Emmanuelle Pérès, déléguée générale de la FFP
Par Nicolas Deguerry - Le 16 janvier 2012.
“Si vous ne vous formez pas, vous êtes mort !"
“À ce stade de ma carrière, je me rends compte que le fil directeur a été l'intérêt général". Ainsi, Emmanuelle Pérès commente-t-elle son parcours alors qu'elle vient de quitter son poste de conseillère chargée de la Jeunesse et de la vie associative auprès du ministre Luc Chatel pour celui de déléguée générale de la Fédération de la formation professionnelle (FFP). N'en déplaise aux poseurs d'étiquette, le dit parcours a commencé vingt ans plus tôt sur les marchés financiers, intégrés à la sortie de l'ESCP. De sa grande école, elle retient une “formidable opportunité de découvrir le monde de l'entreprise", lequel “commençait tout juste à acquérir ses lettres de noblesse" à une époque où “grands commis de l'État, avocats et médecins" tenaient encore le haut du pavé. Des marchés financiers, elle évoque en riant les fameux “bonus" qui lui ont permis de traverser la Manche pour aller se former à l'histoire de l'art. Suivent dix années partagées entre missions dans le monde de l'art contemporain et conseil en organisation et stratégie, jusqu'à ce que l'Association des Anciens de son école, ESCP Europe, ne lui propose le poste de déléguée générale.
Dès lors se dessine le nouveau profil d'une carrière qu'elle s'amuse à décrire comme celle d'une “entremetteuse" : de l'ESCP à la FFP, tantôt déléguée générale, tantôt secrétaire générale, un temps conseillère de ministre, Emmanuelle Pérès sera désormais tout entière vouée à “fédérer les talents", “nourrir la dynamique", “valoriser" ou encore “bien gérer" et “faire rayonner". Qu'elle approfondisse la problématique de l'égalité professionnelle à l'ESCP, s'enthousiasme pour la richesse de la jeunesse et de la francophonie à l'OFQJ[ 1 ]Office franco-québécois pour la jeunesse., développe la formation au CJD[ 2 ]Centre des jeunes dirigeants d'entreprise. ou se passionne à découvrir le fonctionnement d'une démocratie en servant Luc Chatel, Emmanuelle Pérès vit de riches heures où se développent ses compétences : management, gestion, communication et lobbying, capacité à décloisonner et à mettre en réseau, etc., la palette de la fonction est large mais sans “aucune volonté de puissance", assure-t-elle : “si ça m'échappe, c'est très bien !" Quand on lui fait remarquer que les contours de son métier apparaissent flous au plus grand nombre, elle consent pour aussitôt rappeler que certaines fonctions sont davantage le fruit d'un parcours que d'un choix initial. “L'orientation", avance-t-elle, “c'est plutôt de bien comprendre les talents que l'on a, les compétences que l'on a acquises, celles que l'on peut acquérir et, partant de là, voir vers quoi l'on peut évoluer, sans avoir peur des occasions qui se présentent et sans oublier de se former !"
Pourquoi avoir dit oui à la FFP ? D'abord, “parce que la formation professionnelle est pour moi une vraie thématique, qui concerne tout le monde : les entreprises parce qu'elle est source de compétitivité ; les individus puisqu'elle est une composante essentielle de leur employabilité et de leur bien être ; la société parce que c'est précisément l'innovation et le capital immatériel qui font la différence au siècle de la connaissance". Ensuite, “parce que je trouve intéressant de rentrer dans une organisation patronale représentative, avec la responsabilité sociale forte de signer les accords. C'est aussi un secteur assez récent issu de la loi Delors de 1971, devenu depuis un vrai marché, à développer et à professionnaliser avec des enjeux de qualité très importants, ce qui est dans l'ADN de la FFP". Autres enjeux majeurs pour les prochaines années, “le développement du compte épargne formation, la généralisation de l'alternance et l'évolution de la perception de la formation comme un investissement et non pas comme un coût". Autant dire une feuille de route chargée pour la nouvelle déléguée qui conclut, lucide : “Je pense que je ne serai pas épargnée d'une réforme..." Ses interlocuteurs découvriront alors peut-être une autre dimension de cette femme qui est aussi capitaine de corvette dans la réserve de la Marine nationale et vice-présidente de l'Agence du service civique : “Des convictions mais pas de certitudes !"
1988
Diplôme de l'ESCP
1989
Sotheby's Institute of Art (Londres)
2009-2010
Auditrice de la 62e session nationale de l'Institut des hautes études de la défense nationale
Notes
1. | ↑ | Office franco-québécois pour la jeunesse. |
2. | ↑ | Centre des jeunes dirigeants d'entreprise. |