57 propositions pour refonder la politique jeunesse
La commission sur la politique de la jeunesse a abouti le 6 juillet à la rédaction de son “Livre vert", avec 57 propositions pour refonder la politique jeunesse. Quatre mois de débats, soit 170 heures de réunion, ont permis aux quelque quatre-vingts membres de “se retrouver autour de la feuille de route et des propositions", a déclaré Martin Hirsch, haut-commissaire à la jeunesse, lors de la présentation du document.
Par Béatrice Delamer - Le 01 août 2009.
Constatant qu'au cours de vingt dernières années il n'y avait eu “aucune politique de jeunesse structurée" et que, pendant longtemps, on avait enfermé les jeunes dans des “sous-dispositifs", le haut-commissaire s'est félicité que les visions peu conciliables du départ se soient finalement accordées sur une position commune.
Outre la réforme profonde du système d'orientation et la création d'un “service public de l'orientation", plusieurs mesures ont été distinguées par l'ancien président d'Emmaüs France. Notamment le “livret compétences", obligatoire, pour valoriser le parcours du jeune, qui ne servirait pas à son évaluation. Son objet serait de relever les points forts de chaque élève, ce qui est “contraire à toutes les traditions françaises qui sont des traditions de sélection", a-t-il commenté.
Le Livre vert prévoit, en matière d'emploi, un “concept innovant" de transmission pour “contourner le choix entre les vieux et les jeunes". Ce dispositif de tutorat en entreprise sous la forme d'un “couplage junior-senior" serait à définir par les partenaires sociaux dans le cadre de la négociation de l'emploi des jeunes (la proposition 24 de la commission). “L'un et l'autre travaillant avec l'un et l'autre et l'un pour l'autre", a illustré Martin Hirsch.
Il a également cité la période du pré-recrutement et la possibilité de contractualiser avec le jeune sur un parcours de formation ou d'insertion. Le jeune pourrait bénéficier d'une garantie de revenus à condition qu'il s'engage à travailler pendant un nombre d'années proportionnel.
Les ressources des jeunes ont constitué un des points d'achoppement de la commission jeunesse, les participants n'ayant pu se mettre d'accord sur une dotation (droit de tirage sur lequel le jeune pourrait s'appuyer en période de chômage ou pour financer une formation) ou un revenu contractualisé soumis à des contraintes. Elles feront l'objet d'expérimentations.
Martin Hirsch n'a pas précisé le coût de ces mesures, ni le calendrier de leur mise en œuvre, estimant qu'il appartenait à tous (pouvoirs publics, partenaires sociaux, collectivités, etc.) de se saisir de ce Livre vert. En revanche, il a insisté sur la nécessité de ne pas adopter seulement quelques mesures isolées : “Si on ne réforme pas l'orientation, et on n'installe pas le livret de compétences, on pourra mettre toutes les ressources, ça ne pourra pas marcher."
[(Les trois “scénarios" du Livre vert
Les membres de la commission jeunesse suggèrent comme “scénario minimal" un rapprochement des acteurs nationaux : l'Onisep (Office national d'information sur les enseignements et les professions), le Centre Inffo et le CIDJ (Centre d'information et de documentation jeunesse), “fondé sur un conventionnement durable garantissant la mise en synergie de l'offre de chacun des organismes", dont l'État définirait les conditions de partenariat en lien avec les autres acteurs, les partenaires sociaux et les collectivités. Ce schéma permettrait la mise en place d'une plateforme nationale de référence sur l'orientation. Il est prévu un déploiement de nouveaux services d'aide à l'orientation par téléphone pour éviter tout cloisonnement, et une mise en cohérence de cette nouvelle offre avec celle existant au niveau régional et les services physiques d'accueil, d'information et d'orientation.
L'autre scénario envisage la création d'une agence nationale, regroupant ces acteurs au niveau national et s'adressant à tous les publics. Elle devrait associer les acteurs et les financeurs actuels : État et partenaires sociaux. Rattachée au Premier ministre, elle garantirait l'approche interministérielle, actuellement seulement dévolue à la Délégation interministérielle à l'orientation (DIO). La proposition envisage qu'elle ait une mission d'évaluation et d'analyse des besoins, qu'elle puisse proposer des normes de qualité, des objectifs généraux et quantifiés du système d'orientation, qu'elle mette en place des outils multimédias (internet, téléphonie, télévision) d'information, d'aide à l'orientation à l'égard de tous les publics. Elle pourrait aussi analyser et évaluer les organisations régionales pour mutualiser les bonnes pratiques.
Autre possibilité, pousser plus avant ses missions et lui confier la gestion des crédits de l'information-orientation (crédits d'information-orientation des réseaux Missions locales, CIO et information jeunesse) de manière à les contractualiser avec les préfets et recteurs (faisant office de délégués territoriaux de l'agence).
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