Un secteur grand utilisateur de la VAE

Le secteur sanitaire et social est celui qui concentre le plus de demandes dans le domaine de la validation des acquis de l'expérience. En 2006, un tiers des 48 000 candidats qui se sont présentés devant un jury visaient des diplômes et titres de niveau CAP-BEP dans le champ sanitaire et social[[Étude Dares, octobre 2008.]]. Les Régions se mobilisent pour développer la professionnalisation par cette voie.

Par - Le 16 mai 2009.

Pour Maryse Arditi (Conseil régional de Languedoc-Roussillon), la régionalisation a permis de développer la diversité dans l'accès aux formations, entre formation initiale et formation professionnelle, surtout dans le cas de cette dernière, par le biais de la VAE. “Cela est notamment vrai pour les aides-soignants", relève-t-elle. Et elle précise que la Région finalise un cahier des charges des financeurs afin de développer la VAE. Les métiers sociaux et sanitaires s'interpénètrent de plus en plus et elle pense qu'il faudrait également prévoir “des moyens d'expérimentation de formations ou de dispositifs d'évolution des compétences, sans attendre la fin des démarches de certification des formations, qui sont forcément longues. L'expérimentation permet de faire avancer le dialogue, ce qui est toujours intéressant".
Claudine Labrunie (Conseil régional du Limousin) accorde également une grande importance aux thèmes de la VAE, de l'apprentissage et de la création de formations interrégionales.

Quant à Fabienne Debaux[ 1 ]Fabienne Debaux est adjointe à la sous-directrice de l'animation territoriale et du travail social, DGAS, ministère du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville., elle souligne que pour elle, “la VAE est un réel objet de politique publique. Les ministères en charge des affaires sociales et de la santé sont aujourd'hui les deuxièmes certificateurs par la VAE, derrière l'Éducation nationale". Par ailleurs, elle indique que, pour 8 000 diplômes totalement validés, 7 000 ne l'ont été que partiellement. Il y a donc un effort important à réaliser sur l'accompagnement post-VAE.

Emmanuelle Quillet (ministère de la Santé) indique que la réflexion sur la VAE, surtout dans le champ sanitaire, se heurte bien souvent à la problématique des agréments et des professions assermentées, mais qu'elle se poursuit dans les autres professions.

Emmanuèle Jeandet-Mengual (Conseil régional de Haute-Normandie), pour sa part, regrette que “l'ARH ait permis le financement de certaines formations tout au long de la vie, mais à un niveau bien inférieur à la demande". De son côté, Maryse Arditi explique le fort taux d'abandons de VAE par l'insuffisance des délais impartis aux candidats pour passer du livret 1 au livret 2. Au sujet des diplômes, il lui paraît nécessaire “d'assurer une cohérence non seulement horizontale, mais également verticale".

Une représentante de la CFDT souhaite que le métier d'infirmier soit accessible par la VAE et demande que les Régions insistent sur ce point auprès du ministère. Par ailleurs, elle pointe “une iniquité flagrante : il existe un prérequis de 70 heures imposé aux aides-soignants qui souhaiteraient s'engager dans une démarche de VAE. Là encore, nous avons besoin de l'appui des Régions face aux associations, très corporatistes, qui ne souhaitent pas le développement de la VAE".

Maryse Arditi fait sienne la remarque sur les nouveaux diplômes : “Il faudrait « arrêter d'en fabriquer »." Quant au prérequis de 70 heures imposé aux aides-soignantes pour s'engager dans une démarche de VAE, elle le perçoit comme “un véritable scandale. Cela illustre la forte opposition des professions sanitaires à toute évolution, arguant de leur caractère réglementé".

[(Domaine social : une approche par les compétences

Pierre Gauthier, président de l'Unaforis(1), précise que le secteur des formations sociales délivre 30 000 diplômes par an, pour 54 000 étudiants. Historiquement, il a une forte relation avec la Direction de l'action sociale. Il est, depuis cinq ans, concerné par la décentralisation, la VAE et l'impulsion européenne donnée par le processus de Bologne. “Nos établissements se sont donc retrouvés dans une situation totalement nouvelle, au moment même où la demande de formations sociales était croissante. Tout ceci nous a amenés à innover. Mais pour innover, il faut être deux. De ce point de vue, la décentralisation s'est bien déroulée. Les relations entre nos écoles et les Conseils régionaux sont bonnes, ce qui nous a permis d'avancer", se félicite-t-il. Aujourd'hui, il “reste à déterminer le positionnement de nos formations au regard de la question de l'universitarisation". La réforme des diplômes a débuté par “une approche fondée sur les compétences. Les formations sont de plus en plus organisées en modules, permettant quasiment du sur-mesure". De nombreuses innovations ont aussi été menées en matière d'accompagnement des étudiants.

(1). L'Unaforis gère les 15 diplômes du secteur social, 200 écoles et plus de 400 sites agréés.)] [(LMD : une réforme à l'ordre du jour

La réforme du LMD n'est visiblement pas aisée à mener. Pour Emmanuelle Quillet (ministère de la Santé), une réelle concertation avec les Régions a eu lieu sur ce thème. Cela étant, elle relève que “cette démarche est encore récente, mais que les groupes de travail constitués ont néanmoins permis d'explorer les différents aspects. Bien évidemment, les conventionnements entre instituts de formation en soins infirmiers, Régions et Universités vont changer de nombreux points, en instituant de nouvelles exigences en matière, notamment, de programmes. La concertation va se poursuivre, afin d'arriver à la reconnaissance du niveau licence du diplôme d'infirmier". Emmanuèle Jeandet-Mengual (Conseil régional de Haute-Normandie) se félicite que les FSS appliquent bientôt la réforme LMD : “Cela fait des années que j'espérais une « universitarisation » de ces formations et que nous y sommes enfin parvenus. Les élus régionaux sont très impliqués dans ce sujet. Lorsqu'il a fallu préparer un schéma, nous avons clairement indiqué que la Région était prête à s'engager dans une expérimentation." Cependant, regrette-t-elle, “nous avons eu une écoute favorable de la faculté de médecine, mais aucune suite effective".

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Notes   [ + ]

1. Fabienne Debaux est adjointe à la sous-directrice de l'animation territoriale et du travail social, DGAS, ministère du Travail, des Relations sociales, de la Famille, de la Solidarité et de la Ville.