision sur les champs de l'emploi, de la formation et de l'insertion. Pour Sylvie Laroche, “il faut apporter au public de la lisibilité en matière d'accès à la formation pour répondre à différents enjeux et cela renvoie aux missions d'Efigip, à savoir observer − zoomer sur la problématique emploi-formation −, informer les décideurs et les publics pour construire les parcours et aider à la décision, diffuser et accompagner".
Des éléments contribuent en effet à rendre peu lisible cet accès à la formation. Par exemple, “la problématique du chômage, qui va systématiquement chercher une réponse avec la formation", a ajouté Sylvie Laroche. “Cela complexifie et alourdit la capacité du public a vraiment lire les évolutions profondes du champ de la formation", a-t-elle exposé.
Le droit à la formation tout au long de la vie
Côté enjeux, il faut répondre à “la nécessaire évolution des niveaux de qualification (cette évolution divise par cinq le risque de chômage parmi les jeunes) et à l'accélération des changements (technologiques, numériques, stratégiques des entreprises), en donnant à chacun des moyens de se former en permanence".
En outre, la vice-présidente considère qu'“il n'y a pas de droit à la formation tout au long de la vie s'il n'existe pas d'articulation entre formation initiale et formation continue. Ce droit reste donc à construire. De plus, il n'est pas interdit d'avoir des niveaux de régulation en matière de formation". Et d'évoquer, par exemple, le fait qu'un effectif important d'apprentis a pour conséquence une baisse du nombre d'élèves en lycées professionnels. À ce titre, “nous avons besoin de cohérence en matière de formation, et cette cohérence ne peut pas se réaliser au plan infrarégional", a-t-elle insisté.
Avant d'ajouter : “Le droit à la formation tout au long de la vie doit s'exercer à partir d'une offre de formation lisible, d'une articulation entre formation initiale et formation continue, et d'une convergence des modes d'achat public de formation (qui présuppose une concertation)".
Développer le partenariat au plan territorial
Au sujet du Crefop, Séverine Mercier, chef de service développement de l'emploi à la Direccte Franche-Comté, a confirmé “l'importance de cette nouvelle instance, avec davantage de participation des branches professionnelles et des partenaires sociaux". À ses yeux, “considérer l'emploi sans le mailler avec les politiques économiques et de formation professionnelle n'a pas de sens. Il faut effectivement développer le partenariat au plan territorial pour être réaliste au sujet des problématiques propres au territoire".
“Si les différents acteurs ne se rendent pas sur les bassins de vie, les problématiques de l'emploi, de l'économie et de la formation professionnelle ne seront pas résolus", a glissé Jacques Nodin, préfet honoraire et Sgar de 2002 à 2007. Et d'affirmer que le contrat de plan État-Région est bien le lieu où se dessine le rôle de l'État et de la Région, mais aussi des autres collectivités territoriales.
Une fusion, ou une mutualisation ?
Jean-Claude Duverget, vice-président du Conseil régional Franche-Comté de 1989 à 1998, a évoqué les conséquences du futur rapprochement des Régions Franche-Comté et Bourgogne, dans le cadre de la réforme territoriale en cours d'examen au Parlement. “Les formations doivent cohabiter entre les deux Régions. La fusion est l'occasion de développer, par exemple, certaines formations à petits effectifs et très chères, qui ont du mal à prendre de l'ampleur."
Mais pour Jacques Nodin, “il s'agit de garder, dans cette fusion, une politique de proximité. Cela ne veut pas dire que les structures doivent fusionner, mais plutôt travailler ensemble. Il y a des mutualisations à trouver et le territoire peut relever le défi et aller vers des résultats positifs".
“Un vrai transfert de compétences"
Au cours de la demi-journée consacrée aux 30 ans d'Efigip, Jean-Luc Ferrand, enseignant-chercheur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), a fait un tour d'horizon du système de formation (1971-2014). Il a rappelé que “la décentralisation de la formation est arrivée en 1983 sans référence direct à la loi de 1971. Ce n'était d'ailleurs pas une vraie décentralisation, dans la mesure où l'État avait gardé 90 % du budget formation. Aujourd'hui, nous assistons à un vrai transfert de compétences concernant le volet formation professionnelle".
Avec la réforme de 2014, a-t-il poursuivi, “on sent une volonté de l'État de faire en sorte que la Région ne détienne pas la gouvernance du système de formation, mais qu'elle devienne une véritable instance de pilotage, de régulation du système".
Système qui contient à la fois des points positifs et négatifs. Sur le plan positif, “nous avons un système de masse, à savoir qu'un salarié sur deux part en formation chaque année, soit huit millions de personnes. C'est aussi un système qui permet d'insérer a minima les demandeurs d'emploi et, notamment, les jeunes, mais dans une problématique de traitement social du chômage". Sur le plan négatif, “les bénéficiaires ne comprennent plus comment il fonctionne"... Du travail en perspective, pour les spécialistes de l'information sur la formation.