Le diplôme garde son rôle de “signal" pour l'insertion
Par Knock Billy - Le 01 septembre 2012.
L'enquête “Génération 1998 à dix ans", réalisée par le Céreq, permet de confirmer le rôle déterminant du diplôme sur le marché du travail. “Guère plus de la moitié des jeunes sortis sans aucun diplôme en 1998 occupait, dix ans plus tard, un emploi stable (CDI ou fonctionnaire) contre 74 % pour l'ensemble de la cohorte", écrivent Jean-Paul Gehin et Ugo Palheta [ 1 ]“Les devenirs professionnels des sortants sans diplôme : un état des lieux dix ans après la sortie du système éducatif (1998-2008)." . En effet, ajoutent-ils, “l'absence de diplôme n'équivaut pas mécaniquement à une exclusion du marché du travail. Car si les sans-diplômes rencontrent des difficultés importantes au sortir du système éducatif, la majorité d'entre eux finit par s'insérer, quoique sous des statuts plus précaires et avec de salaires plus faibles".
L'origine sociale joue également un rôle significatif dans le processus d'insertion. En effet, “il semble que, à classe de sortie identique, les jeunes dont le père appartient aux catégories des « professions intermédiaires » et des « cadres et professions intellectuelles supérieures » soient plus nombreux que à occuper un emploi stable rémunéré à plus de 1 500 euros", pointent les auteurs. Et d'insister sur le fait que l'origine sociale joue en amont et en aval, car “d'un côté, les jeunes issus des classes intermédiaires et favorisées ont plus de chances, quand ils sont non diplômés, de sortir de l'enseignement général et technologique plutôt que de l'enseignement professionnel, du collège ou de l'enseignement spécialisé ; de l'autre, à niveau de sortie équivalent, ils ont plus de chances d'échapper au chômage et aux segments les plus dévalorisés du salariat".
Jean-Paul Gehin et Ugo Palheta ont observé une autre caractéristique des sortants sans diplôme : leur appartenance au “salariat d'exécution". En effet, lorsqu'ils sont en emploi, ceux-ci occupent “presqu'exclusivement" des postes d'ouvriers (53%) et d'employés (27 %). Ils sont surreprésentés dans les secteurs de l'industrie, des transports, le BTP, le commerce et les services.
Parvenus à l'emploi, et quel que soit le niveau du poste occupé, les sans-diplômes “pâtissent peu de leur déficit en capital scolaire". Ce qui, précisent Jean-Paul Gehin et Ugo Palheta, tend à conforter l'idée selon laquelle “les employeurs usent du diplôme comme « signal » au moment du recrutement (par économie de temps consacré à la recherche d'information fiable sur les candidats au poste), mais émettent ensuite des jugements fondés davantage sur leur productivité, assiduité, discipline, etc."
Notes
1. | ↑ | “Les devenirs professionnels des sortants sans diplôme : un état des lieux dix ans après la sortie du système éducatif (1998-2008)." |