L'entreprise du futur aura davantage besoin du prestataire intellectuel
Comment les prestataires de conseil et de formation vont-ils, dans les prochaines années, contribuer aux réorganisations du travail en entreprise, en appui des RH ? L'ISQ, organisme professionnel de qualification des entreprises de prestations de services intellectuels (ex-OPQF) a organisé le 23 septembre à Paris une rencontre consacrée aux "prestations intellectuelles du futur".
Par Knock Billy - Le 01 octobre 2009.
La crise actuelle est en train de changer un certain nombre de fondamentaux au sein des entreprises européennes. Elles devront notamment procéder à "une réintégration verticale des opérateurs, pour mieux maîtriser à la fois les ressources et leurs relations avec le client final", précise Jean-Damien Pô, délégué général de l'Institut de l'entreprise, cercle de réflexion composé de chefs d'entreprise, qui a présenté le 23 septembre une étude prospective menée par son organisme. Cette évolution va entraîner dans les années à venir de nombreux changements dans leur stratégie globale de développement et dans le management de leurs ressources. Mais, s'interroge Jean-Damien Pô, "disposeront-elles de savoir-faire nécessaire pour s'organiser pour réinvestir leurs ressources humaines" mobilisées sur des actions hors de leurs activités de base ? Selon lui, les entreprises auront à recourir davantage aux prestataires intellectuels pour répondre à cette exigence.
Observant par ailleurs la relativement faible audience des organisations syndicales dans notre pays, il interroge : "Quelle limite met-on à l'individualisation des rapports sociaux en entreprise ?". D'autant qu'"il n'y a pas de consensus parmi les dirigeants [interrogés] sur ce qui conviendrait de faire. En effet, une minorité souhaite une individualisation complète des rapports sociaux, tandis que d'autres considèrent que cette option comporte des risques de dissolution et de perte de contrôle du lien social."
Remobiliser le management intermédiaire
Un des chantiers qui s'ouvrent dans les entreprises est donc de savoir "comment remobiliser le management intermédiaire" qui s'est trouvé "dévitalisé" ces dernières années en le plaçant "en première ligne pour la gestion des relations sociales et l'organisation du travail", et "en tant que courroie de transmission". Il s'agit donc, explique le délégué général de l'Institut de l'entreprise, répondre à l'aspiration des cadres à un meilleur équilibre entre vie personnelle et parcours professionnel (sens de la mission, flexibilité dans la gestion du temps et du lieu de travail, rémunérations alternatives, services à la personne, etc.). Et trouver de nouvelles solutions pour maintenir leur légitimité dans une organisation en réseau.
Par ailleurs, précise Frédéric Lefebvre-Naré2, consultant en stratégie qui a participé à l'enquête de l'Institut de l'entreprise, "l'écrasement de la pyramide [permettrait] aussi aux managers intermédiaires de conduire leur action, au lieu d'être bloqués par des lignes hiérarchiques". Pour Jean-Damien Pô, c'est une mission difficile et ingrate. et d'ajouter : "Les leviers de motivation sont complexes à identifier." Raison de plus pour que le prestataire intellectuel soit davantage sollicité.
Dans une société où la valorisation du "capital immatériel" (marques, compétences, processus d'organisation, etc.) représente un enjeu de plus en plus important, le principal champ d'intervention des prestataires intellectuels consiste à aider à la création de valeur au sein des entreprises. Il faut, précise Frédéric Lefebvre-Naré, "faire évoluer les systèmes d'information et leur usage au sein des entreprises pour qu'ils soient l'outil pour les managers intermédiaires et les salariés dans leur prise de décision". Une telle construction suppose "la participation notamment des architectes-développeurs, des formateurs, des animateurs de l'organisation, des personnes chargés au sein de la GRH, du suivi et de l'évaluation des compétences au sein de l'entreprise".
Knock Billy