Une formation d'un an pour les licenciés économiques
Face à la crise, le gouvernement, partenaires sociaux et plus largement les acteurs de l'emploi et de la formation se mobilisent. Avec un fil rouge : élargir l'accès à la formation aux salariés licenciés et aux jeunes.
Par Béatrice Delamer - Le 01 juillet 2009.
“Tout licencié économique doit pouvoir garder son salaire et recevoir une formation pendant un an", a déclaré Nicolas Sarkozy lors de son discours devant le Parlement réuni en congrès à Versailles le 22 juin, estimant que c'était “dans l'intérêt de tous", et représentait “un investissement". Il a également souhaité que les partenaires sociaux prennent des mesures “massives" en faveur du chômage partiel et étendent le contrat de transition professionnelle.
Plutôt que de se résigner “à ce que la crise produise de l'exclusion, du désespoir, de la souffrance", Nicolas Sarkozy a estimé qu'il valait mieux “en profiter pour investir dans les hommes, dans leurs compétences, pour que demain ils travaillent mieux, qu'ils aient de meilleures perspectives de promotion".
Les syndicats veulent améliorer la CRP
Lors de la deuxième séance de négociation sur la gestion sociale des conséquences de la crise sur l'emploi, qui s'est tenue le 24 juin, les partenaires sociaux ont réagi aux déclarations du président de la République. L'ensemble des syndicats de salariés a proposé aux organisations patronales “d'améliorer" la convention de reclassement personnalisé (CRP) prenant en charge les salariés après un licenciement économique. La CGT et la CFTC souhaitant l'ouvrir aux intérimaires et aux CDD en fin de contrat. “Il faut intégrer (à la négociation) l'amélioration de la convention de reclassement personnalisé", a proposé Alain Lecanu, le secrétaire national du pôle emploi-formation de la CFE-CGC.
Améliorer, au moins temporairement, la convention de reclassement personnalisée permettrait de porter le revenu de remplacement de la personne licenciée pendant les quatre derniers mois (sur douze) à 80 % du salaire brut (au lieu de 70 %) et de mettre un conseiller pour 30 ex-salariés (au lieu de 50), selon Alain Lecanu. Qui propose aussi de supprimer l'obligation d'avoir deux ans d'ancienneté, et souhaite aligner le congé de reclassement sur ce modèle. La CRP s'applique aux entreprises de moins de 1 000 salariés, et le congé de reclassement à celles de plus de 1 000.
Dans le même ordre d'idée, Gabrielle Simon, secrétaire générale adjointe de la CFTC, est “pour une CRP améliorée", et Marcel Grignard, secrétaire général adjoint de la CFDT, “favorable à une amélioration sur le CTP et la CRP". Mais “qu'on appelle cela CRP ou le CTP n'a pas d'importance, a affirmé Maurad Rabhi, secrétaire confédéral CGT. La vraie question, c'est ce qui est apporté aux salariés licenciés et aux précaires. Le vrai problème, c'est la nature du financeur, et aussi les déficits de l'Unedic. La CGT veut l'assurance qu'il n'y aura pas de durcissement des droits après la crise." Pour le secrétaire confédéral à la formation, à l'emploi et au chômage de Force ouvrière, Stéphane Lardy, “les deux dispositifs CTP et CRP se ressemblent de plus en plus, et il faut envisager une fusion. Le vrai débat, le coût, doit être traité par les partenaires sociaux".
Le patronat, qui avait transmis un document de travail le 23 juin, juge le dispositif trop onéreux, notamment pour l'assurance-chômage. Il devrait se prononcer après la fixation du nouveau montant des allocations chômage au 1er juillet.