Entretien avec Luc Bentz, secrétaire national de l'Unsa Éducation

La fédération Unsa Éducation [Unsa Éducation est le nom qu'a pris la Fédération de l'éducation nationale (Fen) lors de son congrès de Pau en décembre 2000. Son secrétaire général est Patrick Gonthier.[/footnote] et ses syndicats nationaux ont ouvert le blog “[Former des enseignants" pour présenter leurs propositions conjointes sur la formation des enseignants. Pouvez-vous nous les rappeler ?
Vous le savez, depuis la réforme Darcos de 2009, la génération qui sort du Capes est envoyée immédiatement enseigner dans les établissements, et les premiers temps que connaissent ces jeunes professeurs font figure de période d'essai...
Il est urgent de revoir, entre autres, le calendrier des examens. L'Unsa Éducation a porté une proposition pour que les épreuves d'admissibilité soient organisées en fin de master 1 et non en cours de master 2, année qui constitue désormais un véritable “jeu de saute moutons", tant les futurs enseignants sont occupés à passer des concours plutôt qu'à se former au métier d'enseignant.
Par ailleurs, les IUFM ont été transformés en écoles internes de certaines Universités. Les concours sont organisés de telle manière que la pédagogie n'est plus une matière enseignée. Or, l'année de stage constituait un sas entre le terrain (40 % du temps de formation) et les cours (60 %). Désormais, dès leur diplôme en poche, les jeunes enseignants sont immédiatement envoyés enseigner, titulaires d'un statut de fonctionnaire-stagiaire. De fait, ils n'ont même plus le temps de se rendre compte s'ils sont faits pour ce métier ou non.
Vous êtes favorables à la reconstruction d'une formation des enseignants “tout au long de leur vie professionnelle". De quelle manière ?
Nous avons un ministère qui parle de formation tout au long de la vie, qui a les moyens de la mettre en œuvre par le biais du Cned ou des Gréta, mais encore lui faut-il appliquer ces recommandations.
Effectivement, un enseignant diplômé en 1980 n'est plus confronté à la même école que celle qu'il a connue au terme de sa formation initiale. Ses connaissances et ses pratiques peuvent être remises à jour par le biais de la formation continue.
Aujourd'hui, les enseignants ont besoin d'accompagnement. La plupart de ceux qui arrivent pour la première fois dans un établissement scolaire ont l'impression d'avoir été brutalement “parachutés". L'Unsa Éducation propose d'apporter des réponses à ce sentiment d'impuissance en organisant des sessions de formation dès les deux ou trois premières années d'exercice, puis en mettant en œuvre un accompagnement régulier et sécurisé afin que les enseignants puissent, suivant l'expression, “entrer dans le métier en biseau et en sortir en sifflet".