Publication
“Éducation-formation : l'échec des réformes"
Sous ce titre provocateur, le dernier ouvrage d'Alain Bournazel[[Éducation-formation - l'échec des réformes, Alain Bournazel, Éditions Arnaud Franel, mars 2009.]] analyse, avec un sens aigu de la formule, les faiblesses des réformes qui rythment les évolutions du système de formation. Il propose des changements – parfois radicaux – pour le réformer. Exemples.
Par Centre Inffo - Le 16 avril 2009.
Premier postulat de l'auteur : éducation et formation doivent être envisagées d'un seul bloc. Il pointe “la faille béante du système éducatif", faisant référence aux 8 % de jeunes qui sortent chaque année sans qualification et aux plus de 9 % touchés par l'illettrisme. Il déplore aussi le peu d'effets des multiples réformes, où “on accumule des mesures de détail, on touche sans cesse les programmes", mais rien ne bouge.
S'agissant de la formation des adultes, le bilan n'est pas plus optimiste. “Loin d'être une deuxième chance, elle entretient et amplifie les écarts de la formation initiale." Alain Bournazel relève qu'elle connaît des réformes incessantes et comptabilise pas moins de six lois sur la formation professionnelle de 2000 à 2008, constatant : “La formation continue s'épuise à corriger les insuffisances de la formation initiale, alors qu'elle n'est pas conçue pour être le radeau de sauvetage d'un navire en détresse." Il met en relief l'abondance des réseaux d'orientation, regrette, avec sévérité, que “la nébuleuse orientation ignore aussi bien le contrôle que l'évaluation", et déplore que “le foisonnement des instances d'orientation, qui se développent dans le désordre, ne facilite pas la tâche des jeunes, mais contribue à les égarer". Il en conclut qu'il faudrait regrouper en une instance unique l'ensemble des organismes qui participent à l'évaluation de la formation initiale et continue. Il exhorte à une orientation exercée de manière autonome par rapport aux structures de formation, et propose d'adopter une démarche partenariale, fondée sur la pluralité des points de vue, du type de celle mise en œuvre dans les Cités des métiers.
Pour lui, il est temps d'en finir avec le “serpent de mer" des réformes qui ont toutes le défaut majeur – et celle en cours ne fait pas exception – d'un mauvais positionnement. Pour la formation initiale, il estime que “la réponse à la diversité des élèves ne peut être que la diversité des voies de formation" et plaide “pour un rattachement de l'enseignement professionnel au ministère de la formation".
Au chapitre de la gouvernance, “le problème est d'y voir clair" dans “l'enchevêtrement des compétences, le cloisonnement des systèmes" où tout paraît confus, la conception, l'organisation, les circuits, les responsabilités, la mise en œuvre, les différentes catégories d'action,insiste Alain Bournazel. Aujourd'hui, “avec les Régions, incapables de faire, et un État qui s'est défait de ses moyens de faire, la gouvernance de la formation est accrochée dans le vide". Et de se prononcer pour un chef de file clairement identifié : l'État, pour assurer le pilotage du système. Sans nier le rôle des Régions, il précise que “tout ne peut pas se résoudre au niveau régional" et qu'à “défaut d'objectifs nationaux, la coordination au niveau régional n'a pas de sens". Il prône la création d'un Institut national de la formation professionnelle pour en faire l'instrument de pilotage de la formation. Institut qui servirait de support administratif au Conseil national de la formation professionnelle tout au long de la vie (CNFPTLV).
Du côté des partenaires sociaux, l'auteur recommande, notamment, d'améliorer la lisibilité des flux financiers, de réduire le nombre des… branches professionnelle, avant de regrouper les Opca. Sur la participation des entreprises, le maintien de l'obligation légale “ne présente qu'un intérêt marginal", les entreprises participant à un niveau très supérieur à celle-ci.
Autre point fort des préconisations d'Alain Bournazel, confier toutes les missions d'évaluation à un organisme spécialisé.
Au final, Alain Bournazel met l'accent sur l'intérêt de “donner consistance à la notion d'éducation tout au long de la vie" par un complément de formation générale pour rattraper les inégalités de la formation initiale et susciter, enfin, l'“appétence" pour la formation professionnelle.
[(Alain Bournazel, ancien élève de l'Éna, ancien contrôleur général, est un spécialiste des questions d'éducation et de formation professionnelle. Il est l'auteur de :Action régionale et formation des jeunes, Éditions du Moniteur, 1997 ;
Éducation tout au long de la vie, Éditions Ellipses, 2002 ;
La formation professionnelle - gestion, évaluation, Éditions Séfi, 2005.)]