Entretien avec Danièle Dingreville, de Pôle emploi-spectacle Alhambra

Par - Le 16 octobre 2011.


“Comment évaluer des comédiens autrement que sur leur métier ?"

Comment avez-vous entamé la démarche qui a abouti au Dernier week-end ?

Nous disposons d'un fichier référençant près de 6 000 comédiens, un fichier renouvelé chaque année du fait des nouveaux entrants. Ce fichier constitue un vivier pour les professionnels du cinéma, puisque la profession de comédien est intimement liée au statut de l'intermittence. À l'exception de ceux qui occupent le haut de l'affiche, un acteur demeure le plus souvent un intermittent à vie, en fonction de la fréquence de ses prestations. Lorsque nous avons eu l'idée de cette ÉMT, nous avons adopté la vision d'un directeur de casting, qui connaît les profils à rechercher et établit donc une présélection en fonction des personnages à interpréter, tels qu'Ali Borgini les avait écrits dans son pilote.

Les dispositifs d'ÉMT tels qu'ils existent au sein de Pôle emploi correspondaient-ils aux besoins spécifiques de cette expérience ?

Au-delà de l'aspect artistique de la démarche, Pôle emploi se plaçait dans une évaluation des compétences professionnelles de ces comédiens, que nous avons donc placés dans une situation courante liée à leur métier. Bien évidemment, Pôle emploi suit un certain nombre de règles concernant les ÉMT pour les demandeurs d'emploi, règles auxquelles nous nous sommes tenus. Ces contraintes expliquent les conditions de travail parfois un peu difficile du cinéaste puisque, par exemple, l'observation est réglementée pour 80 heures, étalées sur trois sessions. Ali Borgini a dû en tenir compte dans l'écriture de son pilote. De la même manière, le budget que nous étions susceptibles d'accorder à cette expérimentation devait demeurer dans les limites de Pôle emploi, en dépit du caractère très particulier de l'évaluation.

Cette expérimentation est-elle amenée à se pérenniser ?

C'est la première fois qu'une telle expérience était tentée, à cette échelle. Il a été difficile de la mettre en place, compte tenu de nos moyens réduits. L'intérêt de cette expérimentation était de mettre en commun le savoir-faire de comédiens disposant, parfois, de vingt ou trente années de métier avec celle de jeunes acteurs sortant tout juste de leur formation, et d'observer l'émulation qui peut se créer… et qui s'est créée. J'aimerais vraiment que d'autres projets similaires puissent être développés par Pôle emploi, ainsi qu'un rebond sur cette expérience afin qu'elle nous permette de mieux exploiter nos fichiers de Pôle emploi-spectacle qu'ils ne le sont actuellement.

Le projet du Dernier week-end n'était-il pas quelque peu pléthorique pour une vingtaine de demandeurs d'emploi ?

Comment évaluer des comédiens autrement que sur leur métier ? Des acteurs intermittents du spectacle sont des professionnels comme les autres : ils revendiquent leur profession avant tout !