Stéphane Diebold : “la formation doit innover"

Pour Stéphane Diebold, vice-président du Garf, le responsable de formation doit alléger son travail administratif pour anticiper et innover en matière de formation pour développer l'employabilité de chaque collaborateur.

Par - Le 01 mai 2009.

Dans le cadre de la journée d'étude sur la réforme de la formation 2009, organisée par Les Échos formation le 9 avril dernier, Stéphane Diebold, vice-président du Garf (Groupement des acteurs et responsables de la formation) et directeur de l'Institut Avicenne, s'est exprimé sur l'impact de l'Ani du 7 janvier 2009. Il a tout d'abord ironisé : “Nous avons raison de nous interroger, car nous avançons sans visibilité. Est-ce positif par rapport au Garf ? Oui. La communication autour de la réforme est allée dans le sens de la dramatisation (on a parlé de pression sur les partenaires sociaux…) et cela a eu pour conséquence une augmentation des adhésions au Garf. En effet, les acteurs concernés ont besoin de visibilité. À ma grande surprise, les DRH et les responsables formation se demandent : mener une réflexion sur l'externalisation de tout ou partie de la formation, pourquoi pas ? Le responsable formation a perdu de sa superbe ; il est enfermé dans des tâches administratives et budgétaires, en se demandant combien son entreprise peut récupérer des Opca et s'il existe une possibilité de financement côté FSE [fonds social européen] ? Cela ne valorise pas la fonction formation."

L'Ani est sorti, a poursuivi Stéphane Diebold, pour des raisons économiques, sociétales et politiques fortes, et la question est de savoir comment repenser la formation dans ce nouveau cadre. Aujourd'hui, la connaissance technique double tous les sept ans et en 2030, elle doublera tous les soixante-douze jours ! Les entreprises ont besoin de formation pour être toujours dans la course. Donc en gardant un process traditionnel de construction de la formation (cahier des charges, appel d'offres, etc.), une fois arrivé à l'échéance, les besoins auront doublé ! La centralisation des savoirs ne peut pas être la seule réponse. On ne peut pas dire « voilà les parcours de formation prévus pour les salariés, il faut travailler sur les compétences de ces derniers ». Nous avons besoin de laisser la main aux collaborateurs en matière de formation, ce qui oblige celle-ci à s'adapter aux attentes de l'individu. On sort ainsi de l'idée que la formation doit mettre en forme au regard d'un cadre pré-établi par des experts."

Pour Stéphane Diebold, le responsable de formation doit se départir de son travail administratif pour construire des parcours cohérents, et devenir un créatif dont la mission est de développer l'employabilité de chaque collaborateur au sein d'une démarche collective. “Il faut mettre en place des modalités de changement au sein de l'entreprise, ce qui ne peut se faire qu'en proposant aux collaborateurs de faire des bilans. Comment créer une communauté apprenante ? En construisant au quotidien et non pas en décrétant qu'on va apprendre ensemble. L'organisation de la formation doit avoir un sens et à ce titre, il est nécessaire de se reposer sur une personne interne à l'entreprise et non pas sur une personne externe qui formalise la formation. Dans le respect de la culture de l'entreprise, ou de la branche, le responsable de formation peut créer tous les process qu'il désire afin de répondre à l'ensemble des situations – tout en les canalisant autour d'une politique de compétences préalable."