Martin Hirsch souhaite mobiliser l'apprentissage et les contrats aidés
Dans un document communiqué le 25 mars[[Voir Inffo Flash n° 743, p. 36.]] et destiné à la commission de concertation sur la jeunesse, Martin Hirsch, haut commissaire à la jeunesse, propose de mobiliser davantage l'apprentissage et d'augmenter à 200 000 le nombre de jeunes en emploi ou en formation. Une ambition qui coûterait au total 1,5 milliard d'euros.
Par Centre Inffo - Le 16 avril 2009.
Selon le document du Haut commissariat à la jeunesse, “le chômage des jeunes augmente deux fois plus vite que celui du reste de la population ; il y a aujourd'hui 416 000 moins de 25 ans sans emploi". En janvier 2010, ce chiffre pourrait atteindre 512 000, soit près de 100 000 jeunes supplémentaires. Il faut remonter à 1994 pour retrouver un nombre aussi élevé. Le document soumis à la commission de concertation sur la jeunesse ajoute “qu'un nombre non négligeable (50 000 à 100 000) de jeunes retarderont leur entrée sur le marché du travail cette année".
Fort de ces constats, Martin Hirsch fait une série de propositions. L'objectif majeur du haut commissaire est d'augmenter, d'ici la rentrée 2009, de 200 000 le nombre de jeunes en emploi ou en formation, dont 100 000 à 150 000, notamment, dans les métiers porteurs. Quatre leviers principaux sont mis en avant : le développement de l'alternance (l'apprentissage et les autres formes d'entrée dans la vie professionnelle), la mobilisation de l'appareil de formation, le lancement du service civique à grande échelle et les contrats aidés.
Mobiliser l'alternance
Nicolas Sarkozy a souhaité voir passer le nombre de jeunes en formation en alternance de 600 000 à 1,2 million. Martin Hirsch liste les options : faut-il faire encore baisser le coût pour l'employeur du contrat de professionnalisation ? Pour les jeunes les moins qualifiés ? Pour les métiers porteurs ? Faut-il que Pôle emploi prescrive des contrats de professionnalisation dans le cadre de conventions ? Comment déverrouiller les règles du Fonds unique de péréquation pour la compensation des contrats de professionnalisation ? Faut-il prévoir des forfaits de prise en charge plus forts pour les jeunes les moins qualifiés ? Des questions auxquelles la commission devra apporter des réponses très rapidement, d'autant plus que le président de la République demande de mettre en place un plan d'urgence en vue du développement de l'apprentissage et des formations en alternance.
La commission réfléchit également à la possibilité de “débloquer en urgence des places en section d'apprentissage dans les métiers porteurs", de “faire évoluer les règles de financement (surtaxe de 1 % dans les entreprises de plus de 250 salariés), pour aller vers une logique de bonus-malus", “rendre le statut d'apprenti plus attractif" et “soutenir le pouvoir d'achat des jeunes en contrat d'apprentissage".
Martin Hirsch souhaite que la commission réfléchisse aux actions à mettre en œuvre pour permettre aux jeunes diplômés cette année d'acquérir une première expérience professionnelle.
La formation doit être mobilisée en faveur des moins qualifiés. Les pistes : créer 7 200 places supplémentaires en École de la deuxième chance[ 1 ]Voir dans ce numéro, p. 13., développer l'offre de formation pour les jeunes de niveaux VI et V, et particulièrement, en complément des “plans métiers", les formations sanitaires et sociales (infirmières, aides soignants, CAP petite enfance, auxiliaires de puériculture, éducateurs de jeunes enfants, auxiliaires de vie sociale, aides médico-psychologiques, etc.).
L'ensemble du dispositif – avec les contrats aidés, voir encadré – coûterait 1,5 milliard d'euros, a estimé le haut commissaire, qui propose de “mobiliser autant que possible, côté État, les moyens déjà investis dans le cadre du Fonds d'investissement social et de la relance des contrats aidés", pour “éviter d'alourdir les charges des entreprises pendant la période de difficulté économique" et “l'endettement à long terme de l'État". Il faut aussi “responsabiliser dans le financement les secteurs d'activité qui bénéficieront le plus des actions entreprises dans le cadre du programme" et “tenir compte des résultats obtenus et faire jouer, au niveau de l'entreprise ou des branches, une logique d'incitation à l'atteinte de ces résultats".
Là encore, deux options sont envisagées. La première serait une enveloppe du Fonds d'investissement social, “spécifiquement consacrée à l'emploi des jeunes et mobilisant des crédits de l'État, un effort des branches dans le cadre du Fup et du [futur] Fonds de sécurisation des parcours professionnels". La seconde consisterait à financer l'ensemble du dispositif “dans le cadre d'un emprunt porté par le fonds d'expérimentation pour les jeunes, et garanti par l'État, remboursé sur une période de cinq ans".
Notes
1. | ↑ | Voir dans ce numéro, p. 13. |