Xavier Royer, secrétaire général du Forthac (Opca du textile-habillement) : {“Un des grands chantiers des Opca sera l'ingénierie des CQP" }

Par - Le 16 mai 2011.

Interrogé sur l'étude sectorielle récemment réalisée par le cabinet Ambroise Bouteille (voir notre article), Xavier Royer revient sur les avantages des “PMQ" et sur leur avenir.

En quoi votre démarche de validation des acquis, reposant sur les PMQ (parcours modulaires qualifiants), est-elle différente de la VAE ?

La finalité est identique, ce sont les modalités qui sont différentes. Cette démarche, initiée voici une vingtaine d'années, est différente de la VAE, parce qu'il s'agit avant tout d'un dispositif d'évaluation. Pour le dire autrement, c'est un système mixant la validation et l'évaluation personnalisée des acquis. Mais dans les deux cas, cela débouche bien sur une certification professionnelle (diplôme, CQP ou CQPI).

Pouvez-vous préciser alors cette différence d'approche ?

Le dispositif repose avant tout sur une méthodologie d'évaluation destinée, hors de tout “examen noté", à cerner le plus précisément les capacités et compétences d'un salarié au regard des exigences du référentiel de la certification visée. Sans entrer dans les détails, il existe quatre outils méthodologiques utilisés conjointement, permettant un positionnement et, si besoin est, la préconisation d'un parcours individualisé de formation. Point majeur du dispositif, le salarié a la certitude d'arriver gagnant.

Dans l'étude d'évaluation du dispositif menée par le cabinet Ambroise Bouteille, une des limites réside dans le statut de “juge et partie" de certains organismes de formation. Qu'en est-il ?

Effectivement, ceux qui évaluent sont souvent les organismes de formation qui forment ensuite. Mais ce ne sont pas les mêmes personnes. Les outils d'évaluation sont utilisés par les personnes qui connaissent le mieux les métiers et qui sont donc les formateurs. Pratiquement, il est quasi impossible de faire autrement, cela aurait un coût prohibitif. D'où, pour palier ce problème, une procédure d'habilitation stricte, ainsi qu'un processus constant de contrôle des pratiques.

Le dispositif ne pourrait-il pas intéresser d'autres branches ?

C'est, au demeurant, déjà le cas. L'avenir devrait connaître une montée en puissance de ce type de dispositif. On ne peut pas parler de “sécurisation des parcours" et du développement de “signaux de qualification" forts que sont les certifications professionnelles sans la mise en place de dispositifs rigoureux permettant d'évaluer et de valider les acquis. Une maîtrise de l'ingénierie de certification, encore peu développée, est une clé pour répondre à ce type d'enjeux. Pour les branches, se doter d'une telle ingénierie, c'est savoir élaborer un référentiel d'activité et de certification, mettre en place des outils d'évaluation, ainsi qu'un processus rigoureux pour pouvoir déboucher sur une validation paritaire des acquis par une certification. C'est, à mon sens, un des grands chantiers des années qui viennent. Nous avons aidé d'autres branches et Opca dans ce domaine et nous sommes prêts à continuer à le faire (dans certaines limites, bien sûr) si cela peut contribuer à faire avancer sur un sujet important qui, rappelons-le, est l'occasion pour des salariés fragilisés et de faible niveau d'accéder à une première certification professionnelle.