Vers une professionnalisation du secteur de l'économie numérique

Création d'un référentiel métier, rationalisation des rémunérations et organisation de l'offre de formation, tels sont les trois axes de travail qui ont mobilisé au cours des dix-huit derniers mois la trentaine de membres du Club des DRH du net, tous directeurs et responsables des ressources humaines d'entreprises emblématiques de la nouvelle économie : sites marchands (eBay, Vente-privee.com, Laredoute.fr, etc.), portails médias (TF1 Nouveaux Médias, Dailymotion, etc.) ou de services (Mappy, Pages jaunes, Monster, Meetic, Viadeo, etc.).

Premier axe, le “Référentiel des métiers du net", qui propose trente-deux fiches de postes spécifiques à l'internet, réalisées sur la base de soixante-quatre entretiens semi-directifs. Chaque fiche précise les missions générales du poste, le contexte d'exercice, le profil requis et les compétences attendues. Responsable du projet, Nathalie Aulbert-Bailly, doctorante en psychologie sociale à l'Université Paris-VIII, explique avoir identifié sept familles de métiers (marketing, commercial, graphisme, éditorial, informatique, logistique, management), montrant ainsi que le secteur “ne se résume absolument pas à la profession d'informaticien". Points communs à tous les professionnels audités : “une passion pour le net, beaucoup de compétences relationnelles et beaucoup de compétences transversales". Perçue par ses auteurs comme une “première étape d'une démarche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences" adaptée au secteur, ce référentiel est par ailleurs appelé “à rejoindre, courant mai", nous indique Claude Reynié, chargée de mission délégation internet au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, “la version 1 du portail des métiers de l'internet"[Déjà accessible en version beta sur [www.metiers.internet.gouv.fr[/footnote].

Deuxième axe : les rémunérations, assez floues jusqu'alors. D'où une enquête réalisée il y a six mois sur un échantillon de 1 600 salariés, présentée par Claude Monnier, ex-DRH de Monster, aujourd'hui chez L'Oréal. “L'économie numérique, précise-t-il, emploie une population jeune (45 % ont moins de 30 ans), plutôt masculine (62 %), à forte majorité cadre (87 %) et avec un niveau de formation élevé." L'enquête a permis de confirmer “une grille de rémunération encore assez immature, avec parfois autant de vérités que d'individus". Si la tendance montre un “salaire d'embauche d'environ 15 % inférieur au prix du marché", l'expérience semble vite être prise en compte, puisque l'on est “plutôt 15 à 20 % au dessus du marché trois à cinq ans après la prise de poste". Un chargé de marketing online sera ainsi recruté dans une fourchette comprise entre 32 et 35 ke pour atteindre 45 à 50 ke dans les cinq ans, un ingénieur développement entre 28 et 32 ke pour atteindre entre 35 et 45 ke.

Dernier axe : la formation, sujet à travailler pour rapprocher les cursus des besoins du marché. En 2008, ont ainsi été créés une chaire d'enseignement “e-business" à l'École centrale de Lille et un module de vingt-huit heures d'introduction aux métiers du net à Sciences-Po Paris. “Un important travail est à conduire en direction des formations généralistes, notamment les écoles de commerce", explique Cécile Monthiers, directrice adjointe des ressources humaines du Pôle nouveaux médias de TF1, “afin de faire passer le message que le web n'est pas une option". S'il ne s'agit pas de négliger les fondamentaux des métiers traditionnels, il devient urgent de préparer dès la formation initiale les nouveaux entrants à intégrer la dimension innovante propre aux métiers de l'internet aujourd'hui, à l'ensemble des métiers demain.

Contact

www.drh-du-net.com

[(Perspectives 2009-2010
Désormais structuré en commissions de travail, le Club des DRH du net poursuivra sa réflexion sur les sept chantiers suivants en 2009-2010 : emploi et accompagnement professionnel (recensement des formations initiales consacrées au web) ; relations écoles et formations (création d'une formation informatique web en apprentissage et d'une formation généraliste e-business à bac + 5) ; rémunérations (enquête rémunération 2009-2010) ; recrutement (création d'une plateforme commune) ; communication externe (site internet avec blog communautaire) ; communication interne (plateforme d'échanges de données juridiques RH) ; international (ouverture européenne via des clubs RH étrangers travaillant dans l'internet).)]