Entretien avec Yves Honoré, directeur général du Fafsea

Par - Le 16 octobre 2009.

“La proximité favorise l'anticipation et la réactivité"

Crée en 1972 par les partenaires sociaux, le Fafsea est l'Opca et l'Opacif des salariés de l'agriculture et des activités annexes.


Quelle est la caractéristique de Fafsea ?

Sa capacité à accompagner les “très très petites entreprises". Le Fafsea compte en effet 180 00 entreprises adhérentes, dont 170 000 entreprises de moins de 10 salariés, parmi lesquelles165 000 entreprises ont moins de cinq salariés. D'où l'existence depuis vingt ans d'un service de proximité, ce qui nous permet de dire que nous avons largement anticipé la réforme, avec nos 22 délégations régionales. Le conseil et l'accompagnement, c'est déjà notre mission, nous sommes obligés de fournir à nos entreprises, et notamment aux plus petites d'entres elles, un tel service. Notre objectif est de leur simplifier la vie en étant proche du terrain. Notre Opca comprend des commissions paritaires régionales, 800 administrateurs sont ainsi répartis sur l'ensemble du territoire et prennent chaque jour des décisions pour répondre aux besoins des entreprises dans les secteurs que nous couvrons.

Comment utilisez-vous cette proximité ?

Elle nous permet d'anticiper. Nos secteurs sont en évolution permanente. En ce moment, se sont les aspects environnementaux qui mobilisent les entreprises. Une directive européenne va obliger les utilisateurs de produits pesticides à se former. Environ 800 000 personnes vont devoir se former avant 2014, ce que le Fafsea a anticipé en préparant cette échéance. Autre exemple : la PAC oblige les exploitations à des évolutions structurelles, dans ce cadre nous anticipons en accompagnant les entreprises qui doivent se restructurer. De même en ce qui concerne plus généralement l'évolution de l'emploi. Bien qu'il existe des cessations d'exploitations agricoles le nombre de salariés ne baisse pas, leur population a même tendance à augmenter ; il nous faut donc les accompagner dans l'évolution de leur parcours professionnel. Par ailleurs, certains métiers sont en tension, il y a de l'emploi mais peu de candidats : le Fafsea se positionne donc sur la formation des demandeurs d'emploi.

Comment le Fafsea gère-t-il la crise ? Avez-vous fait appel au Fup ?

Nous n'avons pas déposé de dossier au Fup parce que nos problématiques ne correspondent pas aux critères. Nous avons besoin d'aide pour attirer les demandeurs d'emploi vers nos métiers, et non pour accompagner des salariés vers le chômage ou vers d'autres secteurs. Concernant “les" crises que peuvent connaitre nos secteurs [ 1 ]Le Fafsea couvre 32 secteurs d'activité en tant qu'Opca et Opacif., nous essayons d'être très réactifs. En 2007 par exemple, suite au cyclone qui a dévasté les Antilles et les exploitations bananières, nous avions 5 000 salariés sans activité pendant plusieurs mois. _ Nous avons pu débloquer en quelques jours 12 millions d'euros et ainsi former 4 000 personnes. Au lieu de connaître le chômage partiel, elles ont bénéficié de formations sur le développement durable et sur des compétences techniques leur permettant de reprendre le travail dans les exploitations quelques semaines ou quelques mois plus tard. De même lors de la tempête de 2009 qui a touché la forêt des Landes, le Fafsea a réagi très vite : en un mois nous avons mis en place des formations pour les filières bois et les maraîchers pour que les salariés victimes de cette tempête acquièrent de nouvelles compétences ou des compétences complémentaires plutôt que de rester inactifs.

Notes   [ + ]

1. Le Fafsea couvre 32 secteurs d'activité en tant qu'Opca et Opacif.