Hôtellerie-Restauration - De nouveaux projets pour le réseau des CFA du Fafih

Pour la troisième année consécutive, les centres de formation membres du réseau des CFA lancé par le Fafih en septembre 2010 se sont réunis dans le cadre de leur assemblée générale. 130 représentants d'établissements (qui forment un total de 33 000 apprentis chaque année) ont fait le point sur plus de deux ans et demi d'existence.

Par - Le 16 septembre 2012.

Seul réseau de CFA mis en place par un Opca – avec celui de l'Anfa –, CFA-IH a été crée pour favoriser les échanges entre centre de formation, mais également, créer une véritable politique de branche en matière d'alternance. Plus de deux ans après sa mise en route, le Fafih continue de développer des projets pour faire vivre ce réseau. À la fin de l'année, notamment, débute la négociation par les partenaires sociaux d'un “permis de former", une formation obligatoire pour les tuteurs et maîtres d'apprentissage.

Une taxe d'apprentissage en hausse

Le Fafih a reçu un agrément d'Octa (Organisme collecteur de la taxe d'apprentissage) en 2010. Ainsi, sa deuxième collecte s'élève à 7,1 millions d'euros, soit une augmentation de 37 % par rapport à l'année précédente (dont 3,1 millions ont été versés au trésor public, 1,9 millions de fonds dédiés, et 2,1 millions d'euros de fonds libres). Sur les fonds libres, le barème a bénéficié à 105 CFA, à raison de dotations comprises entre 1 250 euros et 13 000 euros, sur des projets correspondant aux priorités définies par les partenaires sociaux : achat de matériel, voyages pédagogiques pour les apprentis, et projets pédagogiques innovants. Le quota, quant à lui, a bénéficié à tous CFA du réseau, avec des versements compris entre 247 euros et 26 091 euros. La dotation accordée par l'Opca au réseau s'élève, quant-à-elle, à 5,7 millions d'euros, pris sur les fonds de la professionnalisation. Celle-ci a bénéficié à 111 centres de formation.

Vers un réseau “intégré"

Au delà de l'aspect financier, l'objectif du réseau est, plus que jamais, de créer des liens et des échanges de bonnes pratiques entre les différents CFA. “Il s'agit d'en faire un réseau intégré ! Il faut aller plus loin que la formation d'apprentis, et permettre aux CFA de partager leurs ressources, leurs expériences, leurs plateaux techniques !", explique le directeur général du Fafih, Michel Geiser, en marge de l'événement. Pour ce faire, le réseau dispose du CFA Mag', qui sert de support pour les retours d'expériences des différents membres du réseau, et qui atteint son sixième numéro.
C'est également pour développer les actions menées par les CFA du réseau que le Fafih a lancé plusieurs appels à projets en 2012. Six centres de formation ont répondu à celui relatif à la POE (préparation opérationnelle à l'emploi) collective, et 25 à un appel d'offre sur la PPS (promotion professionnelle et sociale) [ 1 ]Il s'agit de stages mis en place à l'initiative des partenaires sociaux du Fafih, qui allouent un budget et décident d'actions prioritaires au niveau national. . “Petit à petit, vous entrez dans les programmes initiés par le Fafih", s'est réjouie Corinne Labi, directrice du service certification du Fafih et chargée de l'animation du réseau, s'adressant à l'assistance.

Un projet en route : le “permis de former"

Le prochain projet sur lequel planchent les partenaires sociaux, c'est celui de la formation des tuteurs et maîtres d'apprentissage, via le futur “permis de former". Cette formation unique et commune au contrat d'apprentissage et au contrat de professionnalisation (14 heures pour ceux qui accueillent un jeune pour la première fois, 4 heures tous les trois ans pour ceux qui l'ont déjà fait), pourrait être mise en place en juin 2013. Inspirée du Livre blanc issu de la mission Marcon, qui indique que “la formation des tuteurs et des maîtres d'apprentissage est la clé de voûte de l'engagement de la profession vers la qualité", il fait l'objet d'un groupe de travail depuis septembre 2011. Ce dispositif, qui sera négocié par les partenaires sociaux à partir de fin 2012, doit devenir obligatoire.
Il s'agit de développer des compétences ayant trait à l'accueil, à l'encadrement, au transfert de compétence ou encore à l'évaluation de l'alternant. Prise en charge par le Fafih, la formation pourra être dispensée par les CFA du réseau, par les organismes de formation accrédités CQP (certificat de qualification professionnelle), les organismes des organisations professionnelles du secteur, ou ceux des entreprises adhérents au Fafih.

