“Tout commence par l'orientation" (et tout continue avec)

“L'orientation tout au long de la vie commence par les jeunes", a d'abord jugé bon de rappeler Xavier Cornu, directeur général délégué enseignement, recherche et formation à la CCIP (Chambre de commerce et d'industrie de Paris). En ce sens, “la réforme de la formation est inachevée et partielle", car elle ne reconnaît pas les deux dimensions de la formation professionnelle, initiale et continue. “Dans l'urgence, a-t-il regretté, on ne s'occupe que des demandeurs d'emploi, alors qu'au lieu de réparer ce qui a été mal préparé, on ferait mieux de prévenir en amont." Et de citer les chiffres : 450 000 jeunes en situation de chômage, 130 000 qui quittent le système éducatif sans aucune qualification ni diplôme, 80 000 étudiants qui achèvent leur parcours universitaire sur un échec en premier cycle, plus de 60 % des jeunes en terminale qui ne savent pas ce qu'ils veulent faire plus tard, etc.

Pas question, pour autant, de stigmatiser un acteur en particulier, car “nous sommes tous coupables" de ne pas parvenir à “changer sur le fond des choses". Notamment à “rapprocher l'Éducation nationale du monde des entreprises". D'où des préconisations : systématiser le stage en entreprise pour les professeurs, créer un “carnet d'orientation" où le jeune puisse noter l'ensemble de ses actions, expliquer aux jeunes, mais aussi aux professeurs, la pédagogie de l'alternance. Des constats et recommandations qui ne sont pas si éloignés, a fait remarquer Patrick Chauvet, chef du Bureau de l'orientation (ministère de l'Éducation nationale), “des axes établis en novembre par le conseil de l'Union européenne dans sa résolution sur « l'orientation tout au long de la vie dans les stratégies d'éducation et de formation tout au long de la vie »".

Bilan à mi-parcours et tutorat

Autres intervenants, Jacques Kossowski, député-maire de Courbevoie et secrétaire national de l'UMP à l'emploi des seniors, et Pierre-Henri Berthezène, directeur formation France chez L'Oréal, division produits professionnels, ont, souligné que la préoccupation de l'orientation ne s'arrêtait pas avec l'entrée dans la vie active. Pour le premier, créateur du blog QuinquasPlus ^{[ 1 ]}http://quinquasplus.com , il s'agit en effet de l'utiliser comme outil de lutte contre le chômage des seniors en instaurant un “bilan de carrière obligatoire à 45 ans". Auteur d'un rapport sur le sujet^{[ 2 ]} “Y-a-t-il un avenir professionnel après 45 ans ? Rapport sur les causes et remèdes au chômage des seniors", remis le 22 novembre 2008 à Xavier Bertrand, ministre du Travail. , Jacques Kossowski a expliqué que l'objectif d'une telle action était “de faire le bilan au bon moment, quand tout est encore possible, pour s'adapter à de nouvelles évolutions ou pour changer de métier". Attachée au statut, sa proposition s'adresse aux salariés, “et pas seulement des grandes entreprises", car “96 % des emplois sont dans celles de moins de dix personnes".

S'agissant des grandes entreprises, Pierre-Henri Berthezène a évoqué le dispositif de tutorat mis en œuvre chez L'Oréal pour “faire face au désir de mobilité interne". Programme à destination des commerciaux itinérants, l'initiative permet à ceux-ci, sur démarche volontaire, de bénéficier d'un tutorat interne, délivré par des salariés formés en collaboration avec le Gip de l'académie de Paris et reconnus par une attestation de compétence L'Oréal-Éducation nationale. Ayant fait l'objet d'une véritable ingénierie pédagogique, “le programme, a conclu Pierre-Henri Berthezène, est financé à 85 % par l'Opca".

Des témoignages qui confirment, ainsi que l'avait souligné plus tôt Patrick Chauvet, que “l'orientation ne doit pas être trop morcelée, mais s'inscrire dans le cursus normal et la durée".