Evaluation du RSA - Un bilan en demi-teinte
Par Benjamin d'Alguerre - Le 16 mai 2012.
Des bénéficiaires du RSA qui “n'ont pas vraiment le sentiment d'être gagnants", qui jugent “le système du RSA trompeur et ne garantissant pas nécessairement le soutien à l'effort d'activité", qui avouent leur “incompréhension de la baisse de l'allocation lorsqu'ils travaillent davantage"… Quatre ans après sa mise en place en 2008, le revenu de solidarité active semble loin de convaincre ses allocataires qu'il représente une meilleure réponse aux problèmes de lutte contre le chômage et la pauvreté que l'ancien RMI, qu'il a remplacé.
“Le RSA peine à atteindre ses objectifs", concluent les résultats d'une enquête qualitative du Crédoc, menée dans le cadre du Comité national d'évaluation du RSA. Parmi les griefs collectés, la contractualisation (“allocation contre effort de recherche d'emploi") est jugée comme “ayant peu de sens". Ainsi, le contrat d'engagement réciproque ou le projet personnalisé d'accès à l'emploi ne sont pas perçus par les bénéficiaires comme des outils réellement utiles. C'est d'autant plus vrai dès lors qu'il s'agit de problématiques de santé, de logement, de garde d'enfants… auxquels l'accompagnant (souvent Pôle emploi) peine à faire face.
Ainsi, l'étude publie le témoignage d'une mère célibataire de 28 ans : “Je trouve que Pôle emploi me convoque trop, il faudrait toujours refaire le même CV. Ils nous envoient à des formations qui ne servent à rien, à des journées qui nous font perdre du temps, pour rien." Quant aux allocataires disposant d'une expérience de l'emploi (seniors, contrats précaires ou à durée déterminée, etc.), leur sentiment est celui d'un rejet envers l'idée de l'accompagnement par le service public de l'emploi, ce dernier étant jugé comme un élément filtrant les opportunités d'emploi.
Toutefois, les effets attendus du RSA ont été limités par les conséquences de la crise économique de 2008. Ainsi, de 2009 à 2010, le nombre de bénéficiaires du RSA a augmenté de 15 % : sa généralisation s'est donc faite dans un contexte d'augmentation importante du nombre d'allocataires. À cela, il faut ajouter les difficultés entraînées par le redéploiement des informations des Caisses d'allocations familiales vers les Conseils généraux, dans la même période. Ces éléments ont provoqué de la complexité dans le dispositif et la perplexité des bénéficiaires.
Les enquêteurs du Crédoc estiment nécessaire de privilégier “l'accompagnement mixte", afin que soient traitées en parallèle difficultés liées à l'emploi et difficultés personnelles.