Attention, l'implication des chacune des structures est une condition sine qua non de l'appartenance au réseau. Certaines conditions sont impératives, si un centre de formation veut obtenir une dotation : il faut organiser trois conseils de perfectionnement, en présence d'un partenaire social du CRPEF (Commission régionale paritaire de l'emploi et de la formation) de la région, rembourser les frais liés à sa présence, et depuis cette année, participer à l'assemblée générale annuelle ! “Il est regrettable que nous soyons encore obligés de supprimer leur dotation à des CFA qui ne respectent pas les termes de la convention de partenariat", regrette ainsi Didier Chastrusse, président (CFE-CGC) de l'Opca, lors de l'ouverture de la journée. Ainsi, depuis la dernière assemblée, deux CFA ont été exclus du réseau…

Entretien avec Didier Chastrusse, président (CFE-CGC) du Fafih, et Michel Geiser, directeur général de l'Opca
“Hier, nous étions le banquier des CFA ; aujourd'hui, nous sommes leur partenaire !"

Quel regard portez-vous sur l'évolution du réseau des CFA, depuis sa création en 2010 ?

Didier Chastrusse - Je remarque un resserrement des liens entre les partenaires du réseau. Le taux de participation à l'assemblée générale en témoigne : seul un CFA a fait défaut ! Au début de l'aventure, chacun avait un peu tendance à rester dans son coin, mais de plus en plus, les centres de formation jouent le jeu, et partagent les bonnes pratiques. À cet égard, CFA Mag' est un bon outil. Les conférences de rédactions étaient difficiles, mais aujourd'hui, l'équipe a toujours en tête un numéro d'avance, tant les centres de formation sont enthousiastes à l'idée d'y présenter leurs expériences.
Ainsi, je note également que la présidence du Fafih est souvent invitée dans les centres de formation, ce qui n'était pas le cas voici deux ans ! Nous pouvons résumer en disant qu'auparavant, le Fafih était le banquier des CFA, et qu'aujourd'hui, il est leur partenaire ! Par ailleurs, en région, nous nous appuyons de plus en plus sur les CRPEF (commissions régionales paritaires de l'emploi et de la formation). Le vice-président (GNC) [ 2 ]Groupement national des chaînes hôtelières (organisation d'employeurs). Bruno Croiset et moi-même avons décidé d'assister à toutes les commissions à tour de rôle. Je pense qu'il est essentiel que l'exécutif se rapproche du terrain.

Quel sera le rôle du réseau dans la mise en place du “Permis de former", qui tend à rendre obligatoire une formation pour les tuteurs et maîtres d'apprentissage ?

D. Ch. - Nous voulons y associer nos CFA partenaires ! Et ceci d'autant que des sessions de formation seront assurées par eux… Dans le processus de mise en œuvre de la formation, le maillon “centre de formation" est encore sous-exploité par rapport à celui de l'entreprise, ou de la personne formée et de sa famille. Un premier projet doit être finalisé en novembre et sera examiné en commission mixte pour approbation par les partenaires sociaux.
Michel Geiser - Nous avons, je pense, quatre ou cinq ans pour réussir le challenge ! Nous voulons mettre en place le dispositif dès 2013… Celui-ci sera financé sur le plan de formation de l'entreprise, mais je pense que certaines institutions peuvent nous aider.

Parlant de financement, prévoyez vous une augmentation de la collecte de la taxe d'apprentissage, ou encore de la dotation de l'Opca ?

M. G. - Pour ce qui est de la dotation, à moins que la collecte de l'Opca augmente significativement, elle ne bougera pas. En revanche, nous avons une importante marge de progrès en ce qui concerne la taxe d'apprentissage. Nous collectons plus de 7 millions d'euros, mais il faut savoir que le secteur, tout collecteur confondu, verse entre 50 et 70 millions d'euros de taxe. Si nous parvenions à capter des entreprises parmi les dix plus grands groupes d'hôtellerie et de restauration, nous pourrions rapidement faire monter notre collecte à 30 ou 40 millions d'euros ! Je pense que certains de ces groupes réfléchissent actuellement aux atouts du Fafih. Ils nous versent déjà leur contribution formation et nous connaissent. Nous choisir également comme collecteur de la taxe d'apprentissage permet d'aider la cohésion de la branche !

Quelles évolutions souhaitez-vous pour le réseau dans le futur ?

D. Ch. - J'espère que les CFA du réseau se positionneront de plus en plus sur la PPS, car l'un des points forts de ce dispositif, c'est qu'il est ouvert aux chefs d'entreprise et aux demandeurs d'emploi. Lors de mes déplacements, je fais toujours “l'article" de la PPS ! Il nous faut mettre en place des cahiers des charges adaptés aux populations cibles et il faut assurer un bon suivi des stages…
L'autre chantier que j'ai en tête, c'est la formation de nos partenaires sociaux en région. Ce sont des bénévoles, qui au moment de leur prise de poste, n'ont pas toujours les compétences nécessaires pour mener leur mission à bien.

Notes   [ + ]

1. Il s'agit de stages mis en place à l'initiative des partenaires sociaux du Fafih, qui allouent un budget et décident d'actions prioritaires au niveau national.
2. Groupement national des chaînes hôtelières (organisation d'employeurs).