Entretien avec Jacques Solovieff, directeur général du Faf-TT
Par Sandrine Guédon - Le 01 octobre 2009.
“De nouvelles actions spécifiques, avec nos partenaires financiers"
Quels ont été les effets de la crise sur l'activité du Faf-TT ?
Même si l'activité du travail temporaire baisse, il y a aujourd'hui 400 000 intérimaires en équivalents temps plein qui travaillent, ce qui représente beaucoup de besoins de formations. Plus précisément, le plan de formation est au même niveau que l'an passé, les entreprises vont avoir consommé leur plan avant la fin de l'année ; le Cif, puisque nous sommes aussi Opacif, connaît une explosion des demandes, + 40 %, dont une grande part concerne des reconversions. Seule la professionnalisation doit faire face à un ralentissement, les entreprises utilisatrices s'engageant moins, notamment dans l'industrie, parce qu'elles manquent de visibilité par rapport à l'avenir du fait de la crise.
Autre conséquence de la crise, les ressources du Faf-TT vont baisser en 2010, car la masse salariale des entreprises a diminué en 2009. Pour maintenir à niveau notre soutien aux besoins de formation des entreprises de travail temporaire et de leurs salariés, la recherche de cofinancements devient impérative. Dès cette rentrée, nous travaillons à la mise en place d'actions spécifiques avec des partenaires financiers.
Précisément, qu'en est-il des dossiers déposés au Fup ?
Nous avons déposé trois dossiers. Un premier sur la base de l'“axe 3.1" pour des périodes de professionnalisation pour les salariés permanents des entreprises de travail temporaire ; mais notre demande n'a pas été retenue, car leur niveau de qualification ne répondait pas aux critères définis [ 1 ]L'axe 3.1 concerne les salariés les plus exposés à la perte de leur emploi, avec pour priorité, notamment, les salariés de niveau V et infra.. Un autre dossier concerne l'accompagnement des intérimaires en fin de mission dans les zones concernées par le CTP, ce qui représente 1 000 départs en formation en contrat de développement professionnel intérimaire. Le dernier dossier concerne le départ en congé individuel de formation de 700 intérimaires de niveau V dans les régions où il n'existe pas de financement du FSE. Ces deux dossiers ont été acceptés, nous remercions à ce propos le Fup et ses services instructeurs pour leur appui constant pour le montage des dossiers.
Quelles sont vos attentes par rapport à la future loi sur la formation professionnelle ?
Plusieurs points sont en suspens, comme celui de savoir quelles vont être les orientations du FPSPP et les possibilités de mobilisation des fonds, le cas du travail temporaire étant singulier dans la mesure où la branche privilégie la formation sous statut de salarié. Autre question : la loi va-t-elle étendre les dispositions de la période de professionnalisation aux salariés intérimaires, les partenaires sociaux ayant signé un accord de branche sur ce dispositif ?
Lors des différentes auditions, nous avons par ailleurs demandé à ce que la POE soit accessible aux intérimaires. Sans en faire une disposition particulière, la loi pourrait simplement les faire entrer dans la liste des publics cibles.
Quels sont les dossiers à venir ?
Je tiens d'abord à souligner le succès de l'Edec signé en mai avec l'État : nous compterons déjà 2 000 personnes formées à la fin de l'année, alors que l'objectif de l'accord est d'atteindre les 2 400 actions de formation en deux ans !
Nous recherchons par ailleurs des synergies avec les Conseils régionaux. Nous avons par exemple déjà signé une convention de partenariat avec la Région Rhône-Alpes, qui a débuté cette année et qui permettra d'atténuer les effets de la crise sur certains bassins d'emploi.
Par ailleurs, nous pensons voir lancées des expérimentations d'accès au CTP pour les salariés intérimaires, puisque Laurent Wauquiez a exprimé sa volonté d'ouvrir le dispositif à tous. Reste à définir les modalités, les publics, les financements et les sites qui vont accueillir les expérimentations.
Notes
1. | ↑ | L'axe 3.1 concerne les salariés les plus exposés à la perte de leur emploi, avec pour priorité, notamment, les salariés de niveau V et infra. |