Services à la personne : la politique de qualification de l'Una
Responsable des politiques de formation à l'Union nationale de l'aide, des soins et des services à domicile, Anna Altea revient sur les dispositions du plan II des services à la personne présenté le 24 mars dernier par Laurent Wauquiez, secrétaire d'État à l'Emploi.
Par Centre Inffo - Le 01 mai 2009.
Inffo Flash - L'un des objectifs du plan II est la professionnalisation des services à la personne, quels sont les besoins en la matière dans l'aide à domicile ?
Anna Altea - La branche de l'aide à domicile a toujours eu à cœur la qualification et la professionnalisation de ses salariés, le réseau Una est un des plus actifs défenseurs de cette politique forte. Aujourd'hui 40 % de nos personnels d'intervention sont titulaires d'un diplôme, et nous mettons tout en œuvre pour pouvoir continuer notre politique de qualification.
Ceci non seulement pour les personnels d'intervention : les personnes d'encadrement intermédiaire et les cadres dirigeants supérieurs sont également au centre de nos actions.
Nous utilisons essentiellement les financements en provenance de notre Opca, Uniformation, pour permettre le départ en formation des salariés, et ceci au-delà même des fonds des plans de formation de chaque structure.
Pour l'encadrement, nous avons élaboré un cursus de formation avec l'Essec management général pour l'entreprise sociale, qui correspond à nos objectifs en matière d'encadrement de direction et répond aux exigences du décret concernant la qualification des personnels de direction[ 1 ]Décret 2007-221 du 19 février 2007. Les annonces faites dans le plan II ne nous apparaissent pas comme une nouveauté, compte tenu des actions que nous menons dans ce domaine depuis des années.
IF - Quelles sont les revendications de l'Una en termes de formation et de qualification ?
A. A. - En matière de qualification, notre véritable problème est celui de la reconnaissance du coût généré par la professionnalisation.
Aujourd'hui nous sommes confrontés à un véritable “plafond de verre" imposé par nos financeurs (notamment les Conseils généraux). En effet, nos structures négocient leur budget de fonctionnement avec les financeurs départementaux et, les salariés plus qualifiés étant mieux payés, de véritables plafonds de “personnels diplômés" nous sont opposés au moment de l'attribution des budgets.
IF - Le contrat de professionnalisation est-il “la" réponse aux besoins ? N'y a-t-il pas d'autres voies ?
A. A. - Bien que faisant partie de nos objectifs de recrutement notamment, le contrat de professionnalisation s'adapte plus ou moins avec difficulté à la spécificité du travail à domicile. En effet, les personnes en alternance sont dans une phase de formation pendant la durée de leur contrat. Dans ce contexte, il nous paraît important de les accompagner au domicile et de les faire exercer en binôme avec un salarié expérimenté. Outre les difficultés de faire accepter une deuxième personne en intervention, reste pour nous l'importante problématique de la couverture salariale pour la personne qui, en binôme, exerce une véritable fonction tutorale auprès des personnes en alternance. C'est pourquoi, cette question n'ayant toujours pas été résolue, ni avec nos financeurs ni avec notre Opca, les contrats de professionnalisation sont assez peu utilisés dans nos structures.
À l'occasion de la conférence nationale des organismes de formation des branches des salariés du particulier employeur, le 9 avril dernier, Marie-Béatrice Levaux présidente de la Fepem[Fédération du particulier employeur, [www.fepem.fr[/footnote], a annoncé l'inscription prochaine de trois titres au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) : les titres “garde d'enfant", “employé familial" (ancien “employé polyvalent") et “assistant de vie dépendance", (ancien “assistant de vie"). La Fepem a également mis l'accent sur la démarche de labellisation, initiée en 2008 par la Commission paritaire nationale emploi-formation professionnelle, puisqu'un kit a été remis lors de cette conférence permettant d'engager une démarche qualité certifiée sur l'ensemble du réseau ainsi que “l'identification officielle en tant que partenaire de la professionnalisation". La labellisation sera octroyée en priorité aux organismes capables de proposer des sessions de formation le soir et le samedi ; les prestataires seront donc obligés de s'adapter aux contraintes de ces métiers.
Pour 2009, la Fepem a souligné plusieurs avancées “majeures" : l'augmentation de la contribution patronale de 0,15 % à 0,25 %, le déploiement de l'offre de formation pour les assistants maternels, la publication de guides pratiques à l'attention des employeurs et des salariés suite au nouvel Ani, le déploiement de l'offre de FOAD et des relais assistants de vie, et l'expérimentation du programme “Français-compétence professionnelle".
Enfin, quelques chiffres ont été donnés : 11 128 salariés du particulier employeur ont été formés en 2008 ; 7 100 ont bénéficié d'une formation continue ; 4 500 ont passé une certification professionnelle dont 170 en FOAD. La collecte de fonds de la formation a augmenté de 6,16 % par rapport à 2007, mais les dépenses de formation ont diminué de 6,76 %.)]
Notes
1. | ↑ | Décret 2007-221 du 19 février 2007 |