Thierry Repentin clarifie la mission des Carif-Oref dans le projet Dokelio
Ce mois d'octobre, débute une phase de test du projet Dokelio dans six régions, “afin de permettre à l'ensemble des acteurs concernés de contribuer très opérationnellement à la stabilisation des conditions de déploiement et de s'approprier l'outil". C'est ce qu'a déclaré Thierry Repentin, ministre délégué à la Formation professionnelle et à l'Apprentissage, le 28 septembre, dans une vidéo diffusée à l'occasion du rassemblement des Carif et des Oref, qui s'est tenu les 27 et 28 septembre.
Par Aurélie Gerlach - Le 16 octobre 2012.
Dokelio est le projet de base de données nationale sur l'offre de formation, lancé en 2011, dont Centre Inffo assure la mise en œuvre [ 1 ]En accord avec le décret paru le 7 décembre 2012. , avec pour objectif d'améliorer la visibilité et la lisibilité de l'offre de formation. Dans la vidéo, le ministre a précisé aux Carif-Oref le rôle qu'il souhaitait leur voir jouer dans la mise en place de cette plateforme. “Il n'est pas question de faire cet outil contre vous, mais bien avec vous !", les a-t-il rassurés.
Thierry Repentin s'est déclaré conscient du fait que le projet Dokelio avait pu générer des interrogations, dans la mesure où il “induit la saisie des offres de formation par les organismes eux-mêmes", et aussi parce que les Carif-Oref “n'ont pas saisi clairement la mission qui est attendue" de leur part dans mise en œuvre du projet. Il entend écarter tout malentendu. “Cette base de données sur l'offre de formation a vocation, demain, c'est-à-dire dans le courant premier semestre 2013, à se substituer au système actuel d'échange d'informations constitué de flux régionaux non homogènes en termes de contenus que partagent les acteurs de la chaîne d'accès à la formation des demandeurs d'emploi", a-t-il exposé. Elle a pour vocation d'assurer une qualité de prestation homogène sur l'ensemble du territoire.
Pour autant, ce système national ne doit pas être considéré comme construit contre les Carif, qui resteront “les garants de la qualité de l'offre de formation saisie en ligne", l'offre ne devenant visible pour les prescripteurs qu'une fois leur validation donnée. De même, ajoute-t-il, Dokelio n'a pas vocation à se substituer aux systèmes d'information actuellement utilisés en régions, “qui disposent souvent de fonctionnalités propres de gestion des achats ou des prescriptions". Et de confirmer : cette base de données “ne vise qu'à réunir un ensemble de données homogènes à l'échelle nationale et à dialoguer avec les systèmes d'information régionaux pour les besoins particuliers des acteurs territoriaux. Il peut aussi s'interfacer avec des systèmes d information régionaux qui préexisteraient."
Le ministère assure le pilotage stratégique
Thierry Repentin a souligné que l'État souhaitait à présent que cet outil soit mis en place rapidement, dans un cadre d'une coopération de tous les acteurs. “C'est pourquoi j'ai décidé de modifier la gouvernance du projet, qui vient d'être réorganisé. Mon cabinet assure ainsi désormais le pilotage stratégique du projet. Il préside les réunions du comité d'orientation du projet qui réunira désormais l'ensemble [de ses] acteurs et utilisateurs : les Régions, l'InterCarif, les partenaires sociaux, les prescripteurs que sont Pôle emploi, les Missions locales, l'Apec, l'Agefiph, bien évidement la DGEFP (Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle) en qualité de MOA (maître d'ouvrage) du projet Dokelio, Centre Inffo en qualité de MOE (maître d'œuvre) du projet. Enfin, un comité technique réunit les experts-métiers et informaticiens de chacun des acteurs que je viens de citer", a déclaré le ministre. Indiquant également avoir écrit a chacun des présidents de Région pour leur présenter le projet et son nouveau système de gouvernance, et transmis au président du réseau des Carif-Oref, Vincent Merle, un question-réponse sur le projet.
Un positionnement en appui
“Les Carif-Oref auront effectivement un rôle central et stratégique à assumer sur le territoire régional au service de l'information, de l'accès à la formation, de sa qualité, des diagnostics aux besoins de développement des compétences, mais également de l'appui au suivi et à l'évaluation des CPRDF (contrats de plan régionaux de développement de la formation) dont vous avez si bien su accompagner l'adoption", a jouté le ministre. S'il s'est dit conscient des inquiétudes suscitées par l'acte III de la décentralisation au sein du réseau des Carif-Oref, il a affirmé que leur positionnement en appui de la Région, de l'État mais également du CCREFP (Comité de coordination régional de l'emploi et de la formation professionnelle) leur assurera “un rôle encore plus stratégique demain qu'aujourd'hui". L'État gardera sa compétence emploi, a-t-il confirmé, mais avec “le souci de repenser ses missions, particulièrement sur les territoires".
Les Régions devraient, en effet, voir leurs compétences en matière de formation “confortées". “Ces deux politiques publiques poursuivent des objectifs communs : le développement économique des territoires et la création d'emploi […]. Un réseau comme le vôtre, qui bénéficie déjà de cette spécificité d'être au cœur des relations entre l'État et les Régions dans le champ emploi-formation, doit demain jouer un rôle particulier au service de la coordination de ces politiques. Par ailleurs, la fonction d'observation du lien entre emploi et formation au sein des territoires va devenir de plus en plus importante."
“Nous n'avons pas besoin d'attendre l'acte III de la décentralisation pour commencer à repenser notre rôle. Nous savons de toute manière que les compétences des Régions vont être accrues, notamment en ce qui concerne la carte des formations, ou encore l'orientation. Or, cela appelle une expertise renforcée, et celle-ci est portée principalement aujourd'hui par les Carif et les Oref." C'est ce qu'a déclaré Vincent Merle, président du Réseau des Carif-Oref (RCO) à L'Inffo, en marge des rencontres organisées à Toulouse du 26 au 28 septembre, sur le thème “La prospective en perspective".
Selon lui, les Carif et les Oref font partie des rares institutions permettant de faire “un trait d'union entre l'État et les Régions". Interrogé sur l'impact de la décentralisation sur le rôle de ces institutions, il a répondu : “Ce sont des lieux qui permettent de dialoguer sans être sous la pression de querelles de territoire, et demain, cela sera encore plus utile d'aujourd'hui…" Une opinion partagée par Janine Loïdi, conseillère régionale de Midi-Pyrénées, et par ailleurs présidente du Carif-Oref : “La décentralisation va avoir pour conséquence de développer les compétences des Carif-Oref, qui sont les bras armés des Régions en ce qui concerne l'expertise sur l'emploi et la formation. Leurs missions vont par conséquent s'étoffer, même si nous n'en connaissons pas encore avec certitude les contours."
Vincent Merle a ajouté que, sur les champs d'expertise des Carif et des Oref, il n'était pas possible de raisonner en termes de blocs de compétences, transférables. “Certaines resteront du domaine de l'État, comme par exemple la certification, l'Éducation nationale. La formation et l'emploi de leur côté, resteront des compétences partagées."
Pour “se faire entendre"
Dans ce cadre, la mise en réseau des Carif et Oref, depuis décembre 2011, permet, de son point de vue, à ces institutions “de se faire entendre. Cela fait longtemps que les Carif et les Oref travaillent ensemble. Les échanges sont déjà une pratique courante. Toutefois, si l'association a été crée, c'est pour nous permettre de parler d'une seule voix", s'est félicité Vincent Merle. Qui s'est également réjoui de ce que le réseau commence à produire des documents en son nom propre.
Maryse Dubois, membre du groupe de coordination des directeurs du réseau, a cité plusieurs thèmes sur lesquels des travaux sont menés : “Nous avons un chantier concernant la gestion de l'offre, sur lequel nous travaillons notamment avec la DGEFP, Centre Inffo et les organismes de formation. Certif Info, un référentiel national de certifications, fait également l'objet d'un travail de fond." Le réseau assure aussi, entre autres, une veille relative au SPO (service public de l'orientation), des travaux sur les CPRDFP (contrats de plan régionaux de développement des formations professionnelles) en lien avec le CNFPTLV (Conseil national pour la formation professionnelle tout au long de la vie), sur les travaux des observatoires et sur la VAE (validation des acquis de l'expérience).
Notes
1. | ↑ | En accord avec le décret paru le 7 décembre 2012. |