Questions à Jean-Marie Filloque, président de la Conférence des directeurs de service universitaire de formation continue (CDSUFC)
Par Knock Billy - Le 01 septembre 2009.
“Renforcer la place de la formation continue dans la réflexion en amont"
Comment faire jouer à l'enseignement supérieur français un rôle conséquent dans la formation tout au long de la vie ?
À partir des travaux du 30ème colloque de la CDSUFC, nous avons tiré quelques grands axes qui permettraient aux établissements universitaires français de répondre aux engagements de la charte de l'EUA pour la FTLV universitaire. Sur la VAE, les choses sont très avancées et la France répond déjà très correctement (de notre point vue), aux attentes édictées dans la charte. Nos services de FC, qui ont développé des compétences et des savoir-faire spécifiques au sein des Universités, doivent être le moteur de cette transformation radicale de nos organisations. Ceci implique de repenser les moyens en personnels et les financements, et d'apporter des réponses en terme de gestion administrative et de création ou d'amélioration des outils existants.
Nous avons proposé quatre thématiques de travail au niveau national pour cette année sur ce sujet : une réflexion sur différents modèles d'organisation des établissements, des échanges de pratiques, la construction de modules orientés FTLV et un travail sur les modalités de financement des établissements pour cette activité, y compris dans la l'aspect dotation par l'État.
En quoi l'actuelle réforme de la formation professionnelle pourrait-elle impacter les Universités ?
Les textes dont nous disposions suscitent de l'intérêt de notre part. La certification est confirmée comme élément de sécurisation des parcours professionnels, et l'élargissement des compétences des Opca, leur regroupement et leur territorialisation encouragent à une relation partenariale renforcée. Et nous sommes appelés à être créatifs en termes de personnalisation des parcours, d'accessibilité des formations et de combinaison des dispositifs financiers.
Mais ces textes suscitent aussi des réserves : la demande de formations directement opérationnelles, la perte d'une certaine marge de manœuvre, la difficulté à identifier les besoins de formation, et le fait que la “formation initiale différée" n'ait pas été prise en compte.
Dans ce cadre, nous avons élaboré, pour nos collègues, un document d'analyse portant sur des points spécifiques qui ont un impact sur la FCU.
Comment les SUFC s'inscrivent-ils dans l'ambition d'insertion professionnelle ?
Nous avons participé activement aux réponses à l'appel à projet du Haut-commissariat à la jeunesse. Nous avons une bonne connaissance des milieux professionnels (notre domaine de travail, en fait). Nous avons porté le développement de l'approche compétence dans les Universités (via la VAE, la mise en place de formation adaptées aux besoins de territoires, l'inscription des diplômes aux RNCP, le développement de l'alternance (que ce soit pour l'apprentissage ou les contrats de professionnalisation, etc.). Nous avons ces compétences et les apportons à nos établissements.
Que proposez-vous alors pour renforcer votre travail dans des structures issues des fusions et regroupements d'Universités ?
Dans le cadre de notre colloque, nous avons travaillé cette question nouvelle et fait une série de préconisations pour accompagner cet autre changement.
D'abord, celle de travailler sur la démarche qualité comme “moteur du rapprochement", car beaucoup de SFCU la maîtrisent déjà. C'est une approche qui doit permettre, en particulier lors des fusions de services, même si l'expérience est encore réduite à ce jour (seul Strasbourg a fusionné ses trois SFC), de rester centré sur l'objectif à atteindre et d'en maîtriser de manière explicite contraintes.
Autre point : renforcer la place de la FC dans la réflexion très en amont, notamment en “infiltrant" les équipes présidentielles pour “porter" le projet.
Les regroupements dans des PRES [pôles de recherche et d'enseignement supérieur] ou les fusions sont l'occasion de renforcer le poids de la FCU au niveau régional, dans ses liens avec les collectivités territoriales au moment où sont conduites des réflexions sur les périmètres des services publics régionaux de formation. L'idée de ces regroupements étant souvent initiée par les besoins de la recherche, c'est aussi l'occasion pour l'axe “formation" d'intervenir sur le volet compétence indispensable aux pour la recherche et sa valorisation. Cela devrait être particulièrement sensible au travers des pôles de compétitivités